L'homme nous traîne dehors. La lumière des gigantesques soleils m'éblouit si fort que j'ai l'impression qu'elle vient de partout, qu'elle est partout, et que je suis seule à baigner dans une eau d'or. C'est comme si une nouvelle vie s'offrait à moi, mais que je n'arrivais pas à la saisir. Alors que je me réhabitue à la clarté du jour, un des hommes qui se tenaient devant la porte s'approche, l'air totalement perdu, contrairement aux autres, puis attrape une chaîne pour tenter de nous relier entre nous. Ça me dégoute, je le trouve presque séduisant. J'ai soudainement l'impression d'être une bête, mais quand un homme, plus imposant cette fois-ci, sans doute le chef, ordonne de me mettre à part, c'est comme si ma vie d'humaine refaisait surface. Un flot de souvenirs remonte à la dérive de mon esprit affaibli. Saphir. Le plan. Les sables mouvants. Le sersible. La ségné. Le piquegriffe. Les yétis. Solène. Le village. Mes amis. Rubis.
La vie, c'est comme jouer à saute moutons, on saute par dessus nos épreuves et on continue.
Cette phrase résonne dans ma tête comme un cri, comme la signification que mes membres bougent, que mon sang coule dans mes veines, que mon coeur bat. Comme la signification que je vis. Je sais pertinemment qu'il faut que j'agisse, et vite. Seulement, mon cerveau vient de se remettre en marche après plusieurs jours d'arrêt, et je dois dire qu'il est plutôt lent à redémarrer. Tandis que je cherche à tout prix une solution à la situation, pendant que mes amis-zombies se font enchaîner, ce qui me paraît une douzaine de milliers de millions de questions se bousculent les unes et les autres dans ma tête, et, quelques fois, je parviens à en piocher une, comme un numéro au loto qui ne serait que le hasard absolu. Pourquoi je suis là, déjà ? Qu'est-ce que je peux faire ? C'est qui, eux ? Y'a pas un truc à manger, quelque part ?
Mais aucune réponse pertinente ne se manifeste.
C'est alors que mon cerveau a un déclic soudain : il faut que je bouge. Peut importe ce que je fais, où je vais, mais je ne peux pas attendre une minute de plus à tenter de remettre un ordre dans mes pensées que je n'ai jamais su trouver.
Alors, je cours. Je cours du mieux que je peux, mais je cours. Pourquoi ? Très bonne question; je n'en ai pas la moindre idée. Je ne contrôle plus rien, ni mes membres, ni mon cerveau. Mon corps n'est plus qu'un automatisme; j'exécute des ordres dont j'ignore la provenance et qui pour moi ne sont que mystère.
Fabien, Emma et Ana vont me prendre pour une traîtresse ?
Fort probable.
On va me rattraper ?
Fort probable.
Je ne vais pas tarder à mourir de fatigue ?
Fort probable.
Alors pourquoi je fais cela ?
J'aimerais bien le savoir.
Je suis partagée entre deux Cristal : la forte et courageuse qui ne vit que pour sa soeur et ses proches et qui risque sa vie pour celle des autres et la faible et déboussolée, qui sait obstinément qu'elle ne va pas survivre et qui flippe, car elle n'a aucun contrôle sur les évènements.
Pendant un instant, j'ai une brève hésitation. Mais je sais que la véritable Cristal est la première, puissante et brave (zéro modestie). J'accélère le pas, les hommes sur mes talons. Une course poursuite démarre, les cris de rage arrachant mes tympans, tels des griffes de monstres carnivores. Je dérape régulièrement, et mes chaussures raclent le sol si fortement que je le ressens dans mes plantes de pieds. À chaque intersection, je tente de les semer, en vain. Il sont une dizaine. Dix contre une, pas très équitable. On dirait une meute de monstres avec leurs yeux exorbités et leurs dents de vampires. J'ai l'impression d'avoir affaire à des loups-garous affamés. Mais alors que je commence à prendre un bon rythme et que mon adrénaline empêche la fatigue de reprendre le dessus, je pénètre dans une impasse. Je suis sans issue, sans compter que les aliénés vont débarquer d'une seconde à l'autre. Faut toujours que je foire tout, c'est pas possible !
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Cristal et Rubis
FantasyDeux jumelles. Un inconnu. Bien évidemment, lorsque ce dernier leur annonce qu'elles sont impératrices dans un monde parallèle, Millania, sur la planète Géfain, elles le suivent. Une année heureuse s'ensuit. Bien évidemment, cela ne pouvait durer. U...