Chapitre 52 - Piège et Guibolle, fin

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Obscura sortit des écuries, tenant Silverin par la bride d'une main, portant une épaisse couverture enroulée sur l'autre épaule. Elle sifflota pour paraître détendue et parfaitement naturelle, et allait passer l'enceinte de l'école quand l'un des miliciens refit son apparition.

- Eh, toi ! lui cria-t-il.

- Fallait siffloter de manière plus nonchalante ! souffla Hildi en se crispant.

- Qu'est ce qu'il y a encore, cette fois-ci ? demanda la jeune fille.

– On cherche le Chevalier de Poussière. Tu ne l'aurais pas vu ?

– Non.

Mais le garçon ne se laissa pas démonter par cette éloquente répartie, il était tenace.

– Tu portes quoi, là ? C'est autorisé ? T'as un mot d'un professeur pour faire sortir du matériel scolaire hors de l'établissement ? Tu vas le ramener quand ? Maître Patelin est au courant ?

– C'est rien qu'une vieille couverture avec un projet de Forge dedans. Je bricole un mannequin d'entraînement pour Esobel, c'est tout, expliqua Obscura en tapant sur le tas de tissus qu'elle transportait.

Le tas se retint de gémir. Elle le lança sans ménagement en travers de sa monture pour bien signifier que son paquetage n'avait pas beaucoup d'importance, puis enfourcha Silverin. Elle poireauta, le temps que le milicien finisse son interrogatoire pour s'en aller au petit trot, tout en reprenant son sifflotage innocent.

À peine les murs du château étaient-ils cachés par la forêt que l'écuyère ouvrit le tissus. Elle s'attendait à voir apparaître un visage masqué mais reconnaissant ; à la place il y avait deux pieds bottés.

– Ah mince... Je pensais vous avoir installé un peu mieux que ça, dit-elle en découvrant l'autre extrémité. Ça va ?

– Oui... Mer... Ci... Beau... Coup, répondit le Chevalier, secoué au petit trot. Très... Con... For... Table.

Elle descendit du paladino pour laisser plus de place au tas gémissant, et ils continuèrent ainsi jusqu'au manoir.

Une fois arrivée dans le box de Silverin à l'abri des regards indiscrets, Obscura fit tomber (sans faire exprès) le paquet au sol. Elle déroula la couverture, dévoilant un Chevalier de Poussière qui portait très bien son nom pour une fois.

– Vous avez toujours mal ?

– Oui, les massages énergiques de votre monture et des cahots de la route n'ont malheureusement rien amélioré.

Sa jambe était dans un état pitoyable. Obscura n'y connaissait rien en médecine, mais elle était sûre qu'un tibia avec un angle n'était pas bon signe.

– Je vais être obligée d'aller demander de l'aide. Je crois que votre jambe est cassée, mais je ne peux pas faire grand-chose de plus... Au moins Douceliah ne viendra pas vous chercher jusqu'ici.

– À qui allez-vous demander ? Pas le Seigneur Aurèle, tout de même ? s'inquiéta le jeune homme. Je lui ai emprunté un tonneau de très bon vin le mois dernier, je ne suis pas sûr qu'il ait apprécié ma plaisanterie.

– Je peux aller trouver Billy, par exemple. C'est le garçon de ferme qui...

– Je ne préférerais pas non plus, s'il vous plaît, s'empressa-t-il de répondre.

– Bon, alors peut-être...

– Mademoiselle Obscura ? Vous êtes rentrée ? Fit la voix d'Armandine, de l'autre coté de la porte.

Les Larmes Noires du Dragon Tome 1 - Écuyère /// v2/// TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant