Un mal nécessaire

Chapitre 21

Lorsqu'elle entra dans le bureau d'Overhaul, Eri reconnut immédiatement la silhouette identifiable d'Emi adossée à une chaise.

Une joie irrépressible s'empara d'Eri. Elle courut vers la jeune femme.

— J'étais sûre que tu reviendr-

Elle ne termina pas sa phrase, figée.

— Bonjour, trésor.

Les yeux de sa nourrice étaient tristes, fatigués, et empreints d'une douleur extrême.

— Qu'est-ce que c'est que toutes ces blessures ? demanda Eri abruptement.

Quelques peu décontenancée, Emi fixa Mads et Overhaul d'un regard entendu. Quand elle s'aperçut que ces deux-là ne bougeraient pas, elle fit une mine ennuyée pleine de mépris.

— Qu'est-ce qu'ils t'ont fait ?

La petite fille tremblait désormais, et des larmes menaçaient de couler.

Malgré la douleur, Emi se rapprocha avec hâte de la petite fille.

— Rien, trésor. Je vais bien. Je t'assure.

Elle accompagnait ses paroles de gestes doux et tendres, si inhabituels pour l'enfant.

— Vraiment...? fit Eri, peu convaincue.

— Oui, ne t'inquiète pas.

Emi s'apprêtait à enlacer la jeune fille quand Eri l'arrêta dans son geste.

— Pourquoi es-tu partie ?

— Je... hum... j'avais...

— Est-ce que tu repartiras un jour ?

Cette question déconcerta également Emi.

Elle l'avait posée avec une mine inquiète, comme si Emi était déjà loin d'elle.

— Hum... Eh bien... fit-elle maladroitement.

Elle soupira. Même si la présence des deux énergumènes la gênait, elle voulait être honnête avec la petite fille. Aussi, elle prit la main d'Eri et la serra fermement.

— Non, murmura Emi. Je ne vais plus nulle part. Je reste ici.

Elle ébouriffa les cheveux d'Eri.

— Je suis là.

Des larmes.

L'enfant pleurait.

Elle se pelotonna dans les bras d'Emi, s'accrochant de toutes ses forces aux paroles rassurantes de la jeune femme.

Eri reconnut alors cette douceur et cette chaleur. C'était il y a bien longtemps, dans une enfance oubliée.

Maman.

Un mot qui lui était venu, mais dont elle ne comprenait plus le sens.