Chapitre 37

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Elle referma doucement la porte de la chambre.

-Alors ? Quel est l'estimation des dégâts ?

-Je dois partir.

-Bien nous pouvons discuter autre part si vous le souhaitez.

-Vous ne comprenez pas. Je dois partir. Il me l'a ordonné.

Elle serra la poignée qu'elle avait toujours en main.

Puis elle aperçut ses yeux.

Sombres, magnifiques, et mêlés à la surprise.

Emi ne s'était pas aperçut de la beauté de son regard.

Dans lequel elle se contentait d'y lire habituellement la moindre trace d'émotion.

Lire ses failles.

Elle se l'interdit aujourd'hui.

Car juste derrière cette porte d'hôpital se trouvait son père mourant.

Et dont la morphine remplissait peu à peu les veines.

Emi avait fait en sorte que l'injection soit continue mais lente.

Ainsi ça lui laisserais du temps pour mourir.

Vers 4 heures du matin, d'après ses approximations, et selon la tolérance du malade à la toxine. 

Elle tremblait.

La fuite semblait le plus approprié à présent.

Elle se dirigea sans un mots vers la sortie de l'hôpital.

Puis elle sentit une pression sur son avant bras.

Lentement elle dirigea ses yeux vers la poigne d'Overhaul.

-Lâchez moi.

-Nous n'avions pas terminé.

-J'ai bien peur que si. C'est terminé. Overhaul.

-Nous...

-Il vous a destitué de votre titre.

Cette révélation suffit à lui faire lâcher prise.

Chaque parcelles d'Emi lui intimmaient alors l'ordre de fuir.

Insupportable culpabilité.

Mais ses yeux rencontrèrent les siens.

-Que lui avez vous dit ?

-Que nous contions organiser un coup d'état. Malgré le mal que cela pouvait engendrer.

-Bel euphémisme.

-Auriez vous préféré que je lui mente ?

Il émit un rire forcé.

-J'ai toujours aimé l'assurance et la condescendance de vos paroles. Elles en devenaient ridiculement amusantes.

-Moi aussi j'ai eu plaisir à partager nos stupides petites conversations.

-Nos stupides petites conversations signifiaient tout autant pour moi. Et même plus que vous ne le pensez.

Emi s'obligea à lui répondre en souriant malgré la souffrance qui lui rongeait les entailles.

Elle griffonna alors une adresse sur un papier.

Elle lui tendit. Hésita. Puis déposa finalement la notice sur une table.

-Si vous décidiez de me rendre visite malgré tout. Je serais à cet hôtel une semaine durant. Ce délai dépassé. Elle prit attention à articuler ses prochains mots. Ne cherchez plus jamais à me revoir. Ni moi. Ni Eri.

Mais ils ne seraient pas obligé d'en arriver là.

Elle le savait très bien.

Lorsqu'il trouvera le cadavre frais de son père dans cette chambre d'hôpital.

Il viendrait la trouver.

Soit pour la tuer.

Alternative déplaisante mais envisageable.

Soit pour la réintroduire dans le clan.

Mais pour l'instant il fallait qu'elle suive les volontés du mourant.

-Je n'imaginais pas notre séparation si proches. Avoua telle.

-Je n'imaginais pas notre séparation.

-...Il neige dehors. Il doit faire extrêmement froid.

-Ne sortez pas dans ce cas.

-Overhaul.

-Blague a part. Bien évidemment. Il se retourna. Prenez soin de vous.

-Vous de même.

***

Quand elle arriva à l'hôtel Emi s'enferma à double tour.

La sueur perlait sur son front et Emi avait l'irrémédiable envie de dégobiller ses tripes.

Elle rentra en tremblant dans la salle de bain et jeta les gants de plastique dans la poubelle.

Ressentant toute la culpabilité de son crime en ce simple objet.

Elle se lava les mains nerveusement trois fois.

Mais la saleté et le sentiment ne s'en allaient toujours pas.

Elle se perdit dans le reflet de ses yeux pourpres.

Elle s'était montrée si sûr d'elle dans sa décision. Si froide dans ses mots. Si déterminée à donner la mort.

Maintenant ses yeux n'exprimait plus que le regret, la culpabilité, et l'angoisse.

Elle revoyait la scène en boucle dans sa tête. Se remettant en mémoire toutes les excuses dont elle s'était abruties.

C'est un mourant de toute manière.

Il est déjà condamné.

Il va détruire tout ce que j'entreprend.

Il est une gêne.

Et si elle ne l'avait pas tué, aurait il pû vivre ? Aurait il guérit de sa maladie ?

L'un comme l'autre.
C'est elle qui avait précipité sa fin.

Non. C'est faux. Il était malade. Il était...

Puis toute sa maigre assurance vola en éclat quand elle traça dans son esprit le visage d'Overhaul.

Elle fuit son reflet et se réfugia dans le salon commençant à faire les cents pas.

Il était son père.

Si il venait à l'apprendre jamais il ne lui pardonnerait.

Ses regrets lui rongea d'avantage l'esprit.

Ça suffit. Il le fallait. Je devais le faire. Je n'avais pas le choix.

Et ainsi inlassablement elle se répétait ces mots. Il en devait de son équilibre mental.

Mais cela ne suffisait pas. Elle repassait en boucle dans sa tête le film des événements.

Sa colère, sa frustration, sa peur, sa panique, sa résolution et enfin son meurtre.

Quand elle y pensait tous s'étaient enchaînés si vite et pourtant quand l'idée est venu à elle. Elle n'avais pas hésité un seul instant.

Je l'ai tué. Je l'ai tué. Je l'ai tué.

Et elle se couvrit la bouche pour ne pas laisser échapper un premier sanglot.

Un mal nécessaire Où les histoires vivent. Découvrez maintenant