Déjà plus d'un an que nous sommes à Millania... Enfin, trois cents soixante jours¹. Un peu moins de douze mois que nous sommes officiellement impératrices. Et demain, c'est notre anniversaire ! Le premier qu'on passera sur Millania. Même si c'est vrai que certains jours, c'est dur, la Terre nous manque, notre maison nous manque, notre ville nous manque, notre famille nous manque. Mais ce n'est rien en comparaison de ce que nous offre notre Empire, sa Capitale, notre Palais... Et pour l'heure, nous profitons du soleil couchant, depuis la «tour de la bouffe» tout en discutant:
- Pourquoi t'es aussi mélancolique, Cristal ? Tu fais une dépression ou quoi ?
- Presque. J'ai juste une énorme nostalgie de Bouboule...
- Notre chat ? Mais il est mort quand on avait quatre ans !
- Je sais que c'est idiot, mais je peux pas m'en empêcher...
- Ça va passer, t'inquiètes pas.
- Au fait, demain, on est quel jour ?
- Ben, c'est notre anniv'.
- Non mais la date.
- Le treize tertier, pourquoi ?
- Et en France ?
Ah ! Le trente et un octo...
Nous nous regardons sans un mot. Nous n'en avons pas besoin pour nous comprendre. Aussitôt, nous nous levons et allons chercher nos secrétaires pour leur demander de faire tout le nécessaire pour mettre en oeuvre notre idée. Mais malheureusement, notre emploi du temps nous rappelle et nous nous voyons dans l'obligation de nous rendre à l'une des nombreuses salles à manger du palais pour un repas avec le ministre du ciel. Mais aussitôt après, nous annulons ce qui suit pour tout organiser.
Nous convoquons notre tailleur et l'org-imp² pour leur exposer notre dessein. Le costumier proteste devant l'am
1.Une année dure 273 jours sur Géfain.
2.Abréviation d'organisatrice impériale.
pleur de la tâche et les délais trop courts, mais Olga, elle, toute à son orgueil, relève le défi. D'autant que c'est elle qui aura le plus de travail. Ignorant les contestations de Grincheux -comme nous avons surnommé le marchant de vêtements- et les congédions tous les deux.
***
Ce matin je me lève tôt. En partie à cause du travail qui m'attend aujourd'hui vu ce que j'ai annulé hier, en partie à cause de l'excitation due à la fête imminente. Mais avant de nous en aller vers la salle du conseil, nous tenons à enfiler nos tenues. Je sais que la coutume dans toutes les familles royales et impériales depuis la nuit des temps, est de ne pas montrer son costume -quelle que soit l'occasion- avant l'heure dite, mais c'est justement à cause de cette tradition que nous souhaitons faire exactement le contraire et les porter durant la journée entière. Lorsque Fabien m'apporte mon accoutrement du jour (en me souhaitant un joyeux anniversaire au passage), je pousse un cri de surprise et l'enfile aussitôt : c'est exactement comme ça que je l'avais imaginée ! Une robe corset à manches longues entièrement noire, ouverte devant sur le bas, ce dernier trainant à un mètre cinquante derrière moi, comme une cape à l'intérieur rouge sang. Des arabesques élégantes brodées au fil d'argent recouvrent mes bras et le haut de mon corps. Un pantalon en similicuir -noir lui aussi- couvre mes jambes. Mes pieds sont installés dans des escarpins noirs et or. Quant à mes cheveux, ils sont teints en noir regroupés en une épaisse queue de cheval haute et bouclée, attachée par la base d'une sorte de diadème renversé noir aux motifs compliqués qui tombe sur mon front. Je me maquille à la manière de la méchante que j'incarne, n'oubliant pas de changer en noir la couleur de mes yeux, et vais chercher ma soeur dans sa chambre. Je la trouve habillée elle aussi : longue cape noire aux détails argentés, écharpe à rayures vertes, baguette en bois de hêtre et chapeau poussiéreux ! Ses cheveux sont passés du roux flamboyant au châtain brillant et elle pose sur moi des pupilles vertes. Elle me salue par une vieille habitude qui ne nous a jamais quittées depuis que nous savons parler :
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Cristal et Rubis
FantasyDeux jumelles. Un inconnu. Bien évidemment, lorsque ce dernier leur annonce qu'elles sont impératrices dans un monde parallèle, Millania, sur la planète Géfain, elles le suivent. Une année heureuse s'ensuit. Bien évidemment, cela ne pouvait durer. U...