Les Larmes Noires du Dragon Tome 1 - Écuyère /// v2/// Terminé

Chapitre 19 - Excursion et médaillon, fin

L'épaisse frondaison tamisait la lumière du soleil, assombrissant les moindres recoins de cette nature étrange. Les chants des oiseaux, les formes tordues de la végétation et même les senteurs, tout paraissait différent, plus menaçant à mesure qu'Obscura s'y enfonçait. On aurait dit une jungle frémissante de vies cachées plutôt qu'une forêt où faire une sortie scolaire. Corbeau semblait aussi ressentir tout ça, car il restait tout près du paladino, alors que d'habitude il sautait dans les feuilles mortes ou ramassait toutes sortes de choses pour les offrir à sa maîtresse, allant du bâton au vieux déchet pourrissant. Silverin également était nerveux. Il marchait au pas et balançait la tête pour apaiser son stress. Ses naseaux s'agrandissaient en quête d'odeurs suspectes.

Ils cheminèrent ainsi lorsqu'un bruit insolite les arrêta net. Le loup recula, la queue entre les pattes, fixant le fourré d'où provenait la menace potentielle.

Avec des gestes prudents, Obscura dégaina son épée. Les oiseaux s'étaient tus. Le vent s'engouffra dans les branches et souleva la chevelure de l'écuyère. Elle n'entendait plus que son cœur battre dans l'insoutenable silence de la forêt.

– Bouh ! souffla Elsya en émergeant du buisson.

– Elsya ! Bon sang, tu m'as fait peur !

La dryade avait les joues toutes roses et les fleurs épanouies. Son agréable parfum réapparut et les enveloppa. Elle maîtrisait de mieux en mieux son essence : même Corbeau s'y était laissé prendre. Rassuré de croiser un visage connu, celui-ci se roula dans une flaque de gadoue.

– Ash n'est pas avec toi ? demanda Obscura.

– Oh si si, elle arrive. Et toi, tu es toute seule ? Tu as bien fait d'abandonner ton mentor invisible.

– Pfff... Je lui ai dit que j'en avais assez et qu'on était plus une bimarcisia, ce qui était le cas depuis le début. J'aurais dû lui dire ses quatre vérités plus tôt. Tant pis... Je suppose qu'il est reparti au château faire ses devoirs ou je ne sais quoi d'autre de plus important, répondit-elle en haussant les épaules.

Asharty sortit à son tour des buissons. Sa cape et ses cheveux ébouriffés étaient parsemés de feuilles mortes qu'elle essayait en vain d'enlever. Elle tira Marguerite et Pelote à sa suite.

– Comment ça se fait que vous soyez encore ici ? Nota Obscura. Vous êtes parties longtemps avant moi, vous devriez déjà être arrivées à l'heure qu'il est.

– On a décidé de se ménager une petite pause ! gloussa Elsya.

Asharty s'étira et bâilla. Elle n'était pas la mentore la plus assidue à son rôle d'instructrice, mais au moins elle traitait sa page avec bienveillance.

– On va pouvoir continuer notre chemin ensemble. C'est formidable ! lança la dryade avec ravissement.

– Mais on n'a pas le droit... Gémit Obscura.

– Tant que Patelin ne se doute de rien pas, tu peux faire ce que tu veux ! Éclata Ash de sa puissante voix enjouée. Mon mentor m'a appris cette technique qu'il a lui aussi apprise de sa mentore. Les professeurs le savent très bien et s'en fichent. Sauf peut-être Douceliah. Elle aussi prend tout ça très au sérieux.

C'est ainsi qu'Obscura repartit, cette fois accompagnée de sa meilleure amie et de son aînée.

– Tiens j'y pense, quel est l'objet de ta quête, Obscura ? s'enquit celle-ci.

– À vrai dire... je n'ai toujours pas ouvert mon ordre de mission.

– Oh ? Vite, je suis curieuse de savoir ! Bondit Elsya. Nous on doit ramener « Le Calice des Soupirs ». Je me demande bien à quoi ça ressemble. Et Asharty a appris que Louhan et Idrid devaient aller chercher « L'Anneau de la Belle Compagnie », et Albéron « La Cognée Galante ». J'espère que tout le monde va réussir ! Et puis revenir vivant, évidemment.