Un mal nécessaire

Chapitre 24

— Vous faites souvent ça ? 

— Pardon ?

— C'est vous qui "posez la marque" à chaque nouvelle recrue ?

— Elle posait la question distraitement, afin d'éviter un silence angoissant.

— Pas nécessairement, fit Overhaul en poursuivant sa tâche. Mais j'avoue que ce n'est jamais si intime... Je suis souvent accompagné lorsque je dois le faire, car cela se passe en cérémonie.

— Pourquoi ne pas le faire en cérémonie, dans ce cas ?

— Je ne souhaite pas que l'on voit votre visage. Et je suppose que c'est aussi votre cas. En vue de notre collaboration, il vaut mieux que votre identité ne soit pas révélée. Vous ne serez connue que par votre nom ou votre pseudonyme.

— Un pseudonyme ? Vous voulez dire comme un nom de super-héros ?

— C'est exact. La seule différence est que vous devez vous affliger d'un surnom uniquement par nécessité pratique.

La jeune fille allait poser une nouvelle question lorsqu'elle sentit la pression de l'aiguille sur sa nuque.

Elle serra les dents. L'opération était extrêmement douloureuse et elle se força à ne pas quitter la pièce sur-le-champ.

— Une fois ces futilités faites, réussit-elle à articuler, j'aimerais me retirer. Vous aurez beaucoup à faire avec le remède et je ne vois pas en quoi je pourrais être utile.

— Où irez-vous ?

— Chez moi. Je vais continuer à travailler comme d'habitude. Parallèlement, j'ai besoin de m'entretenir avec certaines personnes.

— Du même genre que ce tueur en série ?

Elle sourit malgré la douleur.

— Plutôt du genre haut placé dans la hiérarchie politique. J'ai besoin de savoir comment il compte procéder après la démission d'All Might.

— Il ne faut pas être un génie pour comprendre qu'ils vont faire ce qu'il faut pour remplacer ce symbole manquant par le biais d'Endeavor.

— Je ne parlais pas du point de vue public. Et tout le monde sait aussi qu'Endeavor ne sera jamais à la hauteur d'All Might. Bien sûr, je parle de sa puissance inférieure mais aussi de son attitude peu orthodoxe.

— Sans parler de ses antécédents familiaux.

— Vous avez accès à ce genre d'information ? Je croyais qu'on s'était chargé d'étouffer l'affaire.

— J'ai mes sources. Comme vous, souligna Overhaul.

Après de longues secondes, il reprit.

— Et en quoi faire la connaissance des dirigeants nous aidera-t-il ?

— Vous connaissez le proverbe : "Garde tes amis près de toi et tes ennemis encore plus près."

— Je rentre dans cette catégorie ?

— Dans votre cas, ce serait plutôt : "Les ennemis de mes ennemis sont mes amis."

— Vous me considérez comme un ami ?

— ...Disons un partenaire des plus particuliers ?

— Vous me flattez.

— Je vous en prie, répondit-elle avant de marquer une pause. J'aimerais qu'Eri m'accompagne.

— Inutile de vous demander vos raisons. Je les devine par vos élans maternels incontrôlables.

— Que sous-entendez-vous exactement ?

— Vous le savez très bien. Vous vous êtes attendrie.

Elle ne répondit pas, trop occupée à supporter la douleur. Elle contracta ses doigts sur le dossier de la chaise tout en repensant à ses paroles.

Elle savait ce que Overhaul insinuait.

Pour lui, s'attendrir signifiait devenir faillible.