Partie de Hémon - Chapitre 10

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[TW tentative de suicide] [TW maltraitance]


15 mars


Ma mère pense que je vais en cours, je passe mes journées au manège ou dehors. J'évite les ruines de peur d'y trouver Claire.


Il y a certaines parts d'ombres en moi qui pourraient n'être pas tout à fait liées à Hémon, mais qu'il a d'une certaine manière créées. Il a fait ressurgir en moi ce qu'il y a de plus noir et de plus mauvais. Tout est sa faute. Je ne suis pas un monstre, c'est lui le monstre.


J'essaie de me convaincre que je ne veux pas téléphoner à Valentin. Hémon dans mon dos perçoit ma légère hésitation à propos d'Isidore et se jette sur moi. Il me fait courber l'échine, aplatissant violemment mon front contre le bureau. Il me murmure en s'approchant de mon crâne que c'est nécessaire et qu'il n'y a pas d'autres solutions. Il me chuchote : « C'est une douce vengeance, contre sa faiblesse. » Il murmure : « Je suis sûr que tu as fait exprès de ne pas aller voir Isidore. Tu as envie, tu as profondément envie qu'il souffre. Qu'il paye. Il te connaîtra comme il le veut, dans la douleur. Ça ne peut être autrement. Il ignorerait tout si c'était différent. » Il me répète ce qu'il m'a déjà murmuré, afin de m'en convaincre, afin de l'ancrer en moi : « Après tout, donner un premier bleu, ça n'est rien, surtout une telle sorte d'hématome. Tu as déjà fait bien pire. Ne viens pas me dire que tu abhorres la violence Antigone, car nous savons tous les deux que c'est faux. »

Je suis allé dans la salle de bain. Je me suis assis sur le rebord de la baignoire, face au miroir. Dans la glace c'était Hémon avec mon expression vide qui me rendait mon regard. J'ai pensé que ça faciliterait les choses. J'ai appelé Valentin. Il m'avait donné son numéro la dernière fois que nous nous sommes parlés en privé. J'en avais besoin pour aujourd'hui. Je l'ai appelé, et il m'a fait attendre avant de décrocher, puis avant de parler une fois que j'ai dit :

« C'est Boygirl. »

Ça le surprenait peut-être que je me nomme ainsi. Il m'a salué vaguement. Aussitôt j'ai expliqué, parce que je n'avais pas de temps à perdre, parce que j'allais mourir dans moins d'une semaine, parce que je pouvais compter les heures qu'il me restait à penser à Claire :

« Valentin. Je vais me suicider et j'ai besoin de ton aide.

- Quoi ? Non ! s'est-il aussitôt écrié. Tu ne peux pas me dire ça ! Il faut que je fasse quelque chose ! »

Je l'ai interrompu parce que son hypocrisie m'agaçait.

« Non. Rien ne pourra m'en empêcher. Si j'ai besoin de ton aide, c'est pour organiser tout ce qui va se passer après ma mort. »

Il ne s'arrêtait pas. En ébullition il continuait de balbutier :

« Je vais appeler la police. Ou les pompiers. Je suis obligé (il voulait dire « Boygirl » mais il s'est tu avant). »

J'ai levé les yeux au ciel. Dans le miroir Hémon m'a imité et j'ai tremblé.

« Si tu refuses de m'obéir malgré la dette incommensurable que tu as envers moi, si tu préviens quelqu'un malgré mon interdiction, alors je peux écrire une lettre dans laquelle je t'accuse d'être la cause de ma mort. Il y a trop de témoins de ce que tu m'as fait subir pour qu'ils ne me croient pas. Tu seras certainement viré. Ou pire. »

On nous a vus : qu'importe mon mensonge, qu'importe ma vérité, s'ils peuvent être défendus par certains.

« Non, même, je... »

BoygirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant