Ce soir-là, Marcus avait été invité par sa sœur Stella, qui habitait New York, à une soirée « branchée » où le gratin de la ville serait réuni. Sans espérer se distraire de son chagrin, il pensait qu'il aurait moins de mal à s'endormir s'il ne se couchait pas trop tôt.
Comme chaque fois qu'il décidait de sortir pour fuir la solitude il le regretta à peine arrivé. Dans l'immense salon à la décoration minimaliste de sa sœur, il songea qu'il aurait préféré être dans sa chambre d'hôtel où il aurait pu songer à Flora sans que des fâcheux viennent interrompre le cours de ses pensées. En arrivant, il chercha Stella du regard et l'aperçut en grande conversation avec un homme brun pas très grand mais très séduisant à qui elle tenait la main. Observant sa sœur qui se tournait à cet instant, il vit que la robe rose, toute brodée de paillettes nacrées qu'elle portait arborait un décolleté vertigineux dans le dos. Marcus s'approcha, heureux de pouvoir saluer Stella au plus vite afin de pouvoir s'éclipser aussi vite que possible.
— Marcus ! Quel plaisir ! Je vais pouvoir te présenter à mon presque-fiancé...
Elle gloussa à ces mots, comme si elle venait de faire une plaisanterie qu'elle était seule à comprendre. L'homme, à ses côtés laissa échapper un léger rire.
— Diego, voici mon frère, Marcus. C'est lui qui a repris l'entreprise familiale et qui se montre aussi génial que papa pour diriger la société.
— Marcus, Diego Delmonte. Il habite Milan et je l'ai rencontré chez Miranda. N'est-il pas charmant ?
Marcus serra la main de Diego en imprimant un sourire sur ses lèvres.
— Monsieur Delmonte, je suis heureux de vous rencontrer.
— Oh non ! Marcus ! Pas monsieur ! Je te dis que Diego est mon fiancé, appelle-le Diego !
Marcus contempla sa sœur, tentant de la voir avec les yeux du fameux Diego : Stella était une jeune femme grande et pulpeuse avec des cheveux châtains et des yeux clairs. La robe rose pailletée qu'elle portait ce soir-là, en dehors de son scandaleux décolleté dans le dos s'arrêtait juste au-dessus des genoux et découvrait raisonnablement sa poitrine. Elle était superbe mais, une fois de plus, Marcus regretta de la connaître si peu. Lui et ses sœurs ne s'étaient jamais bien entendu, même quand ils étaient enfants, Stella cherchant toujours à se mettre en valeur en rabaissant les autres et lui en particulier. À présent, elle se montrait plus gentille car elle savait qu'elle pouvait avoir besoin de lui, un jour ou l'autre, pour payer ses dettes. En effet, Stella avait du mal à équilibrer son budget en dépit de la fortune colossale que leurs parents lui avaient laissé.
— Je suis ravie de te voir mon petit Marcus... Il se trouve que j'avais quelque chose à te demander...
Diego Delmonte s'inclina cérémonieusement devant sa « fiancée » et Marcus, et se dirigea vers un autre groupe, les laissant seuls.
— Que voulais-tu me dire ?
Marcus avait envie d'en finir, de quitter cette soirée. Il ne savait pas pourquoi mais la vue de sa sœur le mettait de mauvaise humeur et il se rendait compte qu'il n'aurait jamais dû venir.
— Que tu as l'air sérieux et contrarié aujourd'hui ! ironisa sa sœur. Allons Marcus, profite d'être à New York pour t'amuser. Ce n'est pas à Paris que tu trouveras des soirées comme celle-ci !
— Bon, soyons sérieux, ajouta-t-elle après avoir épousseté une poussière imaginaire sur son smoking. Je voudrais savoir ce que tu vas faire de l'appartement de cousine Laurine. Il était à toi n'est-ce pas ?
— Oui. À mon avis, papa a préféré l'inclure dans mon héritage de peur que tu ne mettes cousine Laurine à la porte pour le récupérer...
— Oui... Il a peut-être dit cela... concéda-t-elle, avec une moue de contrariété. Mais pour plaisanter, bien sûr. Je n'aurais jamais eu le cœur de faire déménager cousine Laurine. Je l'aimais tant !
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Les yeux noirs
RomanceFlora, une ouvrière au grand coeur, habite une chambre de bonne dans le seizième arrondissement. Au septième étage sans ascenseur, la jeune femme s'épanouit au milieu de ses voisins parmi lesquels se trouve Irène, une vieille dame obèse et Elie, un...