Je suis assis, sur ce banc, dans ce parc, sous cette pluie.
Ici, il ne pleut que trois semaines dans l'année.
Et c'est en cette période qu'il y a trois ans, nous nous sommes aimés, et qu'il y a un an, nous nous sommes quittés.
C'est ici, que nous nous sommes abandonnés, que tu t'es enfui quand tu as vu la faute que tu pensais être la mienne et que tu as pleuré des heures entières.
C'est ici, que je devrais t'oublier, mais où je retourne toujours, surtout aujourd'hui, le premier jour de cette période de pluie.
Seul sous mon parapluie noir sous lequel à deux nous nous sommes souvent réfugiés, j'observe les passants passer.
Le banc n'est plus blanc à présent, il est bousillé par le temps, comme moi.
Je suis vieux, c'est vrai.
Trop vieux pour toi, je suppose.
Dans la brume de la pluie, je vois quelqu'un s'installer à mes côtés, et je ne décrypte pas tout de suite quelle est son apparence. Au bout de plusieurs minutes je devine les traits de ton visage que j'ai passé des nuits à redessiner puis regretter.
Tes traits enfantins, comme ils m'avaient manqué, Yuri.
Tes yeux sont embués, mais je ne peux même pas savoir si la faute est à remettre sur la pluie ou sur moi.
Nous nous fixons au travers de ce duvet mouillé et glacé, j'observe chaque chose qui aurait pu changer, tes cheveux, tes yeux, tes joues, tes lèvres, ton nez, tes lèvres, tes lèvres, tes lèvres que j'ai tant goûtées et que je passais mon temps à me remémorer à chaque fois que je mangeais du porc pané.
"Yuri."
Tu écarquilles les yeux, puis tu t'écartes de moi, terrifié.
Je ne veux surtout pas t'effrayer, cesse de me fuir, je peux t'en supplier, s'il-te-plaît, ne me déteste jamais si ce n'est pas déjà le cas.
Je n'ai jamais voulu te tromper, en vérité, je ne t'ai pas trompé, mais comment puis-je te l'expliquer si tu es incapable de m'écouter ? Ne me fuis pas, reste là, près de moi, à chaque centimètre je me sens disparaître, pour te dire à quel point je me sens enterré depuis une année.
Je cherche désespérément, comment t'aborder, comment ne pas t'effrayer ?
La pluie ! Comme au premier jour.
Comme si c'était ce jour où nous nous sommes aimés, je place mon parapluie au-dessus de tes cheveux trempés, laissant la pluie complètement m'asperger.
"N'essayez pas de m'approcher, je ne vous connais pas, maintenant."
Je le regarde, complètement étonné.
Mon cœur se serre, le sol disparaît, le monde a cessé de tourner pour tenter de me tuer.
"Alors, si nous ne nous connaissons pas, accepteriez-vous de faire ma connaissance ? Rentrais-je dans son jeu.
-J-Je me dois de m'en aller, excusez-moi...Fuyait-il.
-Excusez-moi, mais il n'y a pas de travail lors de cette période, et personne n'est dehors, vous n'avez aucune raison de venir ici si vous n'avez rien d'autre à faire, vous ne pensez pas ?
-Eh bien...H-Hum, d'accord, faisons connaissance, si vous insistez.
-D'accord, tout d'abord comment vous appelez-vous ? Demandais-je."
Il me toise du regard, mais je peux voir son sourire amusé sous le rideau d'eau qui est en train de complètement me faire prendre une douche.
"Je me nomme Yuri Katsuki, et vous ?
-Viktor Nikiforov.
-Ouh, c'est assez difficile à prononcer dîtes moi, vous n'êtes donc pas japonais.
-Effectivement, que faîtes-vous dans ce parc, Yuri ?
-Vous m'appelez déjà par mon prénom ?
-On fait comme ça, en Russie, donc, que faîtes-vous ici ?
-Je me rappelle une déception amoureuse, qui m'a brisé le cœur, je ne peux pas vous dire à quel point j'ai de la haine envers cette personne que j'aimais tant."
Alors, il a de la haine envers moi, hein ?
