Bad Secret | Roman Terminé

Tome 2 - Love 07

Première dispute !

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Putain de merde !

Comment on en est arrivé là ? Comment on peut s'engueuler à cause d'un prénom ? Dans le genre sujet débile, je crois qu'on a fait fort. Je ne sais pas moi, avec tout ce qu'on a pris sur la gueule avec son frère ou son basketteur, on aurait pu en trouver des sujets de discorde, mais non il a fallu que ce soit pour ce putain de prénom.

Je suis là, assis sur le trottoir du perron de notre appartement, et je fume ma clope, puisque Lola ne veut pas que je fume dedans. Bon là, je suis de mauvaise foi, parce que moi aussi, je ne veux pas de cigarette à l'intérieur, mais je suis trop en colère pour le reconnaître. On était bien, on parlait d'avenir, de bébés, d'entraînements... Mais au lieu d'être enfoncé au plus profond de la femme que j'aime, je suis là comme un con, à ruminer mon passé et les raisons pour lesquelles, je ne veux pas qu'on m'appelle par mon prénom.

Rien que d'y penser, j'en ai des frissons et j'ai envie de gerber.

Ce prénom est une croix à porter, il l'a toujours été. Et Lola est bien la seule à savoir à quel point. Et c'est justement parce qu'elle le sait, que je ne comprends pas, et que ça me fait autant chier qu'elle veuille elle aussi l'utiliser. J'ai très bien compris son explication, j'admets que continuer à m'appeler - Cam' - ne soit plus aussi adapté et que c'est sans doute lourd et dois la renvoyer au temps où nous étions juste des sexfriends. Maintenant, nous sommes en couple, nous parlons de fonder une famille et elle veut pouvoir appeler son mec autrement, que par ce petit diminutif, qui reflète plus le mec qui passait de nana en nana, qu'à l'homme avec qui elle partage sa vie, avec qui elle veut des gamins et se marier.

Oui je comprends, mais c'est plus fort que moi, et je n'arrive pas à les chasser...

C'est plus fort, que ces images qui s'imposent à moi, que cette douleur que je ressens dans mes tripes, que cette souffrance qui reste si présente malgré les années passées, que le timbre de leurs voix que j'ai l'impression de toujours entendre, que leurs rires moqueurs, que leurs mots blessants, leurs actes répréhensibles, leurs conduites ignobles, leurs traces indélébiles qu'ils ont laissés sur moi, en moi, au fond de moi, comme si on m'avait marqué au fer rouge...

Alors Lola pourrait m'appeler de tous les noms possibles et imaginables, mais putain pas celui-là...

— Camille...

Putain... Non ! Pas toi ma Lola... Tu n'es pas comme eux... Tu ne peux pas... 

Tu ne le comprends pas ? Tu ne le sens pas à quel point j'ai mal là ?

Je n'arrive pas à contrôler mes tremblements, j'essaye de tirer sur ma cigarette, mais elle s'est totalement consumée et je ne m'en suis même pas rendu compte. J'écrase ce qu'il reste de mégot dans le cendrier, que j'ai posé à même le sol.

Je n'ose pas relever les yeux vers Lola.

Elle est face à moi, je la sens, je la ressens immobile, et le vent léger me porte son parfum, que j'aime tant... Je m'en rallume une autre, et tire dessus avec trop de force, ce qui me fait tousser, me pique les yeux. Ses mains attrapent les miennes pour que j'arrête de trembler. Lola dessine des ronds sur leur dessus, pour me détendre, et avant de prendre la parole :

— J'ai essayé...

— ... ????

Je relève mes yeux vers elle sans trop comprendre... Elle a essayé... Mais, elle a essayé quoi ?

Et là je panique. Son regard triste, ses mains qui tentent de se dénouer des miennes maintenant, son corps tendu et bien trop loin de moi et qui s'éloigne sous mon regard froncé. Elle a essayé de m'aimer ? Elle a essayé de vivre avec moi ? Elle a essayé avant de comprendre que je resterais à jamais ce mec brisé qui n'arrive pas à oublier, à faire abstraction de ce mal, à passer outre de ce putain de prénom...