Chapitre 78 Tyler (Tome 2)

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Après nous avoir pris nos affaires, les empruntes et fait les photos réglementaires, on nous avait mis en cellule pendant ce qui m'avait semblé une putain d'éternité. J'avais beau réclamer cet appel auquel Tony et moi avions droit, c'était comme si nous nous adressions à un mur.

Les officiers qui nous avaient arrêtés se pavanaient devant nous, de l'autre côté des barreaux, et ne rataient pas une occasion pour insulter les « sales chicanos » que nous étions. Il y en avait même un qui avait dit que nous serions déportés, à ce moment-là, Tony et moi avions éclaté de rire. Visiblement, n'importe quel péquenaud pouvait devenir flic, car bien que descendants d'immigrants, nous avions tout comme lui la nationalité américaine. Au moment où il avait dit une telle connerie, son co-équipier lui avait chuchoté quelque chose à l'oreille et il s'était empourpré.

Bah ouais espèce de connard, nous sommes aussi américains que toi, pensai-je, ayant une envie incontrôlable de les tabasser.

On bafouait nos droits et ils semblaient s'en cogner. N'étaient-ils pas au courant que devant une cour, sans qu'ils ne m'aient cité mes droits, la procès serait annulé pour vice de procédure ? Bordel, je n'étais pas flic, je n'avais jamais étudié le Droit, mais bon sang, ça je savais ! C'était le minimum.

De plus, étant donné qu'il était déjà assez tard – nous étions sans doute arrivés au poste vers deux heures du matin –, ils étaient les seuls dans le coin. J'ignorais même dans quel commissariat de Houston nous nous trouvions, je ne connaissais pas la ville par cœur. J'optais pour une se trouvant près de la périphérie, car si cela avait été dans le centre, l'endroit aurait été beaucoup plus transité.

Tony était assis sur un banc, tandis que j'étais debout, près des barreaux, gueulant à chaque fois que j'apercevais l'un de ces fumiers. Je réclamais mes droits et je le ferais sans m'arrêter, jusqu'à ce qu'ils en aient marre de m'entendre et me concèdent enfin ce foutu appel.

— Tu veux bien arrêter de brailler ? me demanda mon ami après que j'aie insulté pour la énième fois le flic qui m'avait cloué au sol lors de l'arrestation.

Je me retournai vers lui et vis qu'il semblait être fatigué, il massait ses tempes en faisant des mouvements circulaires. Sans doute l'alcool qu'il avait ingurgité tout au long de la soirée n'aidait pas, ainsi, je fermai mon clapet et allai m'asseoir à ses côtés.

Depuis qu'on était arrivés, je ne cessai de me demander comment les choses avaient pu tourner ainsi. Comment ce paquet de drogue que j'avais revendu à Hector s'était retrouvé dans le coffre de la voiture de mon meilleur ami ? Ça n'avait aucun sens.

La première pensée qui m'était venue à l'esprit, c'était que le gang avait voulu nous tendre un piège, mais plus j'y réfléchissais, plus ça me paraissait insensé. S'ils avaient voulu nous faire un sale coup, se débarrasser de nous, jamais ils n'auraient fait appel à des flics. Jamais. Ça, je le savais. Jay était peut-être un putain de psychopathe, mais il faisait le sale boulot lui-même, jamais il ne mêlerait la police à cette histoire. Non, après réflexion, s'il s'était agi d'un piège du gang, Tony et moi serions en ce moment même morts, en train de pourrir dans une fosse creusée à notre effigie en plein milieu du désert du Texas.

Alors... qui avait pu nous faire un coup pareil ? À qui Hector avait vendu cette drogue ? Est-ce qu'il était de mèche avec celui ou ceux qui nous avaient piégés ?

Je n'en savais foutre rien et ça commençait sérieusement à me rendre dingue, je ne cessais d'y penser depuis que j'avais vu ce fumier de flic sortir le paquet du coffre de la Mustang.

Mes hypothèses s'étaient tout d'abord fixées sur le gang, pour ensuite, dévier sur d'autres personnes, en commençant par ce salopard de Jackson Hayes. Se pouvait-il qu'il ait compris que j'étais celui qui l'avait obligé à creuser sa propre tombe à poil en plein milieu des bois ? Serait-ce une revanche de sa part ? Cela se pourrait, mais il y avait quelque chose qui clochait : encore et toujours ce foutu paquet rempli de coke que j'avais revendu à Hector.

Paradis Brisé (Tome 2 de Paradis Secret) © [TRILOGIE SOUS CONTRAT D'ÉDITION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant