Cristal et Rubis

Cristal ? Chanceuse ? : Cristal

Lorsque je pénètre dans la pièce et que la porte se referme derrière moi, les ténèbres m'engloutissent. Seule une petite fenêtre allongée et barricadée de plusieurs barreaux en fer fait parvenir une faible lumière dans la pièce. Si faible que mes yeux peinent à décrypter ce qui m'entoure. Mais je dois dire que pour le moment, cela m'importe peu. Ce qui attire réellement mon attention, ce sont les étranges sons qui résonnent à mes oreilles. Est-ce réel ou seulement une illusion sensée me tromper ? Si c'est le cas, elle est vraiment réussie. Des dizaines et des dizaines de cris d'animaux provenant de toutes parts m'assaillent tels des reproches. Étranglée, je tends mes bras jusqu'à trouver le mur à ma droite et avance, tentant de trouver un interrupteur ou un quelconque indice me prouvant une quelconque chose. Mais alors que je longe lentement la paroi, enveloppée par les hurlements qui me semblent être des hurlements de terreur, mon pied rencontre un obstacle et je tombe à la renverse dans un fracas tonitruant.

- La vache !

Soudain, un cri retentit. Un cri de loup. Fascinant. J'adore les loups.

Face à cette alerte, tout bruit cesse. Je n'ose même plus bouger par peur de rompre le silence.

- Cristal ? C'est bien toi ?

- Heu... ? Qui êtes-vous ?

- Viens par ici, je t'en prie. Approche.

- C'est que... je ne vois rien.

- Tu es à combien de mètres de l'entrée ?

- Juste devant.

- Bien. L'interrupteur n'est plus loin.

Je me relève aussitôt et cherche le bouton, plutôt interloquée. Je me décide quand bien même à faire confiance à mon instinct, qui me dit de suivre la voix. Un bip résonne; j'ai trouvé. La lumière est certes aveuglante, mais le spectacle s'offrant à mes yeux l'est encore plus.

Plusieurs centaines de cages en acier sont empilées les unes sur les autres sur plusieurs lignées. Quelles soient petites, grosses, longues ou hautes, toutes renferment un animal affolé. Antilopes, ségnés, chats, piquegriffes et tigres blancs sont au rendez-vous.

- Viens ! Viens, je suis là, reprend la voix, me faisant sursauter.

- Où ?

- Derrière le rhinocéros !

Je m'avance et scrute les cages unes à unes jusqu'à rencontrer la bonne. Me faufilant entre l'animal et son voisin, je me retrouve en face de la seule bête calme de toute cette cacophonie, que je suppose être la voix. En effet, un sublime loup au pelage gris est assis paisiblement, son regard bleu océan plongé dans le mien. Je le soupçonne même de sourire. Possible ?

- Bonjour, Cristal. Ravi de te revoir.

- Qui es-tu ?

- Brave.

- Hein ?

- Brave. C'est mon nom.

- Ah, ok. Mais ça ne m'aide pas trop. Attends... Belle ?!

- Oui, Cristal. Je suis ton animal gardien. Tu ne t'en souviens pas, mais nous étions très proches à l'époque. J'étais très triste d'être arraché à toi. Mais, comme dis la citation, les amis sont comme les étoiles, on ne les voit pas mais on sait qu'ils sont là.

- Woaw. Enfin. Je t'avoue avoir été un peu jalouse de ma soeur sur ce point.

Je lui souris, il me rend ce sourire en éclatant de rire. Un rire fort, grave, mais tellement doux et beau que j'aimerais m'envelopper dedans.

- Comment je te sors de là ?

- J'ai soif.

Etonnée par sa remarque sans queue ni tête puisqu'il a une gamelle d'eau et de croquettes à ses pieds -c'est horrible mais je pense que Saphir veut les engraisser-, je fais apparaître de l'eau au creux de ma paume et la passe à travers les barreaux. Il boit d'une traite le liquide, sa langue rugueuse me donnant des frissons de satisfaction lorsqu'elle caresse ma peau.

- Merci. Maintenant, casse ce cadenas. On n'a pas de temps à perdre si on veut coincer Saphir.

- D'accord, mais pourquoi t'es là ? Et il est hors de question que je laisse ces animaux ici !- Mon passé n'a aucune importance pour le moment. T'inquiète, on ira les sauver. Mais maintenant, le devoir nous appelle.

Il prononce cette phrase comme le dernier point. Je ferme alors les yeux et saisis le cadenas de mes deux mains puis invoque mon pouvoir. Après quelques secondes de nette concentration, l'objet se retrouve totalement rouillé et je le brise facilement. Mon protecteur sort et d'un signe de tête, m'indique une porte à peine visible.

- Allons-y.

- Allons-y.