Nano nous mène à travers le palais, nous sortons dans le jardin et entrons dans la forêt. Nous nous arrêtons en plein milieu de cette dernière, dans une clairière enchantée. Mais quand je dis enchantée, je donne à entendre tous les sens du terme. Une rivière coule en plein milieu de l'éclaircie, une herbe verte accompagnée de parterres de fleurs -des violettes, des roses, des pâquerettes, des brins de muguet, des œillets, de la lavande et d'autres espèces encore- la tapissent, des insectes volettent autours des végétaux et des oiseaux de toutes races chantent dans les arbres alentours. Au beau milieu de ce paradis, un homme -jeune, gringalet, le visage fin, je ne peux voir ses yeux qui sont fermés mais je distingue ses cils, longs, une peau claire, des lèvres roses, des cheveux roux qui détonnent dans ce milieu naturel. Seule bizarrerie ; des oreilles violettes, aussi grandes que celles d'un elfe- médite tranquillement sans plus faire attention à nous qu'à des mouches. Nous attendons une, deux, trois minutes. Rien. Notre conseiller s'impatiente, toussote. Toujours rien. Nouvelle toux. Aucun mouvement. Agacée, je chuchote :
- Nano, vous ne voyez donc pas que vous le dérangez ? Nous vous remercions de nous avoir accompagnées jusqu'ici, mais je suis sûre que d'importantes affaires d'état requièrent votre attention. Au revoir.
Abasourdi, il salue et s'éloigne un peu sonné de l'autorité dont je viens de faire preuve. Au loin, je le vois pianoter sur son poignet. Je demande à notre escorte d'aller se cacher un peu plus loin et de ne se montrer que si un danger nous menace. Alors qu'elle s'exécute, je fais signe silencieusement à ma soeur de nous approcher. Mais au lieu de sortir celui qui semble être notre professeur de sa rêverie, nous nous asseyons à ses côtés et commençons à l'imiter. Comme nous méditions lorsque nous n'étions pas encore au courant de nos origines, nous entrons assez facilement en transe. Je me concentre sur le bruit de l'eau qui coule doucement dans son lit. Je laisse s'éloigner les soucis, et peu à peu, j'essaye d'entrer en communion avec la nature mais je n'y arrive pas, je sens néanmoins que je frôle l'harmonie. Sagement, je décide de rester sur ce que je réussis et ne tente rien d'autre. Je perds toute notion de temps et lorsque j'ouvre les yeux, l'homme est en train de disposer silencieusement des objets autour de nous. Je peux enfin voir ses yeux d'un vert clair, presque translucide. Je tourne la tête vers ma jumelle, elle me regarde en souriant, encore une preuve du lien qui nous unit, nous avons ouvert les paupières en même temps !
Notre professeur se tourne vers nous et dit :
- J'ai rarement vu des élèves aussi douées, vos Majestés Impériales. Peu de gens parviennent à frôler l'harmonie dès la première fois et à rester une heure en transe.
- Mais ce n'est pas notre première fois, monsieur, nous faisions de la méditation sur Terre, précise ma soeur néanmoins étonnée qu'il sache ce que nous avons réussi à faire.
- Mais pas aussi proche de la nature que là, vous étiez en salle, je me trompe votre Majesté Impériale ?
- Non, vous avez raison monsieur... ?
- Willyh votre Majesté Impériale.
- Et bien, monsieur Willyh, qu'avez-vous à nous apprendre ? demandé je.
- Je conçois que vous soyez impatiente d'apprendre votre Majesté Impériale, mais pour aujourd'hui, nous allons nous contenter d'essayer de faire léviter ces objets.
Il souligne le mot pour bien nous montrer que tout le monde n'y arrive pas de la première fois... Je regarde autour de moi, je suis entourée d'une feuille, d'une plume, d'un stylo, d'une tasse. Pareil pour Cristal.
- Comment doit-on faire ? demande-t-elle.
- Concentrez-vous d'abord sur la feuille. Regardez-la fixement. Ouvrez votre esprit à la magie. Imaginez le papier volant à quelques centimètres au-dessus du sol, faites le geste de soulever quelque chose avec votre main en même temps. Il faut que vous le souhaitiez ardemment. Allez-y.
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Cristal et Rubis
FantasyDeux jumelles. Un inconnu. Bien évidemment, lorsque ce dernier leur annonce qu'elles sont impératrices dans un monde parallèle, Millania, sur la planète Géfain, elles le suivent. Une année heureuse s'ensuit. Bien évidemment, cela ne pouvait durer. U...