Les Larmes Noires du Dragon Tome 1 - Écuyère /// v2/// Terminé

Chapitre 71 - Retour aux Ruines

Idrid pestait contre Louhan. Elle avait suivi sa loutreuse silhouette dans la tempête sans qu'il se retourne une seule fois. Il l'avait forcé à sortir en robe de bal sous une pluie torrentielle, après une soirée plus que désastreuse qui de toute évidence n'allait pas en s'améliorant. Selon elle, un Bal de Passation ne comprenait pas de féranthrope, de coup d'état, d'Éternel aux très jolis bottillons, et encore moins de randonnées nocturnes et humides jusqu'aux ruines de Shanlia !

A pressent qu'elle et son Compagnon étaient entrés dans la forêt, le dôme de feuillage les protégeait de la pluie. Petit Baron von Kristen restait caché dans sa manche en grelottant de froid et d'inquiétude. Elle ne pouvait pas repartir maintenant : elle devait d'abord récupérer Louhan.

Elle répétait dans sa tête tout ce qu'elle lui dirait quand elle le verrait. Ce qui était sûr, c'est que jamais elle ne lui avouerait qu'en réalité elle s'était inquiétée pour lui. Elle lui jetterait seulement ses vêtements à sa figure de loutre et le remmènerait à l'école par la fourrure des fesses s'il le fallait. Avec un peu de chance, peut-être que personne ne se sera aperçu de leur absence.

Idrid en était là de ses réflexions quand elle s'arrêta, ébahie, à l'entrée du palais.

Des étincelles parcouraient ce qui émergeait du sol, laissant dans leur sillage crépitant de grandes volutes blanches. Les fleurs recouvrant les dômes s'ouvraient lentement, les ors et pierreries réapparaissaient sous la poussière en grésillant. Les ruines resplendissaient comme en plein jour.

L'écuyère retrouva le poney de Louhan, abandonné à côté d'autres destriers... dont Bisou sa licorne. Elle rassura sa monture au brushing anéanti puis remarqua le voltigre d'Asharty, l'insecte géant d'Elsya, le paladino d'Obscura... Elle plissa des yeux et grimaça... Évidemment, Obscura.

Elle suivit les traces humides de mustélidé qui menaient à la porte principale avant de disparaître elle aussi dans les ombres mystérieuses du couloir.

Idrid s'avança à pas prudent dans le long passage sombre. Les fleurs luminescentes éclairaient son chemin, n'entendant rien de plus qu'un ronflement sourd qui se réverbérait dans les parois de pierres. Elle dépassa plusieurs salles, s'enfonçant toujours plus profondément dans le palais antique, traversant des antichambres délabrées, des galeries immenses et des pièces aux décorations étranges. Les empreintes moites de Louhan s'estompèrent peu à peu avant de s'évanouir dans la poussière.

Elle continua et remonta les canaux creusés dans le sol, où coulait une eau de plus en plus chaude. De la vapeur s'élevait autour d'elle en gros nuages paresseux. Elle déboucha dans une salle très haute de plafond, avec des fresques de créatures étranges à têtes animales, et d'immenses sculptures de dragons échouées ici et là. Soudain un bruit hérissa tous les poils de la petite hermine, qui retourna se cacher dans le vêtement de sa maîtresse.

L'écuyère avait déjà croisé les restes de Monstres Errants tués par ses prédécesseurs... Était-ce un phénissendre, ou un sous-golem de poussière qui rodait dans l'ombre ?

Le visage de Louhan émergea de derrière une sculpture.

– Oh, salut Idrid. Je ne savais pas que tu me suivais.

- Louhan ! protesta-t-elle d'une voix perçante. Louhan, mais qu'est-ce que tu fiches ? Pourquoi t'es parti ? Pourquoi t'es là ? Pourquoi tu m'as rien dit ? T'es complètement fou ! Et que va penser Thangris ?

Il se gratta le nez et haussa les épaules.

– En fait j'avais pas spécialement prévu de venir ici. Je suivais Ergil.