- Parfois, je pense à toi dans les voitures. Le pire, c'est les voyages, c'est d'aventure. Une chanson fait revivre un souvenir. Les questions sans réponse, c'est ça le pire. Est-ce que tu m'entends, est-ce que tu me vois ? Qu'est-ce que tu dirais, toi, si t'étais là ? Est-que ce sont des signes que tu m'envoies ? Qu'est-ce que tu ferais, toi, si t'étais là ?
Aucun répit. Cela fait trois jours que ma carotte de soeur¹ ne me laisse aucun répit. Je souffre, je souffre, je souffre.
Tiens, en parlant du loup... Le légume vient d'arriver. Il balance les hanches d'une manière très provocante. Aïe... Ça sent le brûlé; elle a un sabre à la main -mon sabre. Et ça ne manque pas. Elle congédie le bourreau -un homme frêle dont je n'arrive pas à voir le visage bien qu'il ne soit jamais caché- et lorsque nous nous retrouvons seules, elle s'approche du mur, et elle fait un geste de la main. Juste après, je me sens soulevée de terre et, contre ma volonté, je sors de ma prison et survole les corps de ceux qui ont souffert par sa faute. Elle m'arrête au dessus d'une mante religieuse géante, et elle lui plante ma lame dans le coeur. Au début, sa douleur m'envahit, je ne vois qu'elle, mais après un temps, je me rends compte que ce n'est «que» la peine de mourants, que je peux l'ignorer même si ça me fend le coeur. Malheureusement, dès qu'elle comprend que je suis «indifférente» à cette sorte de torture, elle me repose dans ma cage et referme la cloison tout en gardant la transparence. Quelques secondes plus tard, un grincement qui m'est devenu familier retentit en bas à ma droite et la pince devenue synonyme de nourriture surgit d'un des coins de la paroi.
Cette fois-ci, je suis assez lucide pour me demander pourquoi elle n'est pas venue du même endroit que les deux dernières fois...
- Pourquoi la pince n'est pas au même endroit que les dernières fois ?
- Pour pas que tu t'échappes, répond-elle machinalement avant de se rendre compte de son erreur.
J'essaie de cacher mon sourire satisfait (ce qui n'est pas trop dur étant donné mon état), tandis que mon ennemie plante, enfonce et retourne dans la plaie d'un lézard un fin couteau. Au point où j'en suis, je ressens la plus petite douleur comme comme un coup de poignard dans le dos. La rage d'avoir laissé percer, ne serait-ce qu'une seule petite information, déforme ses traits, mais elle se ressaisit vite. Je comprends alors qu'il va falloir l'occuper pour pouvoir réfléchir «au calme». Et surtout, il faut qu'elle croit que je suis sur le point de céder.
1.Quand on souffre, on devient plus créatif dans les insultes, d'un coup.
Tout en mangeant, je l'interroge donc :
- Pourquoi vous avez arrêté le massacre ?
Agréablement surprise par ce vouvoiement nouveau, elle sourit et, contente, décide de me faire l'aumône d'une réponse :
- Pour que tu ne deviennes pas folle. J'ai horreur des fous. Ça crie, ça dit des trucs sans queue ni tête et ce n'est pas manipulable. Donc je te préfère saine d'esprit.
Je manque me marrer en pensant à mon attitude bizarre sur Terre, à cause de laquelle les gens de mon âge me qualifiaient de folle. Je leur répondais souvent en rigolant, mais ils partaient en me jugeant.
- Vous voudriez faire quoi comme réformes si vous accédiez au pouvoir ? demandé je, sachant que, même si la question est risquée rapport à la formulation, ça risque de la lancer pour un bon bout de temps.
Et ça ne rate pas :
- Je devrais te punir pour ton impertinence, mais je suis d'humeur clémente alors je vais t'épargner. Et je crois même que je vais t'offrir une réponse...
Quelle clémence, en effet, ironisé je dans ma tête.
- Tout d'abord, je rétablirai l'esclavage. C'est l'un des piliers du bon fonctionnement de la communauté. Bon, bien évidemment, je ne prendrai que des gens de mon peuple pour éviter les guerres... Du moins au début. Après, lorsque mon armée sera assez puissante, je conquerrai Siel et Arti et j'en ferai mes colonies. La capture des choses -c'est comme ça que j'appelle mes serfs- se fera d'après les infractions...
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Cristal et Rubis
FantasyDeux jumelles. Un inconnu. Bien évidemment, lorsque ce dernier leur annonce qu'elles sont impératrices dans un monde parallèle, Millania, sur la planète Géfain, elles le suivent. Une année heureuse s'ensuit. Bien évidemment, cela ne pouvait durer. U...