J'apportai la couette ainsi que l'oreiller se trouvant dans l'armoire de Tanis jusqu'au salon, là où Elena allait dormir.
Après avoir passé de longues heures à parler de son voyage en Irlande, des différents membres de sa famille se trouvant là-bas, ainsi que de différents souvenirs de son enfance lorsqu'elle était allée leur rendre visite, il était désormais temps d'aller se coucher. Mais j'avais adoré notre conversation, ayant par exemple appris qu'elle avait toujours été extrêmement proche de Teagan et qu'au moment de ses retrouvailles avec lui deux mois plus tôt, elle avait un peu appréhendé la chose, de peur que leur complicité ne soit pas comme lorsqu'ils étaient mômes. Mais contre toute attente et malgré les années qu'ils avaient passé sans se voir, rien n'avait changé.
Elle me raconta également certaines anecdotes de quand elle était plus jeune, alors qu'elle vivait encore à Fayetteville avec sa famille. En calculant rapidement, je devinais qu'elle devait avoir entre neuf et dix ans.
J'appris ainsi qu'elle avait deux amis depuis le jardin d'enfants, un garçon et une fille, correspondant aux noms de Miles et Maddie. Ils avaient passé leur vie ensemble et ne s'étaient jamais séparés. Ce souvenir était heureux, mais amère à la fois, car ces deux amis qu'elle aimait tant étaient ceux qui lui avaient tourné le dos alors qu'elle avait eu pour le plus besoin d'eux. Lorsque des gens dont tu n'avais rien affaire t'ignoraient ou te traitaient de tous les noms, il était plus facile d'aller de l'avant, d'y faire abstraction. Pas quand c'était tes meilleurs amis qui te trahissaient de la pire des façons.
À chaque fois que j'imaginais à quel point elle avait dû se retrouver seule et impuissante face à tous, une sérieuse envie de défoncer tout ce qui se trouvait sur mon passage me prenait au corps. Ma respiration devenait saccadée et une rage folle me consumait.
Toutefois, et j'ignorais comment, elle me parla d'eux avec le sourire, partageant divers souvenirs, même si de temps en temps, je sentais que ça la blessait, mais elle continua. Sans doute avait-elle besoin de parler d'eux, parfois nous avions la nécessité de nous exprimer sur les personnes qui nous avaient meurtri, en nous demandant pour quelle raison elles avaient fait une telle chose. Nous nous remettions alors en question, afin de comprendre ce que nous avions pu faire de mal... mais généralement, on avait beau chercher, il nous était tout simplement impossible d'en trouver les raisons.
Selon moi, ces gens, il valait mieux les oublier et ne pas perdre une seconde de notre existence à penser à eux, ils ne méritaient pas cette attention.
Voilà pourquoi j'essayais de ne jamais penser à mon géniteur : il ne méritait pas une seule pensée ou parole de ma part. C'était peut-être catégorique, mais j'étais ainsi et ce n'était pas demain la veille que ça allait changer.
— Tu es sûre que tu ne veux pas dormir dans la chambre de Tanis ? demandai-je à Elena, alors qu'elle était partie se brosser les dents.
Je déposai l'oreiller ainsi que la couverture sur le canapé alors qu'Elie sortait de la salle de bain en essuyant sa bouche du revers de sa manche, guidée par la lampe-torche de son portable.
Contrairement à moi qui pouvais me déplacer les yeux fermés sans ne jamais rien percuter, ce n'était pas son cas à elle. Une fois que nous avions éteins les bougies, et que nous étions restés dans le noir pendant quelques instants, elle avait cherché à tâtons son portable qui était resté quelque part sur le canapé. J'ignorais pourquoi, mais elle m'avait rappelé un raton laveur. En tout cas, j'avais bien ri.
— Sûre et certaine, je ne pense pas qu'elle apprécierait, finit-elle par répondre en plaçant l'oreiller sur l'accoudoir droit du canapé et en s'asseyant avant de couvrir ses jambes de la couette.
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Paradis Brisé (Tome 2 de Paradis Secret) © [TRILOGIE SOUS CONTRAT D'ÉDITION]
RomanceLorsque la confiance est brisée, il est vraiment difficile de la récupérer. Se sentant trahie, Elie a décidé de rompre avec le seul garçon qu'elle n'ait jamais aimé. Pourtant, bien qu'elle s'efforce de l'oublier, elle n'arrive pas à le laisser part...