Un mal nécessaire

Chapitre 18

Overhaul était d'une humeur massacrante.

Des cernes se creusaient sous ses yeux après une nuit blanche passée à tenter de résoudre une équation cruciale pour la synthèse du remède.

Hélas, compte tenu de la nature fragile d'Eri, la recherche n'avait pas abouti.

Après tout, elle n'avait que 8 ans ; il ne pouvait maintenir ses expérimentations à un rythme aussi soutenu qu'il l'aurait voulu, ce qui n'atténuait pas son irritabilité.

Tout ceci, sachant qu'elle avait mystérieusement disparu.

Il ne put s'empêcher de dévier ses pensées vers la négociatrice.

La pression de sa main était restée ancrée dans sa peau, sous son épiderme, comme une irritation insupportable.

Elle s'était volatilisée juste après lui avoir promis sa loyauté.

Comme par hasard, pesta-t-il en son for intérieur.

Trois jours.

Voilà trois jours qu'elle était partie, délaissant Eri au passage. Pourtant, la petite espérait son retour avec une grande fermeté.

Kurono lui avait stipulé qu'elle s'était dirigée vers le commissariat avant qu'il ne la perde de vue.

À vrai dire, Overhaul avait hésité à ce moment-là à pulvériser son bras droit.

Qu'est-ce qu'elle faisait au commissariat ? Elle ne serait pas...

Il jeta rageusement son stylo à encre sur ses travaux inachevés.

Non, elle est plus fine que ça. Plus fière aussi. Si elle m'avait trahi, non seulement je ne l'aurais pas attrapée aussi facilement, mais en plus elle aurait attaqué de front sans aucun artifice.

— Bonjour Overhaul. J'espère que je vous ai manqué.

Il releva la tête. Et ce qu'il vit fut totalement inattendu.

Elle était là, accompagnée d'un énergumène quelconque.

Mais ce qui était le plus flagrant, c'étaient les nombreuses blessures qui parsemaient son corps, couvert de bandages.

On voyait clairement qu'elle souffrait rien qu'en se tenant debout.

Il y avait un pansement sur sa joue droite, une attelle soutenant son bras gauche et plusieurs marques de brûlure sur ses membres.

— Ce sont toutes des blessures superficielles. Ne vous inquiétez pas.

— Je ne suis pas inquiet, dit-il, amer. Puis-je savoir la nature de cette farce ? ajouta-t-il en posant les yeux sur l'inconnu qui l'accompagnait.

— Il n'est pas très gentil. C'est lui le grand patron ? demanda-t-il en pointant Overhaul du doigt.

— Pas maintenant, Mads.

— Très bien, chérie.

Overhaul se raidit au "chérie" prononcé par le jeune homme.

— Je n'ai pas le temps pour ces enfantillages. Alors fais vite dans tes explications.

Le blond siffla, impressionné, avant de fixer intensément la lampe de chevet.

— Bien sûr. Je te présente Mads, ou Thirstblood. C'est un cannibale de renom.

— Je peux aussi livrer des organes si vous le souhaitez.

Overhaul le connaissait de nom. Il avait été incarcéré il n'y a pas très longtemps, mais il ne voyait toujours pas le rapprochement.

— Sa particularité est de copier avant de synthétiser des cellules, fit Emi pour le mettre sur la voie.

À ce moment-là, il eut un déclic. Overhaul observa le meurtrier avec un nouveau regard.

C'est parfait.