Inconnu aux aguets : Rubis

12 5 0
                                    

Nous sommes dans le noir. Je cherche un interrupteur à tâtons. Je n'en trouve pas. Je pousse la porte. Elle ne s'ouvre pas. Ne pas paniquer. Trouver une solution.

- Belle, t'es toujours là ?

Une voix provenant de mes mollets me répond :

- Oui, t'inquiètes pas. Méfie-toi, il risque d'y avoir des pièges...- Merci, je ne m'en doutais pas ! répliqué je, sarcastique.- Hé, ça va, je savais pas que tu t'en doutais ! riposte-elle.- C'était ironique. Désolée si je t'ai blessée.- Oh, pardon, j'avais pas compris.- Bref, on fait quoi ?

Elle n'a pas le temps de répondre, que mes «instincts de guerrière» détectent un bruit devant nous. Dans la demi-seconde qui suit, le sifflement d'une flèche retentit à mes oreilles tel une sirène d'alarme. Je saute sur le côté, entraînant ma compagne, lui sauvant la vie par la même occasion. Un parcourt du combattant débute alors. Je m'arrête, j'écoute, j'esquive. Belle me suit du mieux qu'elle peut. Mais très vite, je m'aperçois que si je continue de cette manière, je ne ferai que me fatiguer. Il faut donc que je me rapproche de notre agresseur pour le neutraliser. J'exécute une roulade avant, évitant par la même occasion un projectile mortel. Et de fil en aiguille, de roulade en plongeon, nous arrivons de l'autre côté de la pièce... Et notre adversaire invisible s'est déplacé. Trouvons la sortie. Tout en évitant de me faire blesser, je tâte la paroi dans mon dos, à la recherche d'une échappatoire. Après quelques minutes de danse avec la mort, je trouve enfin une porte... Fermée à clé. Je laisse échapper un juron mental et consulte en aboiements ma chienne gardienne. J'ai déjà, deviné -grâce à la précision de ses traits- que notre ennemi nous voit très clairement malgré le noir. Il ne nous reste qu'à parler dans une langue qu'il ne connait pas. Le canidé est parfait pour ce genre de communication. Au final, nous décidons de nous séparer pour lui donner du fil à retordre. Mon amie doit le distraire pour que je puisse attaquer.

- Bonne chance.- À toi aussi.

Prenant deux directions différentes, nous marchons chacune vers notre objectif. Une flèche siffle, un pas de côté, elle est évitée. J'écoute. Il se déplace. Pour mes sens bien entraînés, il est difficile de rater le bruissement de ses pas. Essayant de faire le moins de bruit possible, je me dirige vers lui, mais à la dernière minute, je le sens se retourner vers moi, abandonnant sa vue sur Belle. Grave erreur. Ma protectrice bondit sur lui et un hurlement retentit dans l'espace. Elle l'a mordu, je présume. J'en profite pour dégainer mon sabre et lancer mon bras en direction du cri. Ma lame s'enfonce dans une chair humaine. Je la retire, mais n'ai pas le temps de réitérer mon coup qu'il se décale sur le côté, encoche et décoche une flèche, nous éloignant de lui. Je l'ai touché, c'est déjà ça de gagné. Maintenant, il faut que je l'atteigne encore. Il n'arrive plus à être silencieux à cause de sa jambe blessée, je l'entends donc de loin. Mais il est intelligent, il compense avec sa rapidité de tir. Je n'ai aucun répit et commence à m'essouffler. Et ne parlons pas de Belle ! Il faut en finir et vite, sinon ce n'est pas transpercée d'un trait que je tomberai, mais de fatigue. Ça serait bête.

Je me précipite en avant, guidée par le boitement de notre adversaire, évitant ses flèches, suivie par ma compagne. Comme il est à présent handicapé, je le rattrape vite. Sauf que, comme une idiote, j'ai compté sur le seul fait qu'au corps à corps, il ne peut pas se servir de son arc. J'ai oublié qu'un carreau seul fait presque autant de dégâts que couplé avec l'arme, et je manque me faire éborgner. Il profite de ma surprise pour me plaquer contre le mur afin de m'enfermer en position de faiblesse. C'est le moment de tester ma théorie. Alors qu'il allait m'enfoncer une flèche dans le corps, je lui envoie une béquille entre les jambes. C'est un homme. Il me lâche aussitôt et s'effondre se tenant l'entrejambe à deux mains. Ne voulant pas l'achever, je me contente de lui planter mon sabre dans ses deux membres inférieurs pour qu'il ne puisse pas se relever. À tâtons, je fouille sa ceinture et ses poches pour trouver des clés ou n'importe quoi qui permette d'ouvrir la porte. Étonnamment, ce sont bien des clés que trouvent mes mains. Je me serais attendue à quelque chose de plus original de la part de la Carotte¹... Je me lève et, les mains tendues devant moi, je cherche la sortie. Alors que je me trouve enfin devant une ouverture, Belle m'appelle depuis l'autre côté de la pièce, me disant qu'elle est devant la sortie. Interloquée, j'essaie le trousseau, mais il s'avère que je suis devant l'entrée. Bon sang... Je retraverse l'espace pour retrouver ma chienne, pourtant devant la serrure, j'hésite, pleine d'appréhension pour ce que je vais trouver de l'autre côté. Une phrase souvenir me revient en tête :

«Là où se trouve un chemin, il se trouve une volonté.»

Et sans m'adresser à quelqu'un ou quelque chose en particulier, je souris tout en glissant la clé dans le trou qui nous rapproche un peu plus de ma soeur.

1. On rappelle que la Carotte, c'est Saphir.

Cristal et RubisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant