Chapitre 7

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Il sursauta, observant les alentours. Les premières secondes furent un véritable trou noir.

Puis il se souvint de s'être assoupi sur ses travaux.

Les résultats n'étaient toujours pas concluants, mais il se sentait prêt du but.

Il se sentait toujours prêt du but.

Griffonnant des notes incompréhensibles sur le reste de ses dossiers, il délaissa les fiches qui jonchaient au sol.

Il ne prit même pas conscience du désordre, trop occupé à différencier plusieurs codes génétiques.

— Vous voilà.

Elle fit son entrée le plus calmement du monde, comme si elle avait toujours eu le droit d'être là.

Il la dévisagea un instant. Elle semblait changée, une détermination nouvelle brillait dans son regard.

Il fit mine de l'ignorer, replongeant dans ses pensées, dans le chaos fait de mathématiques et de biochimie.

— Je voudrais qu'on parle des termes de mon contrat.

— Peut-être plus tard, grommela-t-il. Je suis un peu occupé pour l'instant.

— Expliquez-moi ce que vous recherchez, fit-elle en jetant un coup d'œil sur ses notes. Je suis convaincue que je ne pourrai pas accomplir ma mission si je ne sais pas à quoi elle se rapproche.

Il soupira puis jeta ses notes par-dessus son épaule.

— À cause de vous, j'ai perdu le fil de mes pensées. Je vais devoir recommencer à zéro.

Il se replaça à son bureau à la recherche d'autres notes.

Mais sa main rencontra celle de son interlocutrice qui avait rageusement plaqué la sienne sur le bureau, lui obstruant tout mouvement de la main gauche.

— Vous savez, dit-il, figé, que c'est extrêmement déconseillé d'avoir tout contact physique avec moi.

— Je suis au courant pour votre peur du contact.

En même temps, ce n'était pas très difficile. Pour Emi, discerner une phobie était un jeu d'enfant. Mais là n'était pas la question.

— Je me sens d'humeur charitable. Je vous laisse trois secondes pour sortir de cette pièce. Dans le cas contraire, je ne pourrai garantir votre sécurité.

— Je suis prête à suivre toutes les conditions une fois notre conversation terminée.

— Alors lâchez ma main.

— Non.

— Avez-vous des tendances suicidaires ? Car j'en serais extrêmement déçu.

— Et vous, êtes-vous sociopathe ? Car je n'en serais pas surprise.

— Pourquoi de telles injures ?

— Je pourrais dire la même chose.

— Cette discussion n'a pas lieu d'être. Allez-vous-en.

— Les trois secondes sont déjà écoulées ?

— Vous êtes sûre de vouloir mourir si bêtement ?

— Je veux juste mettre à bien ma mission et pour ça, je dois tout savoir.

— Je croyais que vous ne vouliez pas être impliquée.

— La donne a changé.

— Qu'est-ce qui a changé ?

Elle lâcha finalement sa prise, plantant son regard dans celui de Chisaki.

— Le fait est que vous torturez une mineure. Et qui plus est, votre sœur. Vous la manipulez, vous jouez avec elle comme un vulgaire cobaye.

— Vous disiez passer outre.

— J'avais tort.

— Vous vous êtes donc soudainement dotée d'une "conscience" ?

— J'en suis moi-même surprise.

— Je suis déçu. Moi qui vous prenais pour un pion obéissant.

— Quels sont vos raisons ?

— Qui vous dit que j'en ai ?

— Vous n'êtes pas un psychopathe.

— C'est gentil.

— Pas ce genre de psychopathe. Chacune de vos actions est réfléchie et calculée pour arriver à vos fins. Vous n'êtes pas quelqu'un d'impulsif. Vous êtes réfléchi... comme moi...

Ce lapsus fit sourire le yakuza.

— Deux psychopathes qui discutent des valeurs éthiques... Ne serait-ce pas une perte de temps ?

— J'ai bien peur de ne pas être aussi perturbée que vous. J'en suis désolée.

— Arrogante.

— Lâche.

Il haussa les sourcils. Ce dialogue était de plus en plus divertissant.

— On va dire que j'ai mes raisons, dit-il. Mais votre conscience toute nouvelle vous empêcherait de comprendre.

— Je peux toujours essayer.
(TRY ME BITCH)

Un mal nécessaire Où les histoires vivent. Découvrez maintenant