– Je t'ai fait préparer un bain, je suis sûre que tu meurs d'envie de te rafraîchir avant de passer à table, annonça Clothilde. Tu auras tout le temps de nous raconter tes vacances après.
Obscura déposa ses bagages avant de croiser du regard son reflet. Elle se retint de rire : rafraîchir était un euphémisme. Une pellicule de poussière recouvrait son visage et ses vêtements, ses cheveux ressemblaient à un buisson de ronces, et une surprenante fragrance de transpiration — chevaline et humaine — l'enrobait de la tête aux pieds. Un décrassage total était plus que bienvenu.
Obscura se glissa avec délices dans l'eau chaude. Les parfums des savons faits main par sa tante envahirent sa petite salle de bain personnelle. Cependant, une odeur nauséabonde de croûte de fromage rance persistait malgré le double shampoing et les huiles de fleurs qu'elle avait rajoutées dans l'eau.
– Hildi ? Tu as bien voyagé dans ma sacoche toute la journée ? demanda la jeune fille.
– Oui, pourquoi ? répondit l'Oriflamme, affairé à se masser les orteils avec la brosse à dents.
– Oh, pour rien... Tu pourrais m'apporter mon peigne s'il te plaît ?
– Tu peux aller te le chercher toi-même ? Tu vois bien que je suis occupé en ce moment, rétorqua-t-il en se grattant le dos avec une brosse à cheveux cette fois-ci.
Une savonnette jetée dans sa direction le convainquit d'obéir. Mais au moment où encore tout innocent il s'approcha de la baignoire, elle le saisit d'un geste vif.
– Bon sang, mais c'est toi qui pues ! C'est atroce ! s'écria-t-elle avec dégoût.
– Non c'est pas vrai ! couina-t-il horrifié en regardant les menaçantes bulles de savon en dessous de lui.
– Tu sens la vieille chaussette de joute portée pendant deux semaines !
– C'est l'odeur naturelle des Oriflammes !
Obscura ne chercha pas négocier. Elle plongea Hildi dans l'eau puis le coinça entre ses genoux qui émergeaient de la surface pour lui shampouiner la fourrure. Un jus grisâtre d'où s'éleva un véritable cumulonimbus de bulles de saletés, coula dans la baignoire à mesure que l'Oriflamme retrouvait peu à peu sa jolie couleur.
- Au secouuuuuurs ! hurla-t-il en agrippant le rebord. On me tue ! On me noie ! On m'assassiiiine !
– Tu ne sortiras pas d'ici tant que tu ne seras pas complètement propre ! Tu vas empuantir ma chambre ! Ordonna-t-elle avant de le frictionner de lotion capillaire à la camomille et au mirlan des bois.
Vingt minutes plus tard, Obscura peignait ses cheveux humides. Sur la coiffeuse à côté d'elle, Hildi se regardait dans le miroir, émerveillé par sa fourrure soyeuse.
- Eh ben, c'était pas si terrible que ça, hein ? roucoula-t-il en admirant l'effet que la lotion donnait à ses fesses. Mon pelage est si doux...
– Parle pour toi, j'ai dû me relaver les cheveux tellement l'eau était immonde.
Il se dandina encore un peu devant la glace puis s'habilla à la suite d'Obscura. Il avait chipé à Jina quelques vêtements de poupée et se trouva très élégant en petite veste bordeaux, lavallière fuchsia et minuscules souliers vernis.
- Tu sais que ce sont des chaussures de filles ? remarqua-t-elle.
Ses pattes velues dépassaient du cuir, mais cela n'avait pas l'air de le déranger plus que ça.
– Bah non, puisque je les porte ! rigola-t-il avant de commenter encore tout émerveillé de ses escarpins : Tu as vu comme elles brillent ? En plus, quand je marche elles font du bruit !
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Les Larmes Noires du Dragon Tome 1 - Écuyère /// v2/// Terminé
FantasiaVoici le TOME 1 corrigé, amélioré, allongé, relue 100 fois et surtout TERMINÉ des Larmes Noires du Dragon ! ✹✹✹ Avec sa chevelure rouge, son loup apprivoisé, son épée héroïque et son nom aussi bizarre que difficile à porter, Obscura Luminis est pour...