Vision visionnée Rubis

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Autour de nous, un couloir. Deux portes. Tout en m'approchant de celle de droite, je réponds à Belle :

- On essaie les deux.- Votre Majesté Impériale, je m'en veux de vous contredire, mais cette porte est réservée à Saphir. Nul ne sait ce qu'elle contient et briser les charmes qui la protègent demanderait trop d'énergie.

Après une pause, elle ajoute :

- C'est mon Maître qui le dit.

- Et l'autre ? Tu sais ? Demande ma gardienne.- C'est un dortoir, Madame. De simples soldats.

Je ne réponds rien, me contentant d'avancer vers le fond, déterminée à faire payer (oui je me répète) Saphir pour ce qu'elle a fait subir à ceux qui partagent son toit volontairement ou non. Mes compagnes sont obligées de trottiner pour me rattraper, tellement je vais vite. Juste avant de franchir le mur, Belle remarque très judicieusement :

- Tu devrais enlever ta burqa et donner une arme à Lisonnette.- En fait, Madame, je me dois de vous informer que mon nom de naissance est Eva. Lisonnette m'a été donné par mon Maître...- C'est affreux ! Très bien, à partir de maintenant, vous vous appelez Eva. Et Belle, même si je crève de chaud là-dessous, je préfère garder le vêtement, c'est plus sûr. Mais tu as raison pour l'autre point.

Je sors un poignard de ma poche et le donne à la servante en lui recommandant de toujours garder l'arme lame en avant. Après quoi, nous rentrons.

J'ai à peine le temps d'entrapercevoir plusieurs rangées de lits que je suis aveuglée par une lumière éclatante. Instinctivement, je ferme les yeux et, quand je les rouvre timidement, la clarté luminescente est remplacée par une douce lumière blanche qui illumine toute la pièce. Alors que je regarde autours de moi, je découvre un espace carré, des colonnes blanches sculptées à la manière des maisons grecques d'autrefois qui forment un couloir qui entoure une cour de taille moyenne. On dirait un cloître de couvent. Au centre, se trouve une fontaine de marbre bleu d'où jaillit de l'eau... bleue. Tout en m'approchant, je lève la tête vers le plafond... inexistant. À la place, un ciel d'orage. À moins que ce ne soit une illusion particulièrement réussie, car la pluie semble ne jamais franchir la limite des murs. M'apercevant que je me suis distraite, je ramène mes yeux vers ma cible. Il s'avère que ce qui semblait être du liquide vital n'est en fait que des joyaux bleus. Au milieu de cette précieuse mare, un coffre de bois. Alors que je m'apprête à le prendre, il s'ouvre tout seul, et apparaissent ce que je sais être des saphirs. Me faisant sursauter, une main manucurée de blanc s'empare de l'un d'entre eux et une voix résonne très clairement dans ma tête :

«Plus tu confrontes les non...»

Ce n'est pas celle de Cristal, j'en mettrais ma main à couper. Un autre membre aux ongles violet, cette fois, prend un autre saphir et la voix continue :

«... plus tu te rapproches des oui.»

Et sur cette phrase énigmatique, la scène s'efface pour laisser place à un dortoir désert et à une Eva et une Belle plutôt inquiètes.

- Rubis ? Ça va ? Que s'est-il passé ?- Ça va, Belle. Je vais bien.- Cela doit être le sceptre, Votre Majesté Impériale. Permettez que je le prenne. Ainsi, vous n'aurez plus de visions. - Mais vous n'en aurez pas, vous ?- Non, mes pouvoirs sont endigués par mes chaînes.

Ce n'est qu'alors qu'elle prononce cette phrase que je me rends compte, qu'en effet, notre alliée est enchaînée. Mais alors que je propose de lui enlever ses liens, elle refuse, prétextant que les esclaves doivent rester attachés dans l'enceinte du palais.

Je ne proteste pas plus, puis, prenant le risque de m'assoir sur un lit, je leur raconte ce que j'ai vu.

- Ce qui m'étonne, c'est que ça m'avait l'air assez complet, alors que l'éléphant n'était pas là... conclue-je.- Et si on réfléchissait au sens de la phrase en nous remettant en route ? suggère Belle en guise de commentaire.

Sitôt dit, sitôt fait. Nous nous pressons vers la sortie que nous apercevons dans le fond.

Cristal et RubisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant