La cruauté n'a pas de limites : Rubis

11 5 0
                                    

D'abord éblouie par la lumière après tout ce temps passé dans le noir, je distingue ensuite une pièce ronde, meublée fastueusement. Des canapés, des coussins, des fauteuils, un bureau, une chaise de bureau en or, des tableaux fastueux, coûteux, magnifiques envahissent l'espace. Espace qui m'a tout l'air d'un bureau impérial.

- C'est le bureau de Saphir ? demande Belle en écho à mes pensées.- Je ne sais pas... Pourquoi ne prévoir qu'une seule protection pour un lieu contenant sûrement d'importantes choses ? Elle ne l'a même pas mit au centre de son château, on peut y accéder de l'extérieur en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire !- Elle est peut-être moins intelligente que ce que l'on croyait... - Je ne sais pas. Mais tant qu'à faire, puisqu'on est là, autant fouiller.

Je m'avance vers la table en bois sculpté et commence à farfouiller dans les papiers, regardant dans les tiroirs, partout où je pourrais trouver quelque chose d'intéressant. Finalement, après quelques minutes de recherches infructueuses, je tombe sur une lettre déjà ouverte avec un sceau étrange. Composé d'une cire bleue, son motif consiste en un pied à six orteils attaché à une chaine. Faisant bien attention à ne pas le casser -il pourrait servir de pièce à conviction si procès il devait y avoir- je le détache du papier, le glisse dans l'une de mes poches et ouvre la missive :

«J'ai récemment appris qu'une attaque en provenance des deux traîtresses, Cristal et Rubis Zenaty, allait avoir lieu. Aucune de Mes soeurs-qui-ne-le-sont-que-par-le-sang ne doivent entrer dans Ma résidence. Faites tout pour les séparer. Et si, à tout hasard, elle pénétraient dans Ma Maison, elle ne doivent en aucun cas en atteindre le Coeur. Ne les tuez pas, je les veux en vie. Si, ne serait-ce qu'un seul de ces ordres, n'était pas respecté, faites attention, généraux, la faute pourrait bien vous en incomber. Et Je vous assure que vous auriez tout à y perdre. Certains d'entre vous sont d'anciens esclaves affranchis par Mes soins, mais comme Je donne, Je reprends. Et vous pourriez bien souffrir plus que jamais... Quant aux autres, faites attention à vos femmes, maris et enfants... J'ai entendu quelque part que voir vivre dans la douleur sa famille peut être assez traumatisant...

Saphir Zenaty De Millania,

Impératrice de l'Empire de Millania.»

Écoeurée par l'inventivité en matière de cruauté de cette femme, je reste immobile, la lettre à la main, à méditer sur ce que je viens de lire.

- Belle ?- Oui ?- Tu sais lire ?- C'est l'une de mes passions. Pourquoi ?- Lis ça.

Je lui tiens le papier devant son museau tandis que ses yeux font des allers-retours entre la droite et la gauche. Quand elle a finit, intelligemment, elle remarque :

- Elle ne veut pas qu'on arrive à ce qu'elle appelle le Coeur avec une majuscule. C'est que quelque chose de précieux doit s'y trouver.- Sûrement. Tu sais, un jour, un homme formidable m'a appris quelque chose : Si tu veux savoir ce que vaut un homme, regarde donc comment il traite ses inférieurs, pas ses égaux.¹ - Qui est-ce qui a dit ça ?

- Sirius Black.

- Qui ?

- Personne, je te raconterai quand on en aura vraiment le temps... Pour l'instant, aide moi à fouiller ça.

Et c'est dix minutes après un véhément débat à propos de «Pain au chocolat VS chocolatine» (eh oui, même à Millania les deux clans existent), qu'elle trouve une vidéo dans une tablette trainant sur un fauteuil. Je m'approche pour la visionner et me retrouve secouée dans mon entièreté. Une pauvre jeune fille est étendue sur le sol, nue. Un homme au dessus d'elle, en position de supériorité, la bat avec une violence rare. Inutile de décrire les détails, ils sont déjà bien assez glauques comme ça sans pour autant les rendre encore plus réels par la parole.

- Mon dieu, c'est horrible.- Horrible est un euphémisme.

Je prends la tablette, la glisse dans ma poche et déclare :

- Nous devons quitter cette pièce, ils savent déjà sûrement que nous sommes entrées.- Ok.

C'est seulement alors que je m'aperçois que la pièce est close. Pas une seule entrée -celle par laquelle nous avons pénétré a disparu. Pas une seule sortie. Bon. Ne pas paniquer. Surtout pas. S'ensuit alors une fouille intense de la pièce. Belle abandonne au bout d'un quart d'heure mais, ayant l'habitude des Escapes Games, je persévère jusqu'à trouver mon bonheur dans le pied du fauteuil de bureau. Une clé de bois rose, aux motifs compliqués. Ne reste plus qu'à trouver la serrure et avec elle, la porte. Rien de plus simple. Une pierre du mur est un peu descellée. Je soupire de dédain face au manque d'imagination de celui ou celle à qui appartient le bureau. Tirant sur le renfoncement, un verrou apparaît, je glisse le passe dedans.

1.Pour moi, les personnages de livres ou de films sont aussi des personnes. Pas forcément en chair et en os, mais des personnes tout de même.

Cristal et RubisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant