Après la pluie, le beau temps : Cristal

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C'est une douleur insoutenable. Mon bras est littéralement broyé. Il subit un craquement sonore, me paralysant. J'ai l'impression que mon membre est arraché du reste de mon corps, et qu'il brûle lentement mais assez pour me faire déguster une atroce souffrance. J'ai l'envie et le besoin de hurler, mais je n'y parviens pas. Que ça cesse ! Personne ne m'entend, je ne suis même pas capable de me demander si je l'ai réellement dis. Tout est flou, je suffoque, comme en plein incendie. Je cherche ma soeur des yeux alors que je m'étouffe. J'ai l'impression de perdre tous mes sens. Le goût, l'odorat, l'ouïe, la vue... sauf le toucher. Je parviens à peine à distinguer une sorte de brancard sous mes doigts engourdis, quand je perds totalement connaissance.

***

C'est une crampe à mon mollet droit qui me réveille. Je sens quelque chose de moelleux sous moi, mais aussi piquant et humide. J'essaie de bouger et la matière en dessous de mon corps bruisse, pareillement à des feuilles qu'on serait en train de froisser. Mes yeux s'ouvrent vivement, tant je suis étonnée. Une centaine de questions se bousculent dans ma tête, essayant, en se doublant les unes et les autres, de parvenir directement à mon cerveau, si bien que tout s'embrouille. Le sol n'est autre que des feuilles mortes, recouvrant une terre fraîche, et l'air froid et embrumé, le souffle pénible et lourd d'une forêt. Je me relève, affolée. Mais où suis-je ?! Je cours, cours à n'en plus pouvoir, mais je ne trouve pas de fin à cette dense étendue d'arbres. Je tombe, me relève, crie, crie encore, mais aucun bruit ne se fait entendre. Je tombe encore, me relève une énième fois, pleure, pleure toutes les larmes de mon corps, je n'ai plus aucune notion du temps, j'ai l'impression d'être là depuis une éternité. Je croule sur un tapis de verdure, et sanglote, encore et encore. C'est comme si le monde entier avait disparu sous mes yeux, la mort m'épargnant, moi. J'ai peur... Vraiment peur... Je suis bel et bien seule... Je le sens, c'est une affirmation sans preuves, qui, pourtant, sans que j'en sache la raison, est vraie. Véritablement vraie. Une main glacée se pose sur mon épaule, je sursaute et hurle. Hurle comme je n'avais jamais hurlé auparavant. C'est un sentiment d'épouvante et à la fois de soulagement. Je me retourne, et reste paralysée d'effroi. Cinq silhouettes noires humanoïdes dont je ne vois nullement les traits se dressent devant moi. Elles s'approchent, je me relève tant bien que mal et alors que l'une d'entre elles est sur le point de m'attraper, tout devient noir.

***

Du blanc. Seulement du blanc. Suis-je morte ? Le temps que mes yeux se réhabituent à la lumière du jour, je qualifie la chose dans laquelle je suis de lit. Un lit tout blanc. Un matelas blanc, un drap blanc, une couette blanche, une taie d'oreiller blanche, et je soupçonne l'oreiller lui-même d'être blanc. Je détache mes yeux de cette couchette d'une couleur laiteuse et observe la pièce qui m'entoure. Mes yeux sont toujours éblouis. J'ai l'impression d'être à la neige, sur une piste de ski, le froid en moins. Je dois attendre que ma vue s'habitue à la luminosité avant de pouvoir différencier les différents meubles de la pièce. Cette dernière est blanche, de forme carrée. Les seuls meubles présents sont simple; mon lit, une armoire, une table de nuit et une étagère en face de moi. La seule touche de couleur qui vient contraster avec le reste de l'endroit, c'est ma chevelure d'un roux flamboyant.

Des pas résonnent forts, ce doivent sûrement être des talons hauts. Ils se rapprochent, et enfin, une jeune femme qui doit avoir 17 ans environ apparaît. Elle avance dans ma direction dans une démarche élancée, ses cheveux ondulés d'un blond pur rebondissant sur ses épaules fines. Elle aussi est habillée en blanc, sauf ses talons qui sont d'un rouge éclatant. Ce doit être une infirmière.

- Bonjour, votre Majesté Impériale. Vous sentez-vous mieux ?

- Bonjour heu...

- Emma, votre Majesté Impériale.

Cristal et RubisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant