Les Larmes Noires du Dragon Tome 1 - Écuyère /// v2/// Terminé

Chapitre 67 - La Geste de Garudiel

La porte se referma en claquant derrière Garudiel ; il comprit au bruit du loquet qu'il était coincé ici jusqu'à ce qu'on s'occupe de son cas.

Il avait été traîné dans le cellier et enfermé sans ménagement. Il s'assit sur un tonneau de hareng et soupira. Si au moins on l'avait balancé à la bibliothèque...

La soirée ne s'était pas déroulée comme prévu mais c'était sûrement pareil pour tout le monde à l'école. D'abord, il aurait dû suivre les conseils d'Elsya. Elle avait toujours raison pour ce genre de choses.

Il s'était déclaré à Qahim, tout à l'heure. Il l'avait emmené dans les jardins parce qu'il avait quelque chose d'important à lui dire. Ils s'étaient assis sur un petit banc caché derrière un bosquet, et il lui avait ouvert son cœur. Mais Qahim... Gêné, il n'avait pas répondu tout de suite. C'est à ce moment que Garudiel avait compris qu'il ne ressentait pas la même chose. Qahim avait bégayé et s'était excusé. À ces mots, Garudiel s'était enfui dans les jardins pour ne pas rester avec celui qui l'avait repoussé sans le dire...

Il s'était perdu avant d'être retrouvé par Thangris. Ils avaient discuté un long moment. Garudiel avait beaucoup pleuré. Lui qui avait cru qu'il pourrait valser avec Qahim, il avait sangloté dans d'autres bras.

Il allait mieux, maintenant.

Lorsqu'ils étaient revenus dans la salle de bal, Elsya le réconforta à son tour. Plus tard dans la soirée, il l'avait accompagnée à la recherche d'Obscura et de son cavalier. Son amie s'inquiétait, ils mettaient beaucoup trop de temps à revenir. Lui, il s'était juste dit qu'Obscura avait bien plus de chance que lui pour les affaires de cœur avant que tout ne dégénère. Et en un rien de temps, sans qu'il réalise ce qu'il s'était passé entre Ergil le féranthrope, l'Éternel déséquilibré et l'Impératrice qui jouait les intrigantes, il se retrouvait là, assis au fond de ce cellier humide qui sentait l'andouillette et le vieux brie.

Il osa un regard au travers de la lucarne. La lune était brouillée par la pluie battante ; le tonnerre gronda. Un éclair fendit la nuit, et Garudiel en fut certain : chevauchant Pelote, Elsya venait de s'envoler du sommet d'une des petites tours. Elle s'enfuyait ? Que pouvait-elle encore bien mijoter ? Si l'impératrice l'apprenait, elle perdrait toutes ses chances de continuer ses études de Chevalerie. Et Garudiel ne savait que trop bien que c'était le seul et unique moyen pour eux de suivre ces études. Il se sentait obligé de la ramener pour toutes les fois où elle l'avait aidé.

Garudiel se releva, épousseta ses vêtements mouillés et se dirigea vers le fond de la salle. Cachée de l'entrée par la grande armoire à cuillères, la porte de sortie de secours l'attendait. À force de s'y perdre, Garudiel avait fini par retenir certains des passages qu'Ergil empruntait pour le ramener dans vers les salles de classe.

Il émergea à l'arrière du bâtiment et se dirigea vers les écuries. Quelques minutes plus tard, il fit demi-tour et se retourna dans la bonne direction.

– Allez, je suis sûr que tu peux la retrouver... chuchota Garudiel à ce qu'il supposa être l'oreille de Marguerite.

Le scarabée de monte d'Elsya secoua ses élytres et décolla sans se soucier le moins du monde de l'averse.

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