GAME OVER : Saison 4

58. Tango Nuevo

Canada, Ontario, Kingston, quelques années plus tôt....

Dans le bar feutré de Kingston, Tango Nuevo, Kate fait la connaissance des amis d'Edward, Mary et un français Juan.

JUAN
Les grandes écoles de la République française fonctionnent comme une grande cours, au sens aristocratique du terme. On est tous en concurrence pour essayer d'accaparer et d'obtenir "la" place.

KATE
On dirait que tu en sais long sur le sujet.

Mary prend la main de Kate en souriant.

MARY
Tu n'as pas idée !! Juan est Normalien.

KATE
C'est vrai ?

JUAN
Oui. J'ai d'abord étudié la philosophie, le droit, la littérature moderne  et la politique à Science Po. Ensuite je suis entré sur dossier à l'École Normale Supérieure, l'ENS. Là-bas je me suis battu comme un chien pour que les personnes issues de l'université ait le même statut que les privilégiés comme moi.

KATE
Pourquoi ? Toi tu étais entré sur dossier, donc tranquille.

MARY (rigolant)
On voit que tu ne le connais pas. Juan se bat pour une société plus juste.

Kate sourit à la remarque et plonge ses prunelles dorées dans ceux de Juan, poursuivant son explication.

JUAN
Pendant des années, les normaliens privilégiés se sont battus violemment contre ceux issus de l'université qui faisaient déjà face à des procédures plus sélectives encore, comme ce fut certainement le cas pour toi.

KATE
Pourquoi ?

JUAN
Pour qu'ils n'aient pas les mêmes avantages.

KATE (serrant les poings)
Je vois... Des jeunes qui empêchent d'autres jeunes d'avoir accès au même statut.

MARY
Ça fonctionne depuis que le monde est monde. Regarde les lycées de l'Upper East Side à New-York... C'est super violent !

KATE (ne l'écoutant pas et regardant Juan)
Tu t'es battu... Et ça a donné quoi ?

JUAN
On a fini par gagner ! On a fini par avoir tous droit à l'appellation normalien.

KATE
J'imagine que tu as dû payer très cher le fait de t'être allié aux plus modestes...

JUAN
Effectivement. Et aujourd'hui encore, je vis les stigmates de cette période là. J'ai pris mes distances en venant en Amérique. Mais d'anciens étudiants continuent leurs attaques sur les réseaux sociaux. C'est sans fin.

KATE
Pourquoi tant de haine ?

MARY
Juan a écrit une tribune dans Libération pour montrer que ces formes d'apartheid social à des échelles microscopiques, étaient complètement ridicules ! En gros il les a dézingués sur papier.