Les affaires que devait mener Marcus furent fructueuses et son séjour en Australie s'éternisa. Il devait aussi reconnaître que ce pays-continent où les gens étaient chaleureux et accueillaient avec bienveillance la plupart des nouveautés l'avait séduit. Ternus, le directeur du projet australien qu'il avait été recruté avant son départ était un homme fin et intéressant avec qui il avait plaisir à travailler. Ils passaient leurs journées ensemble et Marcus trouvait sa compagnie stimulante.
Ce n'est qu'à la mi-mai que le jeune homme reprit l'avion pour Paris. Il était ennuyé de partir – car il y laissait une charmante blonde aux yeux verts – mais heureux de retrouver sa ville natale et ses amis. Tout au long des semaines, il avait reçu de bonnes nouvelles de la cousine Laurine par l'intermédiaire de Claudine et n'avait pas eu besoin d'appeler Flora. Que lui aurait-il demandé de plus ?
Marcus était rentré à Paris depuis deux jours quand il décida de rendre visite à sa cousine et fut heureux de la retrouver en forme :
— Marcus, quelle joie de te revoir ! Alors, comment s'est déroulé ton voyage ?
— Très bien cousine Laurine, très bien, les Australiens sont des gens enthousiastes, sympathiques et Ternus est parfait à ce poste : je crois que les affaires vont bien marcher là-bas. Le chef que nous avons recruté pour le premier restaurant de la gamme a des idées qui s'accordent aussi bien avec le luxe que les repas du quotidien... J'ai une quantité de nouvelles idées pour les restaurants de Paris...
— C'est merveilleux, Marcus. Veux-tu une tasse de thé ? Ou du café ?
— Je veux bien du café, cousine Laurine.
— Flora ne va pas tarder à arriver avec Irène et M. Claudic pour notre partie de cartes. Ils viennent tous les mardis et Flora apporte les biscuits.
— Vous jouez aux cartes tous les mardis avec Flora ? s'étonna Marcus.
— Oui. Mais ne t'inquiète pas, elle vient aussi pour les repas. Tu l'as manquée de peu, d'ailleurs, elle venait de partir quand tu es arrivé. En général, elle repart juste le temps d'aller chercher les autres.
Cousine Laurine avait un visage animé, rosi par l'émotion et il devina sans peine que la vieille dame était heureuse à l'idée de passer du temps avec Flora et ses amis. Lorsqu'il prit congé, elle ne le retint pas et s'il était heureux pour la vieille dame, Marcus se trouva un peu vexé, sans vouloir se l'avouer, de ne plus être le centre de son univers.
Il ne revint que deux semaines plus tard, à la fin du mois de mai. La journée était tiède et la fin d'après-midi de ce mercredi très ensoleillée.
— Marcus. Tu es revenu ! Je me suis dit que je t'avais peut-être froissé la dernière fois. Mais j'ai si peu de distractions ! Enfin, tu es là et Flora ne va pas tarder à arriver.
— Mais il n'est pas l'heure du dîner !
— Non, mais Flora aime bien venir à cette heure-là parce que le mercredi après-midi, elle garde le fils d'une jeune femme qui est toute seule... Enfin, en général, quand la maman est rentrée, vers dix-sept heures, elle passe me voir et nous restons ensemble jusqu'au dîner. Quand j'ai terminé, elle range tout – ce, qu'entre nous, ne faisait jamais Mme Bouchereau – et elle part travailler... Alors ? Reprit la vieille dame, tu as retrouvé tes amis ? Et ton voyage en avion pour revenir, il s'est bien passé ? C'est si loin, l'Australie !
— Tiens, c'est Flora, lança Cousine Laurine en entendant s'ouvrir la porte de l'appartement tandis qu'il racontait son voyage.
Flora traversa l'entrée et elle eut un grand sourire en voyant Marcus.
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Les yeux noirs
RomanceFlora, une ouvrière au grand coeur, habite une chambre de bonne dans le seizième arrondissement. Au septième étage sans ascenseur, la jeune femme s'épanouit au milieu de ses voisins parmi lesquels se trouve Irène, une vieille dame obèse et Elie, un...