Eau chaude & co : Cristal

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Le désir de vengeance est la seule chose qui s'empare de moi, à présent. C'est comme une bête féroce qui vous mort la chair, qui vous ronge jusqu'aux os. Mais bizarrement, c'est une bête qui vous donne de la force, et non de la faiblesse. Lorsqu'elle s'approprie votre corps, vous vous sentez pendant un instant capable de tout, même des choses les plus épouvantable, et cela, quand bien même vous avez un coeur plus pur que celui d'un ange.

Wow. Je sais pas comment j'ai fais ça, mais j'ai réussi. Tirer une flèche en plein coeur, alors que la cible est en mouvement, je peux m'applaudir. Bon, il a eu de la chance celui-là, il n'a pas souffert. Ok, j'arrête. C'est sadique. J'suis quand même fière, j'ai sauvé Emma. Même si personne ne s'en est rendu compte. Enfin, si, toute la salle est stupéfaite, mais personne ne sait vraiment qui a fait le coup. Cachée dans un mini balcon intérieur en pierre presque invisible dans lequel j'ai grimpé avant de tuer l'agresseur de mon amie, je suis inobservable.

Lorsque l'homme s'est abattu sur le sol, l'infirmière est tombée à son tour, de surprise, par contre. Malheureusement, enchaînée comme elle l'est, elle n'a pas pu courir comme je l'aurais voulu. Elle est toujours là, au sol, médusée, tandis que mes deux autres amis se débattent pour sortir de là.

Et moi, comme une idiote, j'suis là. Y'a des fois où j'ai vraiment l'impression que mon corps est en pause et que seul mon cerveau est en action. Il envoie une tonnes d'ordres, mais aucun d'eux n'est réalisé. J'ai beau me concentrer un maximum, rien ne fonctionne. J'ai l'impression d'être paralysée dans un siège de salle de cinéma, simplement témoin de la scène, et non actrice. Ça doit être le fait que mon être n'arrive pas à bien distinguer l'irréel du réel. Mais surtout dans ce genre de situation, c'est extrêmement dérangeant.

Alors que je suis toujours dans cet état second, dissimulée dans ma cachette en hauteur, j'observe la scène d'un oeil impassible, malgré le fait que je ressente intérieurement une multitude d'émotions à la fois, que je ne saurais d'ailleurs analyser.

Le chef, que je n'ai pas eu vraiment le temps d'observer, se lève de son trône. Certes il est petit, mais le plus étonnant, c'est que son corps est littéralement disproportionné. Son buste et ses jambes ne doivent pas être plus grands que mon torse, mais sa tête, quant à elle, ressemble à un gigantesque ballon de baudruche, prêt à exploser à tout moment. Il fronce ses sourcils épais en arborant une mine si colérique et rouge que ça en devient vraiment cocasse. On dirait un personnage de dessin animé, ceux que les enfants de mon âge regardaient alors que moi, je trouvais ça vraiment débile et préférais regarder des séries trop mûres pour un enfant, mais qui ne me choquaient en aucun cas. J'étais mature à l'époque. Maintenant, je regrette de ne pas avoir regardé les Winx... Pourquoi je pense à ça, sérieux ? C'est toujours le mauvais moment !

Le petit homme se lève mollement. Le silence est si envahissant qu'il en devient bruyant. Un bourdonnement intense rugit dans mon oreille comme un sanglot. Le temps semble s'arrêter. Soudain, comme si c'était le moment, une vision apparait. Un souvenir perdu ? Un simple rêve ?

Je suis dans ma chambre, assise. Assise au le sol, contre la porte, comme pour empêcher quiconque d'entrer, les genoux contre mon torse, mes bras les retenant comme un objet précieux, comme s'ils pouvaient lâcher à tout moment. Ma poitrine exécute des mouvements continuels de haut en bas. Pas parce que je respire, mais parce que je sanglote. Je ne m'aurais jamais cru capable de cela, mais mes pleurs envahissent tout l'espace, transformant ma solitude en un vide total, ma vision en un écran gris, ma tristesse en une douleur. Je ne me souviens pas de ce qui s'est produit avant, mais je sais que ce jour était le pire de ma vie. Parce que j'en ai la certitude. J'ai déjà vécu cela. Je ne m'en souviens pas, probablement parce que mon âme a décidé que j'oublierai ceci, mais à présent, c'est comme si on me forçait à revoir cet instant, comme si on m'avais dépossédée de tout, sauf de la vue, et que je n'avais que le choix de regarder.

Cristal et RubisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant