Encore et toujours : Rubis

10 5 0
                                    

Sérieux ? Non, mais vraiment ! Elle était obligée d'être là ! Bah oui, évidemment !

Inutile de décrire l'accoutrement de Saphir, elle est en bleu. De la tête aux pieds. Comme elle semble ne pas vouloir parler la première, Cristal lance, sarcastique :

- On ne t'a jamais dit que le bleu et le bleu ça va pas ensemble ?

La Carotte, d'abord décontenancée réplique, avec un sourire pervers qui n'augure rien de bon :

- Deux points : un; la personne qui parviendra à me dire comment m'habiller n'est pas encore née. Deux; dans pas longtemps, je prendrai votre place. Moi personnellement, si j'étais à votre place, dans vos corps, je me prosternerais pour ne pas trop souffrir quand je prendrai votre place.- Tu peux clarifier un truc dans ma tête, s'il-te plaît ? Tu comptes vaincre tous tes ennemis juste en les embrouillant en leur racontant ce genre d'histoires à dormir debout ? Au moins, tu pourrais parler clairement, t'as dis trois fois le mot place en une phrase, en plus de faire un pléonasme.

Sans répondre, elle me regarde, les yeux fixes. Je crois qu'elle veut se rendre intimidante, mais elle est juste nulle et ridicule et ça ne m'impressionne absolument pas.

«Cristal ?»

Toujours aucune réponse. Ne laissant rien paraître de ma déconfiture, je pose une question qui me trotte dans la tête depuis un petit moment déjà, et à laquelle je suis sûre qu'elle répondra :

- Pourquoi tu t'es enfuie ? Ne me dis pas que c'était pour fuir tes responsabilités, je ne te croirais pas.

Je rêve ou je viens de voir les yeux de notre vieille ennemie se voiler durant une fraction de seconde ?! La tête de ma soeur me confirme que ce n'est pas une illusion. Je sens que le récit qui va suivre sera long. Très long.

- Philippe me battait.

Ah ben non, en fait. Habituée aux «Feu sa Majesté Impériale» et aux «votre père», je mets un petit moment à mettre une tête sur le prénom. Ah oui. C'est vrai. Notre père biologique. Le despote. Cristal la regarde, dégoutée :

- Et tu t'es enfuie ? Le pauvre petit chou n'a pas pu supporter un peu de douleur ? Tsss.

Machinalement, je la contredis :

- Pfff.

S'engage alors une lutte présente entre nous depuis plusieurs années déjà :

- Tsss.- Pfff.- Tsss.

Impatiente, Saphir nous coupe :

- Bon, c'est pas bientôt fini ?

Je me tourne vers elle, moqueuse :

- Excuse-nous, nous étions parties. Ça nous arrive souvent quand on s'ennuie... Surtout ne te vexe pas...

Je lui adresse mon sourire le plus angélique, lui confirmant ainsi que je me moque éperdument d'elle. Mais je crois qu'elle est prête à tout pour l'effacer de mon visage, car la bombe qu'elle lâche juste après y réussit très bien :

- Ah, et j'ai tué maman. Ainsi que papi. Et papa peu de temps après.- Qu... Quoi ?- Mais voyons, Rubis, cela n'est point digne d'une impératrice telle que toi de bégayer ainsi !

En seule réponse, je m'autorise un petit geste enfantin et lui tire la langue. Mais le coeur n'y est pas. Quand tu apprends que tes parents et ton grand-père ont été tués par ta grande soeur, même si tu ne connaissais aucune des personnes citées ci-avant, tu ne peux pas l'avoir.

- Une question me turlupine l'esprit... dis-je, d'un air lointain.- Dis toujours.- Pourquoi, si tu le pouvais, ne pas avoir détruit nos Némases quand tu as compris que jamais on te céderait le trône ?- Oui, renchérit ma soeur, en plus tu nous assurerais une mort lente et douloureuse...

Cristal et RubisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant