Une fin pour qui ? : Cristal

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Une fois en haut, nous contemplons le ballet qui s'étend sous nos yeux. Les soldats -amis ou ennemis- ont l'air de danser, et certains, les plus adroits, virevoltent comme des étoiles, tandis que les monstres à six jambes sous les ordres de Saphir, saccagent tout sur leur passage tels des barbares. Nous méditons le spectacle, ébahis.

Mais soudain, je m'aperçois de l'horreur de la situation. De l'importance de la situation. Tout cela est définitivement bien réel.

Et le sang ! Surtout le sang. Le sang qui coule à gros bouillons des flancs des soldats. Ce sang qui tant de fois garantit ou attaqua nos murailles.

Subitement, je suis envahie par une profonde tristesse. Nous aurions pu éviter tout ça. Nous aurions pu éviter ce carnage. Nous aurions pu éviter la mort. Mais nous ne l'avons pas fait. Et en voilà le résultat. L'anéantissement.

- On peut peut-être faire quelque chose ? Agir ? Éviter de perdre notre temps à regarder une telle horreur ? ironise Brave, me sortant de mes songes.

- Oui, tu as raison. Faudrait trouver un moyen de se faire entendre... On peut pas amplifier notre voix ? Tiens, Saphir, pour une fois que ton primaire pourrait servir à quelque chose.

Nous rigolons.

- Bon, blague à part, coupe ma soeur.

Un bourdonnement sourd retentit, ce qui ne semble pas attirer l'attention des guerriers. Des abeilles. Restant aux aguets, je me blottis dans les plumes de Brave, mais, quand je sens qu'aucun insecte ne vient vers moi, je relève la tête, et reste scotchée. Une nuée d'apidés s'aligne par rangs devant ma soeur. L'une d'elles, la reine, s'avance, une texture gluante entre les pattes. Rubis l'attrape du bout des doigts, dégoutée comme nous tous par cette étrange gelée violacée.

L'insecte recule pour se replacer aux côtés de ses «sujets», et toutes font une pirouette en arrière avant de disparaître dans les profondeurs de la foule sauvage.

Toujours muets, nous regardons ma jumelle croquer à pleine dents dans la substance puis me la passer. J'attrape la chose et, comme elle le paraît, la consistance est clairement collante. Je croque, hésitante, puis l'avale difficilement tellement le goût est âcre et écoeurant.

Alors que je tente d'éloigner cette saveur fétide de ma langue, Rubis entame, de sa voix amplifiée grâce au remède :

- Chers combattants, tout est fini. - Malheureusement pour Saphir, je reprends, nous nous sommes retrouvées au coeur du palais pour un affrontement sans merci.

Ma soeur continue :

- Nous détenons à présent Saphir. Maintenant, c'est là que vous, combattants de son camp, intervenez. Nous nous en sommes aperçues lors de notre petite visite au coeur de votre société, notre soeur avait une affection particulière pour l'esclavage. Nous présumons donc que vous n'êtes pas tous ici de votre plein gré. Nous allons devoir effectuer un tri afin d'éviter de punir des personnes qui n'auraient rien demandé...

- Mais comment savoir à quel camp appartiennent-ils ?

Alors que je viens de poser cette question comme une simple réflexion sans attendre de réponse de la part de notre peuple, un jeune soldat de notre côté attire notre attention :

- Je peux vous aider, vos Majestés Impériales, crie-t-il.

Ma jumelle fait léviter un petit bout de pâte vers lui. Le garçon l'avale tandis que je demande :

- Comment t'appelles-tu ? - Lucas, pour vous servir, votre Majesté Impériale, déclare-t-il de sa voix amplifiée.

- Quel âge as-tu ?

Cristal et RubisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant