100 OS Yaoi/kpop Pairing [RÉÉCRITURE]

71.Ereri (Eren x Livai L'attaque des titans/AOT/SNK)

J'observe le plafond de la chambre que je ne peux qu'imaginer à travers l'obscurité, assis sur mon lit, ainsi on pourrait croire que j'observe le ciel, mais en cet après-midi de printemps, c'est un ciel sans étoile qui s'offre à moi.

A l'autre bout de la pièce, il y a toi, et je sais que les mêmes pensées te traversent à cet instant, car cette nuit tu n'as pas offert ton corps une énième fois, et je sais que tout comme moi le monde et le temps semblent s'être arrêtés juste pour maintenant.

J'aimerais tant qu'on dessine des étoiles sur le plafond, je me dis que rien ne va dans cette scène, tu n'es pas avec moi, je ne suis pas avec toi, et je sais que tu penses que c'est mieux comme ça, mais je ne peux pas m'empêcher de ressentir le contraire.

Ainsi, au lieu d'un ciel, ce sont plus tes traits que je vois se dessiner sur le plafond, je repense à la dernière fois que j'ai dessiné pour moi, seulement pour moi, et ça me donnerait presque envie de pleurer quand je me rends compte que je ne m'en souviens pas.

Longtemps, c'est la seule réponse que je me trouve tandis qu'un soupire m'échappe, un soupire de plus dans notre ouragan de lassitude.

Nous sommes épuisés, pourtant cet instant devrait être un instant joyeux, l'un des rares moments où le temps s'arrête pour nous laisser respirer, mais je ne peux pas m'empêcher de simplement me sentir las, ennuyé, je n'ai envie de rien. Plus rien ne fait battre mon cœur, pas même l'idée de dessiner; ces derniers jours j'ai été amené à dessiner tant de fois que les formes ne semblent avoir plus aucun intérêt, tout semble juste incolore, inodore, terne, difforme.

Alors à quoi bon retracer les traits de ton visage s'ils n'ont plus de sens pour mon cœur ? Tout paraît si futile, c'en est affligeant.

C'est alors que j'entends ton rire, un rire cristallin, clair, net, si léger, une lueur de printemps, et pourtant je me demande d'où il provient, ça m'effraie presque.

Mais je ne prononce aucun mot, car nous ne nous en sommes échangés que très peu et que ce n'est pas en cet après-midi que cela va changer.

Voilà trois années que nous avons commencé à cohabiter, deux inconnus ont été propulsé ensemble dans cette aventure qu'est la cruauté de la vie, tu as reçu toutes les terreurs du monde en même temps dans tes souvenirs, et depuis c'est la seule phrase réellement construite que tu m'eus prononcé, ces quelques mots prononcés avec si peu d'émotions que ton état de léthargie aurait pu facilement être comparé à celui d'un mort : "Mon enveloppe charnelle n'est plus rien à présent, je n'ai plus de corps, comment pourrais-je me présenter proprement si je ne suis plus rien ? Je n'existe plus depuis l'instant où j'ai décidé de me vendre."

Ainsi, je n'ai pu connaître ton prénom qu'au bout de quelques mois, et cette information, aussi banale qu'elle puisse paraître, avait rendu mes jours plus ensoleillés, une réelle lueur d'été, car ce fut la première chose que j'eusse appris à ton sujet.

Le silence que nous partageons en permanence est plutôt décontenançant, je m'y suis cependant habitué, mais à présent je me rends compte d'à quel point sans lui j'aurais pu être tellement plus heureux.

Ces souvenirs qui m'emplissent soudainement me donnent envie de te donner le monde, toujours plus à mesure qu'ils reviennent.

Quand je n'osais pas t'approcher, quand je t'ai vu sourire pour la première fois. Quand je t'ai croisé dans la rue lors de ton travail, quand je t'ai vu verser des larmes de raison pour la première fois. Quand j'ai aperçu au plus profond de tes prunelles, ton cœur, qui bat toujours aussi fort qu'avant; quand je t'ai vu vivre simplement, comme je te vois encore maintenant. Quand je te devinais dans l'obscurité avant que l'aube ne commence à briller, toi et ton cadavre que tu te traînes en permanence, toi qui t'épuise chaque jour de l'année, toi qui il y a quelques secondes a ri comme si rien n'était jamais arrivé, comme si plus rien n'allait jamais arriver, comme si quelque chose t'avait soudainement égayé.