Retirant ses chaussures, elle se glissa dans l'appartement sur la pointe des pieds. Elle était venue pour prendre quelques affaires à elle.
Elle venait. Elle repartait.
Sans transition.
Il allait de soi qu'elle voulait aussi éviter à tout prix la confrontation avec un certain colocataire.
Jamais elle n'aurait pensé qu'au bout de deux jours seulement, elle irait loger dans son nouveau lieu de travail.
Mais elle tenait à garder Eri à l'œil. Après les derniers événements, elle s'était attachée à cette petite plus qu'elle ne l'aurait voulu.
Évidemment, tout le monde craque pour les petites filles.
Elle tut son sarcasme en repensant à la discussion qu'elle avait eue il y a quelques heures.
***
— Vraiment ?
Lorsqu'elle lui avait proposé son aide, il ne semblait ni surpris ni choqué, juste... intrigué.
Il observait Emi comme si elle était la seule chose qui comptait en cet instant.
Il s'apprêtait à prononcer quelque chose quand on frappa à la porte.
Légèrement irrité, il laissa dériver son attention vers la porte avant de répondre d'un ton sec :
— Entrez.
— C'est pour votre rendez-vous, ils sont là, déclara le nouveau venu.
Overhaul changea d'expression.
— Très bien. J'arrive, dit-il pensif.
Emi croyait qu'il allait partir sans même se soucier d'elle, mais il se retourna et lui annonça :
— Cet imprévu m'empêche de poursuivre cette discussion. Or, je serai enchanté de continuer. Que diriez-vous de me retrouver à 20 heures au 201 rue Hellwoods ? Nous pourrions y discuter plus calmement, je vous l'assure.
— Entendu.
***
Quand elle y repensait, elle avait accepté par politesse sans réfléchir, ce qui ne lui ressemblait pas.
Il pourrait très bien avoir d'autres projets que la conversation.
Comme le meurtre ou...
Elle secoua la tête, sidérée par sa propre paranoïa.
S'il voulait la tuer, il l'aurait fait depuis longtemps.
En tournant sur la gauche, elle aperçut une ombre qui apparut de nulle part.
Elle sursauta et percuta une lampe qui se brisa en mille morceaux.
Par réflexe, elle alluma la lumière pour vérifier de quel genre d'intrus il pouvait bien s'agir.
Elle ne trouva que son reflet.
Ce n'était qu'un miroir.
Mi-rassurée, mi-irritée, elle se souvint que toute l'agitation produite pourrait avoir pour conséquence...
Une nouvelle ombre s'approcha, mais cette fois-ci, elle lui sauta dessus sans oublier de lui lécher le visage de sa bave gluante.
... de réveiller Einstein... son berger allemand.
— Oui, je sais. Je t'ai manqué, mais c'est bon, tu peux me lâcher maintenant.
Loin d'abdiquer, le chien lui donna une seconde léchouille.
— Ça suffit maintenant.
Fourbe, il recula sans lâcher sa maîtresse pour autant.
C'était sa faute, elle en était consciente. Elle aurait dû être plus vigilante dans un milieu qu'elle ne connaissait pas particulièrement.
Elle observa le fautif, qui n'était autre que son reflet, et s'aperçut de la fatigue de ses traits.
Désormais découverte par Cerbères, elle avait la possibilité de rester un peu plus longtemps afin de se détendre.
Prendre une douche semblait le meilleur moyen pour y parvenir, aussi se dirigea-t-elle vers la salle de bain.
L'eau était douce et chaude, elle s'insinua comme une présence sur sa peau meurtrie par l'angoisse.
Une fois sortie, elle choisit un ensemble assorti très élégant.
Le chemisier était d'un blanc sombre et sa jupe noire parsemée de boutons à la verticale s'étendait de ses genoux à ses côtes.
Le style vintage était charmant sans en faire trop et elle fut immédiatement satisfaite.
Elle coiffa ses cheveux sombres en un chignon méticuleux où elle laissa délibérément une mèche parcourir le long de sa nuque pour terminer à sa clavicule.
Elle ajouta sa touche de maquillage habituelle quand elle aperçut le regard réprobateur d'Einstein.
— Ne te fais pas d'idée. C'est un sociopathe.
Il dodelina de la tête comme pour lui donner tort.
— Le charme est une défense comme une autre, dit-elle avant de se retourner vers le miroir.
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Un mal nécessaire
FanfictionAimer quelqu'un c'est lui donner le pouvoir de nous détruire.