Chapitre 23

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— Il n'en est pas question. 

C'était une déclaration nette, précise, tranchante.

Emi observait Overhaul, un air résolu sur le visage.

— C'est la tradition, fit-il avec un soupir.

— Jamais.

Dépit.

— Je vais officiellement vous nommer Shateigashira. Et ce, sans aucun Sakazuki. Votre intégration n'en sera que plus périlleuse. Il faut donc que vous suiviez les traditions pour faire valoir votre place, expliqua Overhaul comme s'il énonçait l'évidence même.

— J'avoue ne pas être particulièrement familière avec votre jargon, accorda Emi. Pourriez-vous synthétiser sans utiliser des mots incompréhensibles ?

Soupir. Irritation.

— Pour résumer, fit Overhaul après un temps, je vais vous garder en tant que second lieutenant. Or, pour parvenir à ce titre, il faut passer par un long apprentissage d'au moins six mois en plus de nombreuses cérémonies d'intronisation. Mais vous le savez comme moi, nous n'avons pas le temps pour toute cette administration.

Il prépara divers outils nécessaires à l'application du rituel.

— C'est pourquoi, continua-t-il, en tant que Wakagashira ou premier lieutenant, je vous nomme de cette manière si directe et singulière. Vu ma hiérarchie, personne n'y verra d'objection, mais chacun sera contre cette décision. Après tout, les traditions sont ce qui nous définit, nous les yakuzas.

Une fois les préparatifs disposés, il se tourna vers Emi pour qu'elle prenne place.

— Cependant, si vous acceptez de porter le sceau de notre clan, cela pourrait aider à votre titularisation.

— Je serais plus facilement acceptée au sein du clan, en somme.

— C'est exact.

Emi soupira. Le discours d'Overhaul ne l'avait pas convaincue, mais il était clair qu'il possédait des arguments intéressants.

— Overhaul, je suis une agente du FBI, l'un des plus grands services de renseignement du monde. Si, par malheur, une seule personne de mon entourage remarque cette marque, c'est d'abord votre clan qui est mis en péril, mais aussi ma personne.

— Certes. Mais c'est un moyen de prouver votre loyauté, de montrer que vous ne nous trahirez pas. Du moins, difficilement.

— Vous n'avez donc aucune confiance en moi ?

— Non. Ni moi ni mes hommes.

Overhaul avait été tranchant dans sa dernière réplique. Il voulait faire savoir à Emi que plus elle s'obstinait à refuser, plus elle perdait en crédibilité.

Dépitée, elle prit place sur la chaise en bois. Elle se redressa, stable et prête à recevoir la douleur de l'aiguille.

Elle ne s'était jamais fait tatouer auparavant et ne comptait jamais le faire. Mais à présent, elle n'avait pas le choix. Être acceptée par le clan des yakuza constituait un avantage non négligeable. Aussi, même si elle était quelque peu anxieuse, elle se résolut à le faire.

— Où le voulez-vous ? demanda-t-il.

Elle était de dos par rapport à lui ; elle ne voyait donc pas ses réactions, mais devinait au ton de sa voix qu'il était satisfait de lui avoir donné raison.

Avec parcimonie, elle déplaça ses cheveux sur le côté.

— Je le souhaiterais sur la nuque.

— Là où il peut être systématiquement dissimulé par vos cheveux, observa Overhaul.

Choix calculé. Réfléchi.

Les cheveux d'Emi étaient longs et sombres. Elle ne craignait donc pas qu'une bourrasque de vent ou un mouvement distrait lui porte préjudice.

— Mais je pourrais le montrer au grand jour en remontant simplement mes cheveux, compléta Emi.

Avec un sourire discret, Overhaul se pencha pour commencer son œuvre.

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