Comme je m'en veux de ne pas lui avoir expliqué la situation plus tôt, je suis persuadé que j'aurais pu pourtant...
"Je suis désolé, vous devez en avoir beaucoup souffert, mais...Mais avez-vous réellement essayé de connaître la réalité ?
-Non, je la connaissais déjà, et cela me suffisait amplement.
-oh, d'accord.
-Et vous, que faîtes-vous là ?
-Je profite de la pluie, nous faisions toujours ça, avec l'homme que j'aimais de tout mon être, et que j'aime toujours autant d'ailleurs, malheureusement, moi aussi, cet amour a été brisé, car cet homme est vraiment têtu, alors il refuse de vouloir connaître la vérité, il m'a abandonné sans même connaître la réalité de la situation.
-Je suis également désolé pour vous, si ce que vous dîtes est réel, mais je ne vous connais pas, alors je ne pourrais le savoir, avez-vous tenté de le rattraper, de le nier, le jour où il vous a abandonné ? Êtes-vous persuadé de ne pas être réellement coupable de cette rupture ?
-Non, le jour de notre rupture, j'étais pétrifié, c'était tout mon être qui s'écroulait, tout mon paradis, oui, tout cela est de la faute d'un autre ami, à qui je ne parle plus à présent, malgré le fait que nous ne nous connaissons pas, j'aimerais que vous cessiez de douter de ma sincérité."
Yuri me regarda avec des yeux exorbités, comme frappé par cette vérité.
Ses yeux se remplissent progressivement de larmes.
"C-C'est vrai ça, Viktor ?
-Oui, ce soir-là, Yurio était venu chez moi, et sans demander son reste il m'a embrassé en disant qu'Otabek l'avait quitté et qu'il ne pouvait pas être plus malheureux, je lui en ai tellement voulu de t'avoir blessé, tu es juste rentré pile au mauvais moment, mais...Putain, Yuri, je t'aime, tellement, tu ne peux pas l'imaginer, je me sens si mal."
J'ai le cœur serré, les larmes aux yeux, la fatigue me prend le crâne, je suis sur le point de m'effondrer et je le sais, depuis longtemps.
Lui aussi, je le vois, ses larmes coulent, il a toujours été très sensible, c'est pour ça que je me suis toujours inquiété.
"Viktor, Viktor...
-Oui, c'est moi Yuri.
-Je t'aime Viktor ! Je...Tu m'avais...Donné un nouvel espoir en la vie, et j'ai cru que ce jour-là, tout mon monde était parti en fumée, avec toi...Avec toi j'avais appris à vivre, simplement, mais sans toi, je tombais un peu plus chaque jour...C-Comment as-tu osé me laisser partir ?
-J'ai cru que tu me détestais, et ce jusqu'à jamais, alors je ne voulais pas te blesser un peu plus en te voyant, car je sais que ça t'aurait fait souffrir, et d'ailleurs en ce moment-même...Te voir pleurer par ma faute, ça me déchire, me fait mal, à un point que tu ne peux pas l'imaginer, Yuri.
-Je suis soulagé, tellement soulagé que tu m'aimes Viktor, c'est...C-C'est pour ça que je pleure.
-Je...Viens-la."
Je souris, en lui ouvrant mes bras, je détourne tout de même le regard, car je déteste le voir dans cet état.
Il se blottit contre moi, et je serre fortement mes bras autour de son corps, il est toujours aussi frêle.
Le parapluie est maintenant à terre dans la boue, nous sommes tous les deux trempés autant par nos larmes que par la pluie, mais je suis heureux, si heureux, que ce corps soit entre mes bras, que ce cœur ne me déteste pas, que la vie ne s'arrête pas là.
Je me sens enfin complet.
Le sourire que j'affiche est enfin sincère.
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100 OS Yaoi/kpop Pairing [RÉÉCRITURE]
Random/!\Ce livre n'est pas terminé, mais j'en avais marre d'attendre, alors j'ai décidé de commencer à poster, ce qui m'encouragera à accélérer mon rythme d'écriture d'OS, si vous avez des commandes de ship, soumettez-les ! /!\ ...