Chapitre 58 - Le Bal de Passation

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« La véritable Chevalerie naît au plus profond du cœur, lorsque les ténèbres étreignent l'âme. »
Saraphia Luminis, Chevalière de Lame de Brume

Obscura tremblait. Accroupie derrière un buisson, elle attendait que son cavalier daigne apparaître. Elle savait qu'il viendrait, il lui avait assuré. Enfin, il l'avait dit à Billy, qui lui avait « répété ». Elle avait joué le jeu, et maintenant elle patientait à l'endroit convenu, derrière le buisson d'hortensia.

Tante Clothilde avait fait des merveilles. Obscura portait une robe magnifique cousue sur mesure, en soie émeraude mordorée qui mettait en valeur ses cheveux. La longue jupe tombait avec élégance jusqu'au sol et le bustier de suède vert foncé garnit de passementeries dorées et de petits pompons, soulignait sa silhouette. Et en plus, elle était confortable.

Elle avait demandé de l'aide à Armandine pour le maquillage et la coiffure car le cauchemar de Hildi et ses affreux conseils de beauté restaient gravés dans sa mémoire comme des graffitis au crayon gras waterproof. Quelque chose de léger, assorti d'un chignon bas lui suffit. Et enfin comme parure, elle portait la broche offerte par Edhel plantée dans sa chevelure de feu, et le médaillon de sa mère son cou.

Fait marquant, comme elle avait décidé de faire un effort pour l'événement, elle chaussait ses plus beaux (et ses seuls) escarpins. C'était une sensation étrange que de marcher sans sentir le poids de ses semelles cloutées.

– Aha ! On ne se débarrasse pas de moi comme ça ! fit la voix de Hildi, juste à côté d'elle.

Obscura sursauta.

– Qu'est ce que tu fiches ici ? Je croyais t'avoir laissé au manoir !

- Moi aussi j'ai le droit d'aller danser ! dit-il d'un ton boudeur. Tu ne peux pas m'interdire d'aller au bal !

Ils s'étaient un peu disputés lorsqu'elle avait dû partir, elle était pourtant persuadée de l'avoir abandonné sur le lit.

Il était tout beau, lavé et parfumé, chaussé de ses affreux souliers vernis qu'il avait soigneusement cirés pour l'occasion.

– Je te promets de ne pas faire de bêtises, lui assura-t-il, une patte sur le cœur. Je ne comprends même pas pourquoi tu ne veux pas que je t'accompagne.

– Bon, alors tu as quartier libre. Mais ne traîne pas dans mes jambes et ne fait pas de commentaires, accepta-t-elle parce qu'elle n'avait pas envie de parlementer pendant deux heures avec un oriflamme têtu.

– Oui oui, promis !

– Ce soir, c'est un évènement distingué, avec des mets de luxe et de la musique raffinée. Donc pas de blague, hein ! gronda-t-elle alors qu'Hildi se curait le nez avec élégance.

– Ah ? Alors pourquoi tu as emporté ça ? rétorqua-t-il en désignant l'épée accrochée à sa taille.

– Hm. Je ne sais pas. Un pressentiment. La dernière fois j'ai regretté de ne pas l'avoir emmené. Je la laisserai au vestiaire de toute façon.

Elle se sentit bête d'avoir apporté son arme, mais ne pas l'avoir avec elle la rendait nerveuse. Elle avait l'impression d'être toute nue, sinon. Et il y aurait l'Impératrice... On ne savait jamais, c'était juste au cas où des indépendantistes de Keveal auraient eu vent de sa visite. À ce propos, où était son cavalier ?

Elle était accroupie par terre en retenant sa robe autour de ses genoux pour ne pas la salir, quand elle entendit un claquement et se retourna. Était-il enfin arrivé ? Déception : ce n'était que Maître Patelin qui fichait Chouquette dehors.

Les Larmes Noires du Dragon Tome 1 - Écuyère /// v2/// TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant