Un mal nécessaire

Chapitre 19

— Il serait capable de reproduire les cellules d'Eri ? demanda Overhaul, intrigué.

— Bien sûr, et ainsi...

— Les expériences pourraient reprendre sans qu'Eri ait à en souffrir, compléta-t-il.

Elle avait vraiment pensé à tout.

Satisfait, il se tourna vers le cannibale.

— Tu as choisi un très bon pion, remarqua-t-il.

— Tu ne lui as pas dit, chérie ?

Devant l'incompréhension d'Overhaul, Mads jubila.

— Tu ne lui as pas dit, répéta-t-il. Pour nous deux ? C'est le comble de l'impolitesse.

Réflexion faite, peut-être valait-il mieux le tuer.

— En effet. J'ai oublié de mentionner le marché que j'ai passé avec lui.

Elle marqua une pause.

— Il veut de l'argent. Beaucoup. Du pouvoir, aussi... Et un organe différent chaque jour à déguster.

Elle n'avait pas remarqué l'ambiguïté qui s'était installée entre elle et le cannibale.

Overhaul fit mine de l'ignorer, en vain.

— Il aura ce qu'il demande... Autre chose, Emi ?

Douce revanche personnelle.

Mads s'empara de la perche tendue.

— Il t'appelle par ton prénom ? Est-ce dû à une relation... intime ? demanda-t-il en chuchotant le dernier mot.

— Non.

Ils avaient tous deux répondu d'une même voix.

Orgueil.

— Je l'appelle comme je l'entends, ajouta Overhaul.

— Tout comme moi, renchérit Emi. N'est-ce pas... 49 ?

Frémissements.

— Comment avez-vous fait pour lui éviter la prison ? demanda Overhaul, impatient de changer de sujet.

— Simple. Une autorisation a suffi, plus un explosif réquisitionné dans la salle des preuves et une protection en... chair humaine.

En effet, Emi avait laissé la clé au détenu, lui permettant de se débarrasser des menottes gênantes.

Cela fait, il avait reproduit ses propres cellules pour se protéger de l'explosion.

— On a retrouvé "mes restes" éparpillés un peu partout, fit le cannibale. Je suis officiellement décédé.

— Quant à moi... Il a fallu que je me débrouille, dit-elle en lui lançant un regard noir. D'où la multitude de blessures.

— Tu as été assez maligne pour te jeter du camion avant l'explosion. Tu as eu la chance de savoir quand agir, ce n'était pas le cas du conducteur.

Elle balaya cette pensée d'un geste de la main.

— Il n'a pas de grave commotion, il s'en sortira.

— N'empêche, tu me surprends. Parier sur la vie d'un innocent comme ça... Moi qui pensais que tu faisais partie des gentils.

Elle observa un instant Thirstblood, cherchant à masquer son trouble.

Puis elle se tourna vers 49.

— On ne peut plus se fier aux "gentils" à présent. C'est pour cela que je suis prête à prendre... certains risques.

Elle échangea avec Overhaul un regard intense.

Ils étaient emplis d'une résolution solennelle.