Chapitre 16

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Les mains derrière la tête, le prisonnier attendait patiemment l'heure de son repas, tout comme celle de sa libération.

Cela faisait maintenant trois mois qu'on utilisait tous les moyens nécessaires, se rapprochant le plus possible de la légalité, pour lui soutirer des aveux.

Trois mois de doux mensonges.

« Non, je ne vends pas d'organes, monsieur. »

« Non, je n'ai pas volé son rein, monsieur. »

« Non, même si le mariage d'un chianti et d'un poumon semble tout à fait exquis, je n'en goûterai pas, monsieur. »

Cela devenait presque amusant s'il n'avait pas d'affaires importantes à régler en dehors de cette prison étouffante.

À cette pensée, il observa un instant le ciel à travers la maigre ouverture qui lui servait de fenêtre.

Qu'il avait hâte d'être acquitté pour retourner à ses activités si divertissantes de contrebande d'organes.

Trois mois à se moquer des forces de l'ordre, certes.

Mais aussi trois mois sans un repas décent. Scandaleux.

Dès qu'il rentrerait chez lui, il goûterait à la rate qu'il avait précieusement conservée.

Oui. Accompagnée d'asperges sauvages. Le mélange pourrait s'avérer délicieux.

Le condiment idéal ? Un petit peu de moutarde. Avec un filet de...

— Tu as de la visite, putain de taré.

Il se retourna avant d'apercevoir l'agent responsable de sa présence ici.

Avec un sourire quelque peu carnassier, il vint à sa rencontre.

Il agrippa les barreaux qui le séparaient de la jeune fille.

— Mademoiselle Kimochi. Quel plaisir de vous voir.

— De même, Thirstblood.

— Appelez-moi Mads, voyons. Entre nous, on peut se le permettre, n'est-ce pas ? Emi.

Crispation. Sourire forcé.

— ...Mads... Jacobsen ?

— Lui-même, dit-il d'un air théâtral.

— Sachez que je suis venue ici pour vous proposer un arrangement.

— Je vous écoute.

— Je suis venue vous offrir la liberté.

— Je vous écoute... attentivement.

— Donnez vos aveux, et une fois cela fait, je vous aiderai à sortir d'ici. En échange, vous me devrez un service. Marché conclu ?

Il y eut d'abord un silence, puis le présumé cannibale éclata d'un rire sanglant.

— J'aimerais bien, chérie. Mais il y a un problème. Comment être sûr que ce n'est pas une de tes ruses pour obtenir mes aveux ?

— Rien. Mais sache que c'est ta seule chance. Ils trouveront quelque chose sur toi. Et quand cela sera fait, tu n'auras plus aucune possibilité de t'échapper.

— Tu confonds, trésor. Mes chances seront extrêmement réduites si je donne mes aveux.

— À toi de décider. Préfères-tu prendre ce risque ou attendre un jour de plus dans ce trou... sans un repas convenable, fit-elle en décelant la faim extrême dans le regard de son interlocuteur.

Il ne répondit pas. Ils restèrent quelques instants à attendre patiemment la réaction de l'autre.

Ce fut le gardien qui les interrompit.

— Vos 5 minutes sont passées, mademoiselle. Il va falloir y aller.

À ces mots, le prisonnier poussa un profond soupir.

— Eh bien. Je suppose que je n'ai pas le choix.

Il sourit de toutes ses dents blanches.

— Je me présente donc. Thirstblood, cannibale et vendeur d'organes à temps partiel. Pour vous servir.

Il mima alors un geste de salutation à l'adresse d'Emi.

Elle lui rendit son geste avec un sourire satisfait, puis s'en alla, laissant le captif et un gardien complètement abasourdi.

Un mal nécessaire Où les histoires vivent. Découvrez maintenant