Chapitre 25

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— Où allons-nous ? demanda Eri avant de monter dans la voiture.


— Je te rejoins, je dois juste parler un instant à ton frère.

Elle claqua la porte un peu trop précipitamment, pressée de partir.

— Comment va votre nuque ?

— Mal, fit-elle.

La douleur persistait à l'endroit en question. Elle n'aurait jamais dû accepter, malgré tout ce qu'Overhaul avait dit.

— Vous êtes plus sensible que je ne le pensais, remarqua-t-il avec une trace d'arrogance dans le regard.

Elle plissa les yeux dans sa direction.

— Au fait, dit-elle, j'ai oublié de vous donner mon numéro pour me joindre lors de notre séparation prolongée.

Elle s'approcha et, avec une grande dextérité, retira le gant d'Overhaul avant d'écrire, à l'encre d'un stylo, dix chiffres successifs.

Il vécut cette expérience très mal, en trois phases : surprise, consternation, détresse.

Emi jubila avant de le regarder dans les yeux.

Elle était allée trop loin.

Il tremblait, et des gouttes de sueur se formaient le long de son front.

Elle sentit, grâce à son alter, sa colère contenue, son dégoût croissant et le ressurgissement d'un vieux traumatisme.

Elle avait rouvert de vieilles blessures.

Une peur incontrôlable s'empara d'elle. Elle retira aussi vite qu'elle le put sa main de la sienne, se rappelant qu'elle risquait la mort à son simple toucher.

Éviter tout contact. Pour lui. Et pour moi.

À cette réaction, elle aperçut un sentiment blessé dans son regard.

— Je suis désolée. Ça ne se reproduira plus.

Elle s'apprêtait à partir, ou plutôt à s'enfuir, lorsqu'il l'arrêta.

— Bien sûr.

À ces mots, il enlaça sa main avant de la porter à son masque.

C'était la défiance qui guidait ses gestes. Il détestait la toucher. Elle pouvait le sentir.

Elle n'était que désolée.

Pour le lui prouver, elle se laissa faire, non sans sentir son cœur vibrer de crainte.

— Vous avez maintenant la possibilité de m'appeler sans problème, se justifia-t-elle nerveusement.

Il gardait sa main en suspens tout en l'observant intensément.

Elle en fut plus anxieuse.

La situation ne lui plaisait pas. Elle s'y sentait étrangement vulnérable, et elle détestait ça. 

— Dans combien de temps estimez-vous la fabrication du remède ? demanda-t-elle, évitant la confrontation.

Sans lâcher sa main, il détourna le regard.

— Trois mois au plus tôt. Je ne peux pas encore me prononcer, mais il est clair que l'arrivée de Thirstblood a permis de grands progrès.

Elle hocha la tête, pensive.

— Oui, c'est un bon élément.

Elle sentit la main du yakuza se contracter.

— Je ne compte pas partir longtemps, assura-t-elle.

— Je ne compte pas vous faire de mal.

— Je sais.

— Alors pourquoi cette méfiance ?

— J'ai mal agi. Des représailles seraient tout à fait compréhensibles.

— Je ne joue pas avec la mort si facilement.

— Je vous rappelle que nous nous apprêtons à programmer la mort de millions de personnes. Pardonnez-moi, mais vos paroles sonnent faux.

— C'est pourtant la vérité... dans le cas de mes collaborateurs.

— Ça ne vous empêche pas de les torturer.

— Je ne considère pas Eri comme une de mes collaboratrices.

— Et donc, comment la considérez-vous ?

— Une victime. L'un des dommages inévitables de mon... notre plan.

— Ne me mêlez pas à cette histoire, Overhaul. Si elle n'est plus le mécanisme agonisant de vos projets, c'est uniquement grâce à...

— Vous. Et je vous en remercie.

Elle se tut face à ces excuses surprenantes.

— Contrairement à ce que vous devez penser, je n'ai aucun plaisir à torturer un proche. Je pense seulement que la fin justifie les moyens. Et vous le pensez aussi, ne le niez pas. La seule différence entre nous, c'est que vous avez cherché une alternative pour Eri... parce que vous l'aimez. Ça aussi, ne le niez pas. J'ai abandonné le rôle de grand frère il y a longtemps... Vous êtes juste venue remplacer ce que je n'ai pu combler.

— Overhaul...

Elle ne put s'empêcher de presser ses doigts contre les siens afin de l'encourager à continuer.

— Ce n'est plus 49 ? Ironisa-t-il.

— 49... Vous aussi, vous vous êtes attendri.

Ils échangèrent un regard soutenu.

— Bref. Je vous souhaite bon voyage.

Il la salua sans quitter son regard avant de s'en aller d'un pas déterminé.

Elle resta longtemps à l'observer. Même lorsqu'elle prit place dans la voiture, elle gardait un œil sur lui.

Alors qu'elle allait ordonner au chauffeur de partir, un homme se présenta à lui. À cet instant, elle sentit que quelque chose n'allait pas.

— Eri, nous risquons de rester un peu plus longtemps finalement.

Un mal nécessaire Où les histoires vivent. Découvrez maintenant