Les Larmes Noires du Dragon Tome 1 - Écuyère /// v2/// Terminé

Chapitre 75 - Et après..., suite

Trois mois après les trois semaines après les trois jours plus tard, début Gastroentémiaire Septuaborante.

Le soleil se coucha dans un magnifique flamboiement de couleurs, spectacle habituel qui n'émut pas plus les écuyers. Ils finissaient leur souper en bavardant quand un cri de colère éclata. Un garçon de première année venait de renverser par mégarde un pichet d'eau. Il tremblotait de tous ses membres face à la figure écarlate de Bérinon.

L'écuyer de troisième année attrapa le plus jeune par le vêtement et le secoua en fulminant. Depuis que le Chevalier de Poussière avait disparu, il était devenu un véritable tyran, encore plus lorsque les professeurs étaient absents comme aujourd'hui. Seule Douceliah, dos à cette pagaille, mangeait tristement, le nez dans son assiette. Elle n'était plus la même depuis la rentrée. On la croisait souvent le regard perdu, errant dans les couloirs sans son armure.

La tête posée dans une main, elle contempla son reflet dans sa soupe de pois cassés et repoussa son bout de bain de la pointe de son couteau. Elle soupira l'équivalent d'une tempête.

Soudain un bruit de verre brisé, et une bourrasque fit vaciller les flammes des torchères. Une ombre drapée apparut à la fenêtre et jeta un hareng mariné en plein visage de Bérinon dans un claquement poissonneux.

- Bien le bonsoir, Chevalière Douceliah ! fit la mystérieuse silhouette.

- Chevalier de Poussière ! s'écrièrent en cœur écuyers et domestiques.

Lentement, Douceliah se retourna. Son visage restait impassible, ses yeux n'étaient que deux fentes circonspectes. Bérinon relâcha sa victime et retira le poisson de sa figure pour découvrir qui était l'impudent qui avait osé lui faire ça.

- Je suis le Chevalier de Rouille, à votre service ! fit encore le jeune homme en soulevant son grand chapeau noir, laissant voir un masque de lynx.

– Et moi chuis l'Chevalier d'Foin ! s'écria une autre silhouette qui apparu à la fenêtre opposée, affublée d'un masque noir de castor.

- Et n'oubliez pas la Chevalière de Cendre ! fit une dernière, les bras croisés dans l'encadrement de la porte du réfectoire.

Elle arborait un masque d'ourse sur le visage.

- Scouiiiiiiiii ! fit encore le rat chapeauté et perché sur son épaule, sa petite tête dissimulée sous un masque de rat.

– QU'EST-CE QUE C'EST CE QUE CETTE HISTOIRE ! rugit enfin Douceliah en renversant la table.

- C'est l'histoire de ta défaite, Douceliah ! lança le lynx.

- On est là pour t'faire ta fête ! ajouta le castor.

– Ah ! Si tu pouvais voir ta tête ! conclut l'ourse.

– SCOUIIII !

– AH ! ILS SE MULTIPLIENT ! MARAUDS ! RENDEZ-VOUS !

- Jamais ! s'écrièrent en cœur les quatre compères. Aussi sûr que nous sommes la Compagnie de Poussière !

- Prend garde, Bérinon, nous t'avons à l'œil ! gronda le lynx.

– On va t'botter l'derrière si tu continues tes vach'ries ! ajouta le castor

– On sait ce que tu as fait... Et on ne te laissera pas un instant de répit, menaça l'ourse, une lueur de vengeance brillant dans son regard velu.

Ils saluèrent l'assemblée en s'en allèrent en riant à l'unisson, faisant voler capes et chapeaux sous les exclamations du public. Au passage, ils dérangèrent Maître Patelin qui venait pour souper au calme.

Personne n'aurait pu se douter que Roscelin, Billy et Armandine avaient décidé d'un commun accord de prendre la relève de leur héros.

Interdit, Bérinon regarda le jeune écuyer qui affichait une mine rassurée. Il le repoussa et s'en retourna à sa place. On ne le craignait plus.

Derrière eux, Chevalière Douceliah, toute tremblante et fulminante, hurla qu'on lui amène ses chiens, son arme et ses pièges. La chasse reprenait.

Elle sourit à nouveau.

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