Chapitre 28 - Risette et Féranthropes, fin

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Dame Modoe fit entrer ses étudiants dans sa classe pour la première fois depuis le retour des vacances.

Ils s'assirent à leurs places, devant leur armoire attitrée, puis commencèrent le rangement de nouveaux objets dans leurs pots. Une fleur ajoutée ici, un morceau de tissus retiré là, le contenu d'un récipient échangé avec un autre...

Obscura posa son épée sur sa table. La figure ronde de Hildihildimit sorti de la lame comme un mirage tremblotant.

– Nom d'une boulette, fais attention !

Obscura lui tapota affectueusement le dessus du crâne. Quand elle se retourna, Elsya sifflotait l'air de rien sous son épaisse couche d'écharpes mais toutes ses fleurs étaient dirigées vers son épée. La dryade s'interrompit, haussa les épaules pour remettre ses corolles en place et se remi à son travail, un léger sourire au coin des lèvres. Depuis qu'elle avait retrouvé Ash, son changement d'humeur était flagrant.

– Écuyers, je vous laisse vous entraîner seuls. Reprenez vos essais de Couleurs de la dernière fois, et si vous réussissez, tentez d'en faire apparaître une nouvelle aujourd'hui. Si vous en accumulez assez dans un pot, essayez de la transmettre à votre arme. Vous pourrez utiliser le mannequin pour la décharger ensuite, expliqua-t-elle en désignant un solide pantin de cuir dans un coin de la salle. Si vous avez des questions, vous pouvez venir me trouver dans mon bureau. Je serai avec Écuyère Luminis.

Sur ces mots, elle se retourna et interpella la jeune fille d'une voix sévère.

– Dépêchez-vous, je vous prie. Et n'oubliez pas votre épée.

Hildihildimit eut à peine le temps de jurer que son écuyère suivait la professeure sous les regards intrigués de ses camarades. Obscura tremblait d'impatience : elle se doutait bien du sujet de leur entrevue.

Dame Modoe referma la porte de son bureau et lui désigna un fauteuil neuf. Elle s'installa.

Les mêmes objets, certains cassés ou abîmés, avaient retrouvé leur place sur de nouveaux meubles. Elle fit de son mieux pour rester impassible.

La professeure l'observait en silence, posée sur un large tabouret qui lui permettait de replier ses longues pattes sous l'assise rembourrée. Son corps reprenait aussitôt la forme de robe de plumes qu'Obscura avait cru distinguer la première fois.

Obscura se tortilla sur sa chaise, mal à l'aise. Elle qui désirait et redoutait cette entrevue n'osait plus parler la première.

– Cessons donc cette mascarade, veux-tu ? Il est évident que tu sais beaucoup de choses, Commença Dame Modoe sans la lâcher une seule seconde des yeux. J'aimerais que tu m'expliques ce qu'il s'est passé. Et que tu me rendes mon bien.

Elle tendit une main fine couverte de bagues et de chaînettes précieuses.

– De, euh... de quoi parlez vous ? balbutia Obscura.

Même elle ne croyait pas en son mensonge.

Dame Modoe haussa un sourcil qui fit rougir l'écuyère.

– Tu le sais très bien, mais j'ai supposé que tu préférais me donner ta version des faits. Mais soit, ne dis rien. Voici ce qu'il s'est passé ici, jeune fille : une nuit durant les vacances, tu es entrée dans mon bureau. Tu as fouillé. Et pour une mystérieuse raison, tu as décidé de tout saccager. »

Elle ne cria pas, énonça juste les faits, froidement, sans y mettre la moindre émotion. « Tu n'étais pas toi même à ce moment-là, n'est-ce pas ? »

Les Larmes Noires du Dragon Tome 1 - Écuyère /// v2/// TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant