17. Tododeku (Shoto x Izuku MHA)

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"Je sors avec Todoroki, oui."

Après avoir prononcé cette phrase, les regards autour de nous deux se firent accusateurs. Ils fixaient surtout mon faciès, incrédules. Todoroki quant à lui attendait une réaction, une parole de leur part.

Voilà des semaines qu'on en parlait, de ce moment où nous allions être libéré de ce secret, de ce moment où le monde allait soit nous enlacer soit nous embraser, à cet instant où les regards sur nous se feront soutenants ou circonspects.

Mais la réaction qu'eurent ses amis dépassaient toutes mes pires attentes, tous les scénarios les plus affreux que j'aurais pu me créer.

Ils s'apprêtaient à rire, à nous frapper, si j'en crois le  poing fermé de l'un d'entre eux, mais Todoroki les arrêta.

"Mais non, il blague les gars ! Moi, sortir avec un petit pédé mal peigné comme lui ? Vous êtes sûr que vous allez bien ? Ce serait ignoble ! Non je suis pas un sale pédé, en plus même si je l'étais je serais pas avec lui, il me répugne... Bon voilà Deku t'as bien porté toute l'attention sur toii maintenant tu peux te barrer la tarlouze."

J'haussai un sourcil et le regardai, mais il ne me portait déjà plus d'attention.

L'heure de la libération ? Est-ce qu'on peut appeler ça une libération ?

Je partis, l'âme en peine.

Bien vite la consternation se transforma en haine.

Quel connard celui-là ! Il était pourtant enchanté d'être baisé encore hier, et maintenant il ose me faire passer pour le seul sodomiste du coin ? 

C'est blessant, réellement blessant, je sens comme une envie de vomir monter en moi et tout mon corps me semble glacé, pétrifié par la peur, la consternation.

Voilà six mois. Six mois que lui et moi sortons ensemble, six mois qu'il me fait des promesses, des promesses et encore des promesses, des déclarations d'amour à ne plus pouvoir douter de ce qu'il ressent.

Six mois qu'il m'embrasse chaque jour, qu'il prend soin de moi autant que de lui-même, six mois que nous filons le parfait amour.

Et il est prêt à tout ruiner pour trois quatre pauvres mecs même pas capables de le considérer ne serait-ce qu'un petit peu ?

Je n'en peux plus de me cacher, je n'en peux plus d'être pris pour un con à ce point.

Il s'est bien payé ma tête.

Le lendemain c'est avec l'esprit dérangé et les cheveux en désordre que je me suis rendu en cours, la boule au ventre. 

Hier soir il n'est pas venu, il ne s'est pas présenté, ne s'est pas excusé, il a fait comme si de rien n'était, il a comme effacé ces derniers mois à vivre à deux un amour pur et sincère, sans m'en avoir parlé.

Je le vis en classe, il semblait dans son état le plus normal, pas plus dérangé que ça.

Tout cela me paraissait irréaliste, incongru.

Comment pouvait-il à ce point faire comme si de rien était, quand encore la semaine dernière nous pleurions de joie en déclarations d'amour dans mes draps ?

Je ne le regardai plus. 

Le voir ainsi serein face à une telle situation me brisait, me brisait de l'intérieur et un peu à l'extérieur aussi.

J'ai retenu ma tête de partir en vrille et mes larmes de couler, j'ai retenu le torrent de pensées qui me malmenait.

Puis il est venu.

Il est venu me voir, à la grille, à la sortie des cours. 

Il m'a d'abord rattrapé, je me suis figé, dans l'attente d'un geste de sa part.

Il m'a regardé, considéré, détaillé, épié, ce pendant bien cinq minutes, avant de finalement laisser ses émotions prendre en assaut son visage.

Il semblait bien peiné face à mon état déplorable, et je pouvais plus ou moins le comprendre, si du moins il m'aimait réellement.

Il m'attrapa les deux mains, sans oser s'approcher de trop près.

"Izuku... Je suis désolé. J'ai été lâche, infect, je le sais. Je te le dis ici et pas chez toi pour une raison bien précise : moi aussi j'en ai marre, moi non plus je ne veux plus le cacher, moi aussi je veux être libre de t'enlacer quand bon me semble, moi aussi je t'aime, tout simplement. J'ai envie qu'entre toi et moi, ça fonctionne, et je pense que montrer que je suis fier d'être avec toi est primordial pour que tout aille bien. Si cela peut te rendre heureux, c'est encore mieux...

- Bien sûr que ça me rendrait heureux...

- Génial alors."

Il me tint les joues, puis finalement osa un petit baiser sur mon front. Des regards vrillèrent sur nous, et avant que l'on puisse en dire quoique ce soit, je saisis sa main.

Nous fuyâmes loin du monde, loin des regards, loin des peines. Seule la joie nous habitait, nous vagabondâmes entre les pavillons de la banlieue que nous habitons, l'âme en joie et le cœur fier d'aimer.

"Je suis si fier de toi Todoroki, si fier."

Et elle est là la fierté, elle est là la verité : la fierté c'est dépasser cette peur qui nous suit au quotidien, qui nous empêche de nous aimer librement, nous-mêmes et les autres, la fierté c'est réussir à dépasser cette peur pour la combattre, c'est ça, être fier.

100 OS Yaoi/kpop Pairing [RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant