Les Larmes Noires du Dragon Tome 1 - Écuyère /// v2/// Terminé

Chapitre 3 - Poussières et Chouquette

– Quelle peste ! Quelle affreuse grenouille venteuse ! cracha Elsya en apprenant le lendemain ce qu'avait dit Idrid.

Obscura avait craqué et s'était confiée à ses deux nouveaux amis. La perspective de revoir cette fille dans la même classe qu'elle toute la journée lui avait noué l'estomac toute la nuit et la matinée. Ça, plus le fait qu'elle ne retrouvait pas sa deuxième chaussette préférée (celle avec un motif de paladinos verts) et que Corbeau avait sûrement mangé sa dernière boîte de biscuits d'Essealis, cela ne présageait rien de bon pour cette journée. La veille, elle n'avait pas osé en parler à son oncle, préférant discuter de ses nouveaux amis et des cours qui avaient tous l'air passionnants, en tout cas pour le moment. Mais les échos des venimeuses paroles d'Idrid planaient toujours dans son esprit comme un relent de souvenirs du collège.

Elsya et Obscura sortirent des toilettes où elles s'étaient réfugiées pour papoter à l'abri des regards indiscrets et attendaient que Garudiel les rejoigne.

– Ça va aller ? s'enquit encore la jeune dryade.

– Oui, j'ai juste été surprise. À l'avenir je saurais à quoi me préparer avec elle, soupira Obscura avant de changer de sujet. Il va bientôt être l'heure d'aller en classe, non ? Je n'ai pas eu mon emploi du temps.

Elsya sortit un parchemin de son sac dans une envolée de papillons qui filmèrent danser autour de ses fleurs du jour : de petites ristulettes et des pompons de géranium multicolores qui égayaient sa chevelure du plus naturel des diadèmes. La dryade loucha sur les caractères, rapprocha la feuille de son visage jusqu'à ce que le bout de son nez la touche presque. Elle grimaça.

– La classe commence dans... une quinzaine de minutes, je suppose ? Mon coeur à du mal à lire. De toute façon allons dans la cour intérieure, tout le monde s'y rendait.

– J'espère que c'est des travaux pratique, je ne savais même pas quel manuel prendre ce matin, grommela Obscura.

– Combat et Destruction des Ennemis. Je pense qu'on n'aura pas besoin de livre.

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Leurs camarades patientaient déjà sur le terrain d'entraînement, pendant que des Écuyers d'années supérieures se prélassaient sur l'herbe en attendant de se rendre en classe.

La cour intérieure (du moins cette cour-ci puisqu'il y en avait deux autres ainsi qu'un grand jardin et un potager) servait aux les entraînements à la lutte et aux combats armés, et les cours de montes avaient lieu sur le terrain de joute non loin des écuries. Des mannequins de bois et des cibles s'alignaient derrière une clôture faite de piquets et de corde tendue qui délimitait la zone de combat. Une minuscule armoire à pharmacie était accrochée au mur mais donnait l'air de servir souvent : les restes de nombreux cachets en cire sur l'ouverture prouvaient qu'un sceau ne la fermait jamais bien longtemps.

Soudain le gong résonna entre les murs de l'école, et aussitôt les Écuyers plus âgés fichèrent le camp en laissant une étrange zone vide autour des petits nouveaux. Cela ne présageait rien de bon, sans compter les autres Écuyers qui les observaient par les fenêtres en s'échangeant des messes basses. Garudiel se faufila jusqu'à ses deux amies au travers de la foule qui fuyait. Il avait failli être en retard... Il l'avait échappé belle.

L'une des grandes portes donnant sur la cour s'ouvrit dans un fracas retentissant. Les bavardages s'arrêtèrent d'un coup: une grande femme en armure lourde se tenait dans l'encadrure. Ses yeux ( impitoyables ) les scrutèrent, à la recherche d'une proie. Une moue ( désapprobatrice ) marqua son visage ( patibulaire ) surmonté de cheveux courts et clairs parsemé de quelques mèches blanches. Elle affichait une cinquantaine d'années que la rogne maintenait de toute évidence en pleine forme.