Chapitre 20

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Il est encore là, à me regarder intensément, et à me regarder de haut en bas. Je vois sa tête, son caractère, ses mains sur mon corps, me tripotant malencontreusement. Il me déshabille, pas seulement du regard, mais de ma seconde peau, mes vêtements. J'essaie de me débattre, mais en vain. Il est bien trop fort pour moi, pour mon moi de douze ans. Ses mains sur mon corps nu me dégoûtent. Je pleure, je ne cesse de pleurer et de lui supplier d'arrêter, mais il ne m'écoute pas. Il fait le sourd. "Je ne suis qu'un enfant, lâchez-moi, je n'ai pas envie," je lui supplie de toutes mes forces. "Lâchez-moi," je répète plusieurs fois.

Je sors de mon cauchemar, secoué par celui avec qui je partage le lit depuis plusieurs mois déjà.

- Lou', calme-toi, calme-toi, je suis là, c'est juste un cauchemar, me souffle-t-il en me prenant dans ses bras pour me calmer.

Je me redresse rapidement sur le lit en respirant de manière saccadée, essayant alors de reprendre mon souffle normalement du mieux que je peux. Harry me tend donc un verre d'eau après qu'il se soit levé deux minutes auparavant.

- Bois et calme-toi. Tout va bien, me dit-il essayant de me calmer.

- Non Harry. Tout ne va pas bien ! Je reviens, mais laisse moi seul, tu peux te rendormir. J'ai besoin de prendre du temps pour moi.

Je me lève du lit toujours les larmes aux yeux et rejoins la cuisine. Je compose le numéro de téléphone de la maison, ça sonne plusieurs fois et quelqu'un me répond enfin.

- Allô ?

- Maman ?

- Louis ?

- Oui maman, c'est moi.

- Que se passe-t-il mon chéri pour que tu m'appelles en plein milieu de la nuit ?

- J'ai encore rêvé de lui maman, c'était horrible.

- Je sais mon chéri mais calme toi. La psychologue a quand même fait un travail énorme sur toi. Mais si tu veux en voir une autre ou un autre, dis le moi et je ferai le nécessaire pour ça.

- Non, maman. Je ne veux pas d'une autre psychologue ou un autre psychologue. Pas pour le moment en tout cas. Juste laisse moi du temps pour y penser, mais je n'en veux pas.

- D'accord mon chéri comme tu voudras.

- Merci maman et désolée de t'avoir dérangé dans ton sommeil. Bonne nuit, je t'aime.

- Ce n'est pas grave mon chéri. Bonne nuit à toi aussi et je t'aime aussi.

- Merci.

Je raccroche et me fais un thé afin de pouvoir me rendormir le plus tôt possible. Pendant que l'eau chauffe, je prends un livre et commence à le lire tranquillement.

- Ta bouilloire siffle Louis.

Je relève ma tête pour voir Harry.

- Oh pardon, tu peux aller te rendormir, je m'en occupe.

- Non, je vais prendre le thé avec toi.

Je me lève du canapé et sers le thé dans deux tasses que je ramène dans le salon.

- Je crois que c'est devenu une habitude de prendre le thé en plein milieu la nuit, dis-je en m'asseyant dans le canapé.

- Je crois aussi, mais j'aime bien cette habitude. Ça nous rapproche et il n'y a que nous pour faire ça.

- J'aime bien ça aussi, mais sans les cauchemars, ce serait parfait.

- C'est évident. Ça ne doit pas être simple tous les jours et ça je le sais puisque tu te réveilles souvent en pleine nuit en pleurs. Mais bon, je suis là quand tu as besoin de moi, car je suis ton ami Louis.

- Je sais Harry. Merci.

Je me replonge dans ma lecture, la tasse à la main tandis que Harry traîne sur son portable. Les minutes passent et je m'arrête de lire, réfléchissant à propos de ce que ma mère m'a dit plus tôt. Et en pleine réflexion, Harry se lève et part dans la cuisine avec les tasses vides. Quand il revient, il me dit qu'il retourne se coucher et commence à partir en direction de la chambre, mais je le stoppe.

- Harry !

- Oui ?

- Tu sais garder les secrets ? Je veux dire les secrets les plus sombres ? Pas les secrets d'orientation sexuelle ou bien les secrets de sexualité ou autre, mais les vrais secrets bien sombres et bien terrifiants ?

- Je suppose que oui.

- Il faut que tu me le promettes Harry. Je ne rigole pas avec ça. Cela a avoir avec mes cauchemars et tout ce qui s'en suit donc je veux juste que tu me promettes de ne le dire à personne.

Il déglutit, prend mes mains et me regarde avec intensité.

- Je te le promets Louis.

- Ce n'est vraiment pas facile à dire et je vais sûrement me remettre à pleurer quand je vais t'en parler, mais j'en suis conscient. Ce secret, peu de personnes le connaissent, c'est-à-dire ma famille et mon meilleur ami, Niall. Puis il y aura toi, c'est-à-dire que, je te donne ma confiance la plus totale en t'avouant ça. Donc si j'entends par une autre personne mon secret, je serai d'où ça vient. Donc ne foire pas tout avec moi, s'il te plaît.

- Je te le promets du plus profond de mon âme.

Je respire un bon coup et me lance.

- Lorsque j'avais douze ans, je suis resté à la garderie en attendant ma mère sauf que ce jour-là ma mère a été retenu un peu plus de temps au travail. Elle a donc appelé la garderie pour dire qu'elle serait en retard et si c'était possible de me garder un peu plus longtemps, ce à quoi il a répondu qu'il attendrait le temps qu'il faut, qu'il n'allait pas me laisser seul. Alors je suis resté avec lui et c'est là que ça a commencé, dis-je en commençant à avoir les larmes aux yeux. Il m'a violé alors que je lui suppliais d'arrêter, mais il ne l'a pas fait, il a continué et je n'ai rien pu faire.

J'arrête alors de parler dû à mes pleurs qui ne cessent. Harry me serre dans ses bras, ce qui a le don de m'apaiser un peu.

- Je suis tellement désolé Lou'. Si seulement j'avais pu être là pour te protéger. Mais je n'y étais pas. Sois fort Louis. Je suis là maintenant. Je vais te protéger, me souffle-t-il toujours entre ses bras. 

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