Chapitre 12

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Lorsque Flora entra dans son appartement après avoir frappé un bref coup à la porte, Léa détourna les yeux du miroir suspendu en face de son fauteuil préféré et s'aperçut qu'une fois de plus, Flora était vêtue d'un jean un peu trop large et d'une veste en très mauvais état qui ne lui allait pas du tout. Comme elle ne voulait pas entrer tout de suite dans une discussion sur ce sujet – il y avait plus urgent pour le moment –, elle lui adressa son plus gentil sourire.

— Ah ! Flora. Je suis contente de te voir !

— Bonjour maman. Tu vas bien aujourd'hui ?

— Comme tous les samedis. Je me suis couchée tard mais j'ai fait l'effort de m'habiller et de me coiffer pour te recevoir.

Si seulement Flora pouvait comprendre à quel point il était important de soigner son apparence !

— Tu peux m'aider à passer l'aspirateur ? ajouta-t-elle en se penchant pour effleurer des lèvres la joue de sa fille. John doit venir cet après-midi... Et je ne veux pas qu'il voit l'appartement comme cela.

Léa décida de ne pas tenir compte de la lassitude inscrite sur son visage. Flora pouvait bien lui donner un petit coup de main pour son ménage ! Après tout, elle avait tout sacrifié pour elle ! Elle est bien gentille, la pauvre et grâce à moi, elle se sent utile et je peux passer la semaine sans sortir le balai ou l'éponge... C'est vraiment quelque chose que je déteste faire. Je me demande comment elle fait pour supporter son métier... Heureusement, moi, je suis assez belle pour que les hommes prennent soin de moi et m'achètent des cadeaux... Je déteste tant travailler !

— C'est Noëlla qui est venue hier soir et qui a mis un désordre ! ajouta Léa parce que l'aspirateur que Flora venait de sortir de son placard semblait trop lourd pour elle et qu'il n'était pas question qu'elle l'aide. Tu sais comment elle est ? Elle sort toujours tout et ne range rien !

Noëlla, son ancienne voisine des Ulis avait très souvent gardé Flora après la mort d'Etienne pendant qu'elle, Léa, sortait avec ses amis. Des liens forts s'étaient développés entre Flora et Noëlla ce qui avait beaucoup contrarié Léa car elle ne supportait pas que sa propre fille, – une gamine qui plus est –, la supplante auprès de son amie !

Maintenant que Flora n'habitait plus avec elle, il était facile de s'arranger pour qu'elles ne se voient pas : Noëlla était son amie, et il était hors de question qu'elle lui préfère Flora !

Tout en réfléchissant, Léa observait sa fille qui rangeait l'appartement et préparait le repas.

— Je suis désolée ma chérie, je ne peux pas t'aider aujourd'hui, je suis exténuée. Si tu savais ce que j'ai fait hier, avec John. Il est Anglais mais il est très... très... enfin, c'est un merveilleux amant. Tu ne sais pas ce que c'est toi, bien sûr.

Flora ralluma l'aspirateur d'un geste brusque et Léa comprit qu'elle était contrariée. Elle savait que sa fille était gênée quand elle parlait de sexe mais il était nécessaire que Flora prenne conscience de tout ce qui lui manquait pour devenir une femme digne de ce nom.

Léa songea aux confidences que lui avait faites sa fille, des années auparavant, quand elle avait eu son premier petit ami. Flora lui avait expliqué qu'elle n'aimait pas beaucoup ça, qu'elle avait mal à chaque fois et Léa avait été déçue qu'elle soit aussi bonne à rien. Ce jour-là, elle avait eu l'impression d'avoir raté sa fille... Celle-ci n'était-elle pas définitivement frigide, incapable de donner du plaisir à un homme ?

Lorsque l'appartement fut propre et le repas prêt, Flora mit la table et s'assit face à sa mère. Léa lui demanda comme chaque fois depuis son aventure avec Marcus Chevalier :

Les yeux noirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant