Une fois installé dans un taxi, Marcus prit la décision de ne plus revoir Cindy. Il avait passé de bons moments avec elle à Londres et à Paris, mais il craignait qu'elle ne devienne trop insistante... Et puis, son intérêt pour Alex, sous prétexte qu'il était riche, lui avait paru de mauvais goût. Je pourrais faire la leçon à Cindy sous prétexte qu'elle est trop pressante... Mais au fond, je suis comme elle, je ne cherche que mon intérêt... La rue Champredin, où se trouvait sa maison, dans le VIème arrondissement était située à deux pas de la rue des Saints-Pères et Marcus aimait bien s'attarder dans les boutiques d'antiquités qui s'y trouvaient, achetant pour la vieille demeure des meubles, tableaux et objets d'art.
Arrivé chez lui, il appela Claudine Laplanche qui habitait sur place et lui commanda un petit déjeuner tandis qu'il montait prendre sa douche. Parmi toutes ses demeures, sa maison de Paris était celle qu'il aimait le mieux et seuls quelques élus avaient pu en franchir le seuil depuis qu'il en avait hérité de son grand-père. À l'étage de l'ancienne auberge, il avait fait refaire toutes les chambres et avait fait ajouter une salle de bain à chacune d'elles.
Tout en prenant sa douche, il songea que son aventure, bien que désagréable, n'avait laissée aucune trace dans sa vie et que, dès le lendemain, il reprendrait son travail. Il devait se rendre en Australie pour plusieurs semaines pour lancer un restaurant haut de gamme et il s'en réjouissait à l'avance.
Une fois attablé devant le copieux petit déjeuner préparé par Claudine Laplanche, Marcus observa le soleil d'hiver qui jouait entre les branches dénudées des deux chênes centenaires qui poussaient dans le jardin.— J'ai oublié de te dire que ta cousine a appelé hier soir, Marcus, annonça la gouvernante en entrant dans la pièce. Elle souhaite que tu ailles la voir.
Claudine Laplanche avait été au service de ses parents et elle l'avait connu très jeune, aussi le tutoyait-elle depuis toujours.
— Elle allait bien ?
— Oui, mais elle semblait préoccupée.
— Bien. J'irai cet après-midi. Je serai au bureau toute la matinée, j'ai plusieurs rendez-vous.
Laurine de Clerpont était la femme qui avait pris soin de lui et de ses sœurs à la place de leur mère, qui, trop occupée par les mondanités lui avait confié la vie quotidienne de ses enfants. Très vite, par un caprice d'enfant, Marcus avait appelé « Cousine Laurine » et ce surnom lui était resté. Elle était restée auprès d'eux jusqu'à ce que Marcus parte pour l'université et habitait, depuis, un appartement situé dans le seizième arrondissement dont le père de Marcus lui avait donné la jouissance jusqu'à sa mort.
Si, dès la fin de ses études, Marcus avait pris en main l'entreprise familiale pour laisser à son père la possibilité de se reposer ses sœurs aînées, en revanche, passaient leur temps à dépenser leur part de la fortune familiale. Au fond, songea Marcus, Stella et Miranda étaient comme Cindy : leur vie était réduite à la recherche d'un riche mari. Lorsque Marcus les voyait, elles passaient leur temps à lui parler des vêtements et des bijoux qu'elles allaient s'acheter et de l'énergie qu'elles déployaient pour trouver l'époux de leur rêve. Toutes deux avaient écourté leurs études au maximum et il devait reconnaître qu'à présent, elles auraient eu du mal à trouver la moindre activité rémunérée. Stella habitait New-York et Miranda Milan la plupart du temps mais elles voyageaient toutes les deux très souvent.
Quant à lui, il avait diversifié les activités de l'entreprise familiale auparavant centrées sur la lingerie haut de gamme, vers le parfum, le prêt-à-porter et la maroquinerie de luxe. Depuis quelques mois, il avait commencé à développer une chaîne de restaurants de prestige et avait projeté de commencer par l'Australie. Et si, au départ, son père s'était alarmé de tant de projets ambitieux, il avait été convaincu, bien avant son décès trois ans plus tôt, que son fils avait le sens des affaires et transformait en or tout ce qu'il touchait.

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Les yeux noirs
RomansaFlora, une ouvrière au grand coeur, habite une chambre de bonne dans le seizième arrondissement. Au septième étage sans ascenseur, la jeune femme s'épanouit au milieu de ses voisins parmi lesquels se trouve Irène, une vieille dame obèse et Elie, un...