Chapitre 29

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Le dimanche matin, Marcus s'éveilla avant Flora. Il sourit en contemplant la jeune femme endormie qui souriait dans son sommeil. Il nota les pommettes hautes, le visage fin et le nez droit. Comment avait-il pu, un jour, penser qu'elle était laide ? Il n'osait repousser la couette qui la recouvrait pour ne pas l'éveiller mais il savait que son corps était aussi beau que son visage et qu'elle était la personne la plus aimante, la plus sensible et honnête qu'il ait jamais rencontrée. Quant à son corps... les longues jambes, la taille fine et ses hanches qui étaient de plus en plus pleines...

Flora remua dans son sommeil, libérant un sein rond et blanc et Marcus déposa un baiser sur sa nuque avant de quitter le lit. Il ne voulait pas la réveiller et savait qu'il ne résisterait pas longtemps à ses charmes s'il restait allongé près d'elle. La veille, ils avaient fait l'amour en rentrant à l'hôtel et Marcus avait l'impression qu'il n'oublierait jamais ces instants de plaisir mais aussi de communion totale. Il savait à présent ce qu'était de ne faire qu'un avec l'être aimé.

Après un brunch délicieux, ils retournèrent à la mer où Flora se baigna une nouvelle fois. Marcus avait emporté les serviettes de l'hôtel ce qui épargna le pull de la jeune femme. En revenant dans leur chambre, elle se doucha puis tous deux partirent pour une promenade le long de la côte sur les indications du garçon d'étage que Flora avait interrogé. Comme ils avaient acheté des sandwiches avant leur excursion, ils les mangèrent en marchant sur la plage.

— Quand je vois l'océan comme cela, remarqua-t-elle, je pense que l'Amérique est de l'autre côté. Je pense aux immigrants du début du vingtième siècle qui ont rêvé d'une terre promise... Tu es déjà allé là-bas toi ? C'est aussi bien que ça ?

— Ce n'est pas une terre promise mais les Américains sont des gens attachants. Ils ont une certaine naïveté, je trouve, dans leur analyse des situations... Ils essayent des choses impossibles... et réussissent !

— Élie aimerait aller en Amérique, ajouta Flora après une centaine de mètres. Je crois qu'il en rêve comme les migrants et imagine comme dans la chanson qu'« on trouve l'or même dans les ruisseaux ». Élie voudrait être riche et il m'a promis qu'il irait là-bas et que quand il aurait beaucoup d'argent, il m'épouserait.

— Moi, je crois que l'Amérique est partout, conclut-elle, pensive. Il suffit de creuser au cœur des gens pour la trouver.

Marcus fronça les sourcils :

— Élie est amoureux de toi ?

— Je ne sais pas, répondit-elle dans un sourire. Si quelqu'un est amoureux de moi pour de vrai, je crois que c'est lui. Je sais qu'il ferait n'importe quoi pour moi...

Une pointe de jalousie traversa la poitrine de Marcus. Et lui ? Ne savait-elle pas qu'il l'aimait lui aussi ? Elle ajouta, sans s'apercevoir de son malaise :

— Tu sais, Élie est un peu bizarre... Il n'est pas comme tout le monde. Mais, il m'aimera toujours, quoi que je fasse... Même si je tuais quelqu'un par exemple. C'est un peu idiot parce que je n'ai jamais rien fait pour l'encourager reprit-elle avec un petit rire, mais il est si... vulnérable. Tu sais Marcus, il aime immensément, sans réfléchir. Ça lui permet de faire des trucs... Incroyables... Tiens, rappelle-toi...

Elle se tourna vers lui et pressa sa main un peu plus fort dans la sienne :

— Tu étais inconscient mais c'est lui qui t'a monté chez moi le soir où je t'ai trouvé. Tu es pourtant costaud... Mais il aime faire plaisir... C'est très important pour lui.

— Il aime te faire plaisir...

— Non. Il aime aussi faire plaisir à Irène et à des tas d'autres personnes, objecta-t-elle. Parfois, j'aimerais être comme lui-même si je sais qu'il souffre beaucoup. Je sais que quand on aime, on souffre. Mais je crois que... si quelqu'un n'aime personne, il souffre encore plus...

Les yeux noirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant