Bérinon attaqua le premier. Son poing serti fusa vers le visage d'Ergil. Celui-ci esquiva sur le côté, passa dans son dos et le frappa à l'épaule. Bérinon bascula en avant dans les plantes mais se releva vite. Ses yeux brillaient d'une haine profonde.
Il s'élança à nouveau, les deux mains tendues vers son adversaire. Et encore une fois, Ergil l'évita, le faisant encore tomber par terre d'un croche-pied.
– Je te rends celui que tu m'as fait cet hiver, au repas du tournoi. Tu ne mérites rien de moins, lui lança-t-il d'une voix rauque.
Les spectateurs étaient prêts à corriger le domestique récalcitrant, mais Bérinon les retint.
– Non, laissez-le, gloussa-t-il en se remettant debout. Le Tâché ne parle jamais sans son masque. Je suis curieux de savoir ce qu'il peut bien avoir à nous raconter maintenant qu'il sait qu'il est fichu. Ça sera intéressant.
Ergil serra les dents. Il refusait de lui donner cette satisfaction. Bérinon, ravi, éclata de rire et s'épousseta la chemise d'une main négligente... L'instant d'après il se jetait sur lui avec un cri de rage. Alors qu'Ergil allait à nouveau se dérober, il l'attrapa par le revers de sa redingote et l'entraîna avec lui dans sa chute. Ils tombèrent ensemble dans les fougères, et Bérinon, que la vengeance rendait fou furieux, le frappa frénétiquement du poing tout en le maintenant de sa main baguée. Leur combat au milieu des feuilles ravageait tout autour d'eux. Ce n'était plus un duel noble et plein d'éloquence comme ceux que le Chevalier de Poussière menait, mais une lutte terrible, sale et désordonnée, où aucun des deux ne pouvait se permettre d'abandonner. Les poings agrippaient, les pieds et les genoux frappaient sans distinction des corps.
Ergil se débattit et tenta de rendre ses coups mais quelque chose clochait, dans ses râles, dans ses poings qui s'affaiblissaient, dans ses regards terrifiés, dans les gloussements sadiques de Bérinon, de plus en plus forts.
Obscura paniqua. Elle cherchait un moyen d'aider Ergil mais les sbires de Bérinon lui firent comprendre, avec leurs bâtons et leurs armes improvisées ramassées un peu partout, qu'ils étaient prêts à se jeter dans la mêlée eux aussi... Ils étaient nombreux et armés, et elle, impuissante. Elle ne pouvait qu'assister à l'ignoble combat qui se déroulait sous ses yeux.
Soudain un hurlement de douleur déchira l'air. Ergil parvint à se dégager de son assaillant... La respiration sifflante, il rampa et se recroquevilla contre un banc. Il haletait en se tenant le côté du visage où il avait reçu le dernier coup.
Lentement, Bérinon se releva en essuyant un filet de salive teintée de sang qui lui coulait le long du menton. Il se frotta la main. Le puissant coup de poing paré de bagues avait eu l'effet escompté. Il posa sur son adversaire un regard suffisant.
– Pendant longtemps je me suis demandé qui tu étais, Chevalier de Poussière, siffla Bérinon en reprenant son souffle avec un immonde sourire satisfait. J'ai enquêté. Je me suis renseigné, j'ai étudié ta technique, tes capacités hors normes...
Ergil ne répondit pas. Il se tenait ramassé comme une bête blessée.
– Si je dois bien reconnaître une qualité chez Douceliah, c'est qu'elle fait les choses bien : elle rédige des rapports détaillés à chacune de tes apparitions. Et je les ai tous lus, parce que je voulais vraiment t'attraper pour te faire payer. J'ai comparé les faits, les dates, les objets volés, aussi. Ce que j'ai découvert ne m'a même pas surpris, venant d'une racaille comme toi.
– Tais-toi, Bérinon ! Tais-toi ! Douceliah t'as interdit de lui faire du mal ! hurla Obscura avant de se prendre un coup dans le ventre qui lui coupa le souffle.
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Les Larmes Noires du Dragon Tome 1 - Écuyère /// v2/// Terminé
FantasíaVoici le TOME 1 corrigé, amélioré, allongé, relue 100 fois et surtout TERMINÉ des Larmes Noires du Dragon ! ✹✹✹ Avec sa chevelure rouge, son loup apprivoisé, son épée héroïque et son nom aussi bizarre que difficile à porter, Obscura Luminis est pour...