Chapitre 64 - La Geste d'Edhel

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La porte se referma en claquant derrière Edhel ; il comprit au bruit du loquet qu'il était coincé ici jusqu'à ce qu'on s'occupe de son cas.

Les Paladins l'avaient jeté sans ménagement dans cette salle de classe déserte. Il n'avait rien d'autre à faire que d'attendre avec ses inquiétudes. Il ouvrit la fenêtre en grand et inspira profondément une grande bouffée d'air, lourd de la pluie et de la nuit.

De ce qu'il avait pu voir, ses amis étaient tous vivants. Un peu cabossés, mais vivant.

Il se força à se calmer et à faire le bilan de sa situation. Rise, ou plutôt l'Impératrice Athélis Mélithar, le rendrait peut-être aux enquêteurs Sidhes comme un cadeau diplomatique, pour le plus grand plaisir de la couronne de Neredhel. Connaissant leur empressement, Edhel serait marié à son cousin d'ici deux ou trois mois maximum. Et on le forcerait à redevenir Rinalta, évidemment. Le chef des agents ne l'avait pas caché. Mais qu'adviendra-t-il des autres ?

Des bruits dans le jardin attirèrent son attention.

Seulement vêtus des reliquats de sa jolie robe verte, pieds nus et son épée à la main, Obscura serpentait dans les ombres vers les écuries. Elle disparut un moment dans le bâtiment et ressortit avec Silverin.

Avait-elle décidé de s'enfuir ?

Edhel se pencha un peu plus par la fenêtre, assez pour la voir ouvrir et franchir la porte de service qui n'était jamais correctement surveillée. Quelques instants plus tard, des bruits de sabots retentirent dans la nuit, étouffés par les trombes d'eau qui tombaient du ciel.

Une silhouette émergea de derrière un gros arbre de l'autre côté de la cour et se précipita à son tour vers les écuries pour en ressortir montée sur un grand étalon noir. La lune se refléta dans des bottillons vernis avec soin. Melrius, encore lui. Il ne s'était pas enfui de l'école, il avait attendu son heure. L'Éternel lança son cheval à la poursuite d'Obscura, pendant qu'Edhel enrageait à sa fenêtre.

Non, il ne pouvait pas le laisser faire.

Il estima la hauteur qui le séparait du sol. C'était dangereux, surtout avec la pluie qui tombait toujours... Mais qu'importait, puisqu'il n'avait plus rien à perdre à présent.

Il retira sa veste humide qui l'entravait et arracha un rideau. Il noua l'une des extrémités au pied d'une table qu'il bloqua au travers du montant de la fenêtre ; cela suffirait amplement pour tenir sous son poids.

Il passa par l'ouverture et glissa le long du tissu pour atteindre la gouttière juste en dessous. Une bourrasque manqua de le renverser. Il se rattrapa de justesse à la tête d'une gargouille, le visage tourné vers le sol, si loin sous ses pieds. Il continua à ramper contre la façade, tous les sens en alerte. Lorsqu'il réussit enfin à atteindre un angle du château, il s'aida encore des sculptures et descendit.

Au premier étage, il sauta directement sur le sol et se figea. Mais aucun cri, aucun bruit de course ne résonna ; il se précipita vers le chenil, puis vers les écuries.

Chevauchant son malaflon, Corbeau le guidant dans la nuit, il s'élança à la poursuite d'Obscura et de l'Éternel.

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Les Larmes Noires du Dragon Tome 1 - Écuyère /// v2/// TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant