Chapitre 1

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Léa s'assit sur son fauteuil en velours prune et se réjouit une fois de plus d'habiter à Paris. Cela faisait à présent quatre ans qu'elle avait emménagé dans ce deux-pièces de la rue des petites Fosses, à deux pas de la place de la Nation, et il était tout ce dont elle avait toujours rêvé. Elle appréciait la petite lampe rose qui donnait une si jolie lumière quand, le soir, elle invitait des amis, la moquette anthracite et surtout la collection de miroirs qu'elle avait accroché aux murs de son salon. Elle aimait tant les miroirs ! Ils agrandissaient les pièces et les rendaient plus lumineuses lui avait dit Noëlla, son ancienne voisine, lorsqu'elle était venue lui rendre visite.

Léa leva les yeux et regarda son visage dans la glace suspendue juste en face de son fauteuil préféré. À midi, un rayon de soleil venait chatouiller ses cheveux blond doré et leur donnait un éclat qu'elle adorait. Aussi loin qu'elle se souvenait, elle avait toujours eu envie d'être blonde, comme sa poupée préférée et elle savait que ça lui allait bien.

Fermant les yeux pour savourer la caresse du soleil sur son front, Léa les rouvrit aussitôt : elle aimait tant se regarder dans un miroir ! Elle avait eu une très bonne idée de l'accrocher là. Depuis qu'elle était petite, elle adorait s'observer et ce n'est que face à son image qu'elle avait vraiment l'impression d'exister.

La sonnette retentit et elle se leva pour ouvrir : c'était Martin, l'homme qu'elle avait rencontré la semaine précédente au Select. Il était bel homme et semblait avoir de l'argent si elle en croyait le beau pendentif qu'il lui avait offert trois jours auparavant.

— Bonjour Léa.

Il était devant elle, vêtu d'un costume bleu nuit très bien coupé et d'une chemise blanche. Elle se retint de jeter un coup d'œil à ses chaussures – certains hommes ne supportaient pas d'être jaugés –, et l'invita à entrer.

Une fois dans le salon, elle lui fit signe de prendre place sur le canapé et lui proposa à boire. En voyant le regard de Martin s'attarder sur ses jambes, elle se réjouit d'avoir mis des bas sous sa jupe noire : elle savait qu'elle avait des jambes parfaites et adorait les faire admirer. En revenant du coin cuisine avec le café qu'il lui avait demandé, elle traversa le salon à pas lents pour qu'il ait le temps de contempler sa silhouette. Avec son haut en dentelle noire et cette petite jupe moulante, elle se savait irrésistible.

Lorsqu'il eut son café dans la main, elle hésita à s'asseoir sur son fauteuil, pour pouvoir continuer à se regarder dans le miroir et permettre, en même temps, à Martin de l'admirer mais elle y renonça : il devait avoir envie de la toucher et si elle voulait que Martin l'aime, elle devait faire des efforts.

Elle s'assit à côté de lui et la main possessive de son amant vint se poser sur son genou. Il allait être si content quand il sentirait la peau nue de sa cuisse, au-dessus du bas... Elle allait lui plaire et lui, il le fallait, elle saurait le garder !

Allongée contre Martin, dans son lit, Léa écouta la respiration haletante de son amant. Il semblait satisfait, ses yeux étaient clos et il avait conservé un bras autour de sa taille. Elle n'aimait pas beaucoup faire l'amour : elle préférait avoir ses vêtements sur elle pou se sentir belle, et puis, au lit, il n'était pas possible de rester bien coiffée, de conserver son maquillage en bon état : les hommes étaient si... exaltés. La sueur, les gémissements ce n'était pas trop son truc et Martin suait beaucoup, il se donnait à fond...

Léa n'avait jamais aimé ça, avec aucun homme. La première fois qu'elle avait fait l'amour, elle était fière d'elle, fière d'être le centre de l'attention de son petit ami de l'époque, fière de dire à ses amies qu'elle l'avait fait mais depuis, rien n'avait vraiment changé. Elle n'appréciait pas tellement sentir le sexe d'un homme dans son corps, cette idée la dégoûtait, même, sans qu'elle sache pourquoi.

Martin posa un baiser sur ses lèves et elle prit conscience que sa respiration s'était apaisée et qu'il était penché vers elle.

— Tu es très belle, Léa, chuchota-t-il contre son visage.

Son cœur se gonfla de plaisir : c'était pour ça qu'elle avait besoin des hommes, pour les entendre dire qu'elle était belle, qu'elle était aimée. Elle écarquilla les yeux pour les rendre plus brillants et fit la petite moue avec sa bouche que le sexe fort trouvait irrésistible avant de répondre :

— C'est vrai ?

C'était la meilleure réponse à donner pour avoir un autre compliment. Elle entendit le rire de Martin qui résonnait dans sa poitrine, près de son oreille et ce son grave, rassurant, lui plut. Elle aimait sa voix parce qu'elle lui rappelait celle de Thierry, l'homme de la dernière famille d'accueil dans laquelle elle avait été placée, à treize ans, avant de retourner chez sa mère puis de se retrouver dans un foyer. Elle aimait bien Thierry. Il était gentil. Il lui disait qu'elle était jolie, il l'aidait à faire ses devoirs et jouait avec elle aux jeux vidéo.

— Oui. Superbe.

La main de Martin glissa sur sa poitrine et Léa attendit qu'il lui dise qu'elle était parfaite : ses seins étaient sublimes, on le lui avait déjà dit des dizaines de fois et elle était assez intelligente pour le savoir : ronds, juste assez gros pour un beau décolleté mais pas trop et à trente-neuf ans ils défiaient encore la loi de la gravité même quand elle ne portait pas de soutien-gorge. Martin ne fit pas exception et susurra :

— J'adore tes seins.

Léa soupira de plaisir. Martin était l'homme qui lui fallait, elle devait tout faire pour le garder. 

Les yeux noirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant