Bienvenue chez les vivants : Rubis

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Je bénis le ciel¹ d'être aussi puissante. Je crois que si je ne l'étais pas, je m'écroulerais, évanouie. Cette traversée de la salle du conseil, tête haute, visage impassible, froid, excellent maintien, pas régulier est un véritable calvaire pour une personne qui vient de sortir du coma. Enfin arrivée au bout de cet enfer, je m'assieds, droite comme un spaghetti pas cuit sur mon trône, ma soeur à mes côtés.

Un temps

- Lucas.

Ils obéissent et quelqu'un quelque part fait entrer le convoqué. Intimidé, il salue, s'incline, se prosterne. Soixante secondes passent durant lesquelles un ange fait son chemin au dessus de nous.

- Repos, soldat.

Aussitôt ordonné, aussitôt exécuté.

«C'est bien chien-chien.»

Je rigole intérieurement à l'ironie de ma soeur, puis commande, toujours aussi distante :

- Au rapport.

La langue du soldat se délie immédiatement :

- Leurs Majestés Impériales ordonnent, Leur serviteur réalise. L'armée de Saphir est triée, un quart des effectifs s'est engagé de plein gré tandis que le reste se compose d'esclaves, vos Majestés Impériales.- Bien. Merci.

C'est une invitation à dégager, mais il ne l'a pas comprise. Un autre silence, malaisé cette fois, s'installe. J'indique plus clairement :

- Vous pouvez disposez.

Comprenant sa gaffe, Lucas salue rapidement et se hâte de sortir à reculons, se cognant et trébuchant (je ne sais pas comment) une bonne dizaine de fois au passage.

L'oubliant totalement, je révèle la sentence :

- Envoyez les coupables à Karrak². (Une pause.) À vie.

Sans autre forme de procès³, Cristal prend la suite :

1.Je parle bien du ciel bleu, pas d'un dieu.

2.Prison sur une ïle au large de l'Alaska où sont envoyés les criminels millaniens (oui c'est sur Terre, pour plus de sécurité).

3. Désolée pour ce jeu de mot nul... même pas sûre que vous l'ayez capté.

- Quant aux esclaves de Saphir, nous les libérons tous de leur condition d'asservis. Faites en sorte qu'ils s'intègrent. Nous leur offrons les études et le gîte ainsi qu'une pension de trente mille coclam. Faites le nécessaire.

Court, simple, efficace.

Passant du coq à l'âne, j'annonce :

- Ma soeur vous a raconté ce qui lui est arrivé dans le camp de la traitresse. À mon tour.

Elle a aussi eu le temps de m'assaillir des images de son parcours lors du trajet pour le conseil. Durant le quart d'heure qui suit, je leur narre mon histoire. Sèchement, rapidement.

- Des questions ?

Mon ton indique clairement que je n'en veux pas. Malgré tout, un homme se lève :

- Votre Majesté Impériale, pourquoi avoir pris le temps de sauver l'es... l'affranchie Eva ?

Je le regarde comme je regarderais une véritable crotte et réplique :

- Vous préféreriez que j'abandonne une innocente à son terrible sort ?

Penaud, il baisse aussitôt le regard et répond :

- Non, votre Majesté Impériale.

- À propos d'Eva... ajoute Cristal.

- Donnez-lui une suite au neuvième étage, complété je. L'une de vos meilleures. De plus, vous devez le savoir, une chiffonnade, du nom de Bayaya nous a fortement aidés dans la bataille contre Saphir. Envoyez-la dans une réserve fermée au public. Avertissez-moi de tout ce qui vous semble bizarre en rapport avec elle. Je m'adresse aux Ministres de l'Hôtellerie et des Animaux.

Cristal et RubisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant