Paradis Brisé (Tome 2 de Paradis Secret) © [TRILOGIE SOUS CONTRAT D'ÉDITION]

Chapitre 21 Tyler (Tome 2)

Nous riions tous à gorge déployée tandis que Diego nous racontait les dernières conneries de Pablo, ce dernier ne semblant pas aussi amusé que nous en entendant les histoires de son frère.

Apparemment, leur mère l'aurait surpris en pleine séance webcam avec sa copine deux jours auparavant, où ils se disaient des choses plutôt salaces. Mon cousin commença alors à rougir comme une pivoine pendant que son aîné se bidonnait en imitant la réaction de leur génitrice lorsqu'elle l'avait surpris en train de faire « un cinq contre un » devant l'ordinateur.

— C'est vraiment la honte ! s'esclaffa Nacho. On ne t'a jamais appris à fermer les portes à clé, pendejo ?

Nous nous étions tous réunis chez Tony, où nous buvions quelques bières alors qu'un match de soccer était rediffusé, même si nous le regardions à peine, préférant parler et rire un bon coup. Même si c'était sur le dos de Pablo.

— Va te faire enculer, Nacho !

Ignacio se leva d'un bond afin d'aller lui donner une raclée, mais mon cousin fut plus rapide et décampa, pour ensuite sortir dehors, vraiment énervé.

C'était bizarre, nous avions toujours tendance à le charrier, mais jamais il n'avait eu ce genre de réactions. D'accord, il avait toujours eu le sang chaud – même plus que moi, il fallait bien le dire –, mais avec les étrangers, pas avec nous, sa famille.

Même Diego semblait surpris par son comportement.

J'ignorais ce qui se passait avec son frère, mais j'avais la sensation qu'il devait être en train de traverser une période compliquée. Peut-être que ça n'allait pas avec sa copine ou... était-ce autre chose ?

Il s'était toujours confié à moi lorsque quelque chose n'allait pas, étant la personne qu'il venait voir en premier, avant même d'en parler à Diego.

Je ressentis de la culpabilité, ayant vraiment délaissé tout le monde ces derniers mois, mais surtout lui. Nous avions toujours été très proches et soudain, je sortais avec Elie et le laissais de côté... j'étais vraiment un piètre ami.

Je voulais le protéger et depuis qu'il m'avait demandé de l'introduire dans le gang, notre relation était assez tendue. Je lui avais dit que j'en parlerais avec Alvaro, mais cela faisait plus d'un mois que je lui avais promis une telle chose et que je n'avais encore rien fait.

J'ignorais pourquoi il avait cette envie d'intégrer une bande criminelle, mon exemple ne lui suffisait-il donc pas ? Il savait que je voulais à tout prix quitter cette vie et lui ? Il voulait s'y jeter tête la première, sans même prendre la peine de réfléchir aux conséquences de ses choix.

Le tatouage que j'arborais à mon avant-bras gauche était une marque, me reliant à jamais à ce gang duquel je voulais tellement partir. Pablo ne comprenait pas que c'était un risque permanent, pouvant se faire repérer par les flics ou même par des membres d'un gang ennemi.

Ce n'était pas une partie de plaisir et il ne s'agissait tout simplement pas de dealer pour se faire du fric. Non, il s'agissait de loyauté. Si ton chef t'ordonnait de faire quelque chose, tu devais t'y plier sans rechigner, à moins de vouloir en subir les conséquences, qui bien évidemment était lourdes.

Tu étais un soldat, sans même t'en rendre compte et tu servais le roi si tu voulais continuer à bien vivre dans son royaume. C'était aussi simple que ça.

Et Pablo n'était vraiment pas doué pour suivre des ordres, tout comme moi, mais comparé à lui, je n'avais pas le choix. Alors que lui, si.

Mon téléphone se mit soudain à vibrer dans ma poche et lorsque je vis de qui il s'agissait, mon sang se glaça dans mes veines : c'était Alvaro, mon chef de gang